Economie blé dur La campagne export en ligne de mire
Une récolte 2010 de blé dur dans la normale, des prix qui retrouvent des couleurs et deux millions de tonnes pour lesquelles il va falloir trouver preneur sur le marché export. Telle est la situation de la filière blé dur en cette fin d’année. Mais le taux de change de l’euro et le coût du fret maritime pourraient venir freiner la compétitivité de la filière.
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Avec une récolte dans la normale et des « perspectives de prix meilleures que 2009 », la recherche de rendement et de baisse des coûts restent d’actualité pour les céréaliculteurs d’autant plus que la France devra faire, en 2011, avec un disponible exportable conséquent (lire l'encadré).
Une consommation en hausse
Fort heureusement, depuis 2006, la consommation mondiale de blé dur est en forte augmentation. Par ailleurs, un regard sur la conjoncture des marchés céréaliers mondiaux laisse entendre que certains signaux importants sont au vert : le Canada a un retard de récolte et exprime des incertitudes sur les volumes et la qualité des céréales produites actuellement.
En mer Noire, le gouvernement russe a interdit les exportations jusqu’en juillet 2011, après la vague de chaleur qui a détruit bon nombre de cultures l’été dernier. En Ukraine, des quotas d’exportation minimum ont été instaurés jusqu’en décembre 2010 et de nombreux problèmes politiques font peser des incertitudes sur le potentiel réel d’exportation. La baisse attendue des exportations russes et ukrainiennes va en outre rejaillir sur les semis 2011, les agriculteurs et les opérateurs n’ayant pas forcément la capacité d’investir. En Argentine et en Australie, la production n’est pas complètement assurée. Enfin, en Europe, il faut relever une qualité hétérogène et un taux de blé meunier inférieur à la moyenne.
Deux millions de tonnes de blé dur à exporter La France dispose actuellement pour l’export d’environ deux millions de tonnes (Mt). « C’est beaucoup ! », soulignait Stéphane Jézéquel (Arvalis), en revenant sur la production de blé dur en 2010. La bonne nouvelle est que le Canada, qui fait la pluie et le beau temps sur les cours de blé dur au niveau mondial, a produit moins que d’habitude (3 Mt), tout comme la Cei (2,1 Mt). L’Union européenne et l’Australie ont une production qui se situe dans la moyenne 2007-2009, avec respectivement 8,4 Mt et 0,5 Mt. Seuls le Maghreb, le Mexique et les Usa ont une production 2010 supérieure à la moyenne des trois dernières années, avec respectivement 4,4 Mt, 2,2 Mt et 3 Mt. « Mais les Usa devraient commencer par reconstituer leurs stocks », précisait Stéphane Jézéquel. En France, les surfaces ont atteint 480.000 ha et la production 2,5 Mt en 2010 (+ 17 %). « Avec une consommation moyenne de 800.000 t, des stocks de 300.000 t et une production de 2,5 millions de tonnes, les organismes stockeurs doivnet réussir la campagne export qui s’annonce pour ne pas finir avec des stocks records », résumait l’ingénieur régional Paca d’Arvalis. |
Incertitudes sur le taux de change et le fret
« Pour la France, les deux principaux concurrents sont les Usa et le Canada. Le premier devrait avoir 1,5 million de tonnes à exporter et le second probablement autour de 3,7 millions de tonnes. Ce sont plutôt de bonnes nouvelles pour nous, sauf qu’il faut moduler cela avec deux facteurs importants : le taux de change et le fret maritime », expliquait Stéphane Jézéquel (Arvalis). Cette année encore, il est donc possible que la rentabilité de l'atelier blé dur soit fortement secouée, comme cela a été le cas depuis 2006 (lire ici).
L’euro, affaibli au 1er semestre 2010, s’est renforcé ces derniers mois face au dollar. Enfin, les coûts du fret maritime sont plus bas par rapport à 2007-2008. Ces deux facteurs commencent à pénaliser les capacités d’exportations françaises et viennent freiner la compétitivité des entreprises françaises.
Trois millions de tonnes de blé dur en plus
« Maintenant, si l’on prend un peu de hauteur et que l’on regarde la tendance de la consommation, on devrait avoir besoin de produire environ 40,5 millions de tonnes en 2020, soit trois millions de tonnes de plus qu’actuellement. Si les acteurs ne changent pas, c’est plutôt un élément de soutien des prix. » Reste à savoir si la production suivra, dans un contexte de concurrence inter-cultures (Usa, Canada) ou avec la Pac. En Europe (Italie, France, Espagne), la question est de savoir quel sera l’effet du découplage total : arrêt de production ? Concurrence entre cultures ? Prime blé dur ? Mise en place des Znt ?... « qui pourraient avoir le même effet qu’en Italie : à savoir une baisse des emblavements en blé dur ».
Enfin, le Maghreb, la Turquie, la Syrie et la Cei* font certes des progrès génétiques et améliorent la conduite des cultures. « Mais deux freins peuvent venir tout arrêter : la ressource en eau et la logistique qui peuvent venir stopper net les avancées. »
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