Campagne céréalière 2014/2015 Le prix du blé pris en otage
Fin avril, le Cic estime la production mondiale de blé à 697 millions de tonnes (Mt) et un volume exportable à 144 Mt pour 2014/2015. Mais les troubles politiques en Ukraine et en Russie ainsi que la conjoncture économique fragile dans d’autres pays émergents pourraient réduire les quantités de céréales disponibles à la vente. Et faire ainsi le jeu des spéculateurs.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Tant que le blé n’est pas récolté, établir des prévisions de prix et de volumes est risqué. Toutefois, les dernières prévisions de récolte pour la campagne 2014/2015 ne sont pas réellement pessimistes. Les fondamentaux restent corrects.
Mais la situation politique et économique dans le bassin de la mer Noire et dans d’autres pays émergents inquiète. Les questions fusent, et sans réponses, elles sèment le doute sur le prix auquel sera payée la tonne de blé aux céréaliers.
Non exhaustif
En Ukraine, les troubles à Odessa vont-ils réduire les capacités d’exportations de blé (envisagées fin avril à 7,6 Mt par le Conseil international des céréales) même si les semis de blé semblent s’être déroulés normalement ?
Et comment réagiraient les marchés si le blé russe était boycotté dans les prochains mois en représailles de l’ingérence de la Fédération de Russie en Ukraine ? Ce sont 15 à 16 Mt à l’exportation qui sont en jeu, selon le Cic.
Pour ne pas être victimes des dévaluations importantes du peso argentin, de la hryvnia ukrainienne ou du rouble russe, les producteurs argentins, russes ou ukrainiens ne vont-ils pas conserver leurs récoltes tant qu’ils n’auront pas besoin de trésorerie ?
Le blé n'est pas le seul otage...
Outre-Atlantique, quels seront les dommages occasionnés par la sécheresse au sud-est des Etats-Unis, au Kansas et au Texas notamment ? La proportion de parcelles en bon état n’a jamais été aussi faible ! Les pertes de rendement pourraient être irréversibles.
Dans un tel contexte, les fonds spéculatifs ne vont-ils pas jouer les trouble-fêtes en se positionnant sur les marchés à termes ?
Enfin, quel sera l’impact d’El Niño dans l’hémisphère sud dans un premier temps (pluies en Amérique du Sud, sécheresse en Australie) puis autour de l’Atlantique et de l’Océan indien.
La liste des questions est longue et la rédaction de Terre-net ne manquera pas d'y apporter des réponses dans les prochaines semaines.
Le marché mondial du blé a déjà intégré une prime de risque de 10 € par tonne au moins, il n’est pas exclu qu’elle soit portée à 30 € … dans un deuxième temps. A la fin du mois dernier, le Cic révisait ses dernières prévisions de production de blé pour 2014/2015 à 697 millions de tonnes (Mt), soit une baisse de 3 Mt par rapport aux annonces du 27 mars 2014. Mais après une excellente campagne 2013/2014 (709 Mt de blé produit), il n’est pas étonnant que ces estimations portent sur des volumes moins importants.
Certes, la consommation de blé sera supérieure à la production. Mais ce fut aussi le cas entre 2011 et 2013 avec même un déficit de campagne de 20 Mt en 2012/2013. Et au final, les marchés ont su y faire face.
Des fondamentaux corrects
Quant au niveau des stocks de report pour 2014/2015 estimé à 26 %, il resterait supérieur de 4 points à celui constaté à la fin des années 2000.
Les exportations mondiales de blé représentent 20 % de la production de la planète. Et parmi les sept grands pays exportateurs, la Russie et l’Ukraine assurent environ 17 % des ventes à elles deux. Ces deux pays pèsent autant que l’Union européenne (pour rappel, la Chine et l’Inde, les deux principaux producteurs mondiaux de blé sont quasiment absents des marchés à l’export). Aussi, leur absence ne pourrait qu’alimenter la spéculation sur les prix.
Les premiers bénéficiaires d’une potentielle hausse seraient évidemment les céréaliers qui auront un accès facile au marché. En revanche, nombreux sont ceux qui ont à redouter une nouvelle inflation des cours : les éleveurs mais aussi les populations démunies dans les pays les plus pauvres de la planète qui n'ont pas un pouvoir d’achat suffisant pour se nourrir correctement.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :