Marchés des céréales : La situation autour de la mer Noire est à surveiller de près, selon Sébastien Poncelet (Agritel)
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Retrouvez également ci-dessous les réponses apportées par Michel Portier, directeur d'Agritel, aux questions d'agriculteurs concernant la situation en Ukraine et son impact sur les marchés des céréales.
afrederic : L’Ukraine semble s’enfoncer dans un conflit. Doit-on s’attendre à de possibles hausses pour la campagne 2014 ? N’est-il pas préférable de conserver une sensibilité à la hausse pour la prochaine récolte et du coup, d’attendre pour commercialiser ?
Michel Portier : Effectivement, la situation en Ukraine est très conflictuelle. Difficile d'en prédire l'évolution. On peut s'attendre à une tension croissante jusqu'aux élections prévues le 25 mai. Sur le marché, l'impact est beaucoup plus psychologique que lié à des fondamentaux de marché. La crise financière impactera néanmoins le potentiel de production de la récolte 2014. Les producteurs ont d'énormes difficultés de financement. A titre d'exemple, la Grivna, la monnaie locale, a dévalué de près de 80 % ces derniers mois. Cela met le pays quasiment en faillite.
Jean-philippe : Pour les prix des engrais, doit-on s’attendre à une forte hausse si la crise sur la zone mer Noire se poursuivait ?Michel Portier : A court terme, les difficultés financières que rencontrent les agriculteurs ukrainiens pèsent sur leur capacité à acheter des engrais. Ainsi les producteurs d'engrais ukrainiens bénéficient d'importantes disponibilités d'urée qui font pression sur les prix. En revanche, à un horizon supérieur à 3 ou 4 mois, les producteurs d'engrais ukrainiens pourraient avoir à régler une facture de gaz plus importante si le fournisseur russe Gazprom met à exécution ses menaces. Des tensions haussières pourraient donc survenir à moyen terme sur les prix des engrais du fait de la crise en Ukraine.
Labaleine : En Ukraine, ils se tapent dessus. Vous qui êtes sur place, quelles conséquences aurait un conflit entre les Russes et les Ukrainiens. Quel impact sur les marchés ? Aux infos, on ne parle que de l’Ukraine, mais que se passe-t-il dans les autres pays qui pourrait influencer les marchés ?
Michel Portier : Très difficile de mesurer l'impact de l'Ukraine sur les marchés. Si une guerre civile venait à éclater, il est certain que le potentiel export du pays en serait affecté, ne serait-ce que par des problèmes de logistique. L'impact serait bien évidemment haussier sur les marchés. Comme dans tout conflit, il est difficile d'en mesurer le degré. Nous ne croyons pas à une extension du conflit à d'autres zones que l'Ukraine. La problématique actuelle est surtout liée à l'assèchement des crédits mettant à mal le financement des intrants. Nous avons d'ores et déjà révisé à la baisse notre estimation de récolte de maïs de plus de 5 Mt par rapport à l'an passé, soit 23,3 Mt estimés par nos consultants sur place contre 28,3 Mt en 2013. Les exportations, de ce fait, passeraient de 20 Mt à un peu moins de 15 Mt.
Blédina : Vous publiez régulièrement un indice de volatilité. Comment se fait-il qu’il ne soit pas plus élevé compte tenu des évènements en Ukraine ?Michel Portier : Cet indice est calculé sur des bases mathématiques (écarts-type par rapport à une moyenne) et l'équilibre des bilans prévisionnels sur l'ensemble des céréales limite de ce fait l'impact d'événements exogènes tels que l'Ukraine. Seul un incident climatique notable permettrait à l'indice de reprendre le chemin à la hausse de manière significative.
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