Qui sont les gagnants et les perdants de la Pac 2023-2027 ?
Agreste a rendu public le 22 octobre un bilan de la première année de la programmation 2023-2027 de la Pac. Le service de statistiques du ministère de l’agriculture constate qu’entre 2022 et 2023, les aides sont stables pour 4 agriculteurs sur 10. Qu’en est-il pour les 60 % restants ?
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En 2023, première année de la nouvelle programmation de la Pac, 8,5 milliards d’euros ont été versés au titre des principales aides de la Pac, soit un montant équivalent à celui de 2022. Néanmoins, au sein de cette enveloppe, la répartition des aides a évolué.
Baisse des aides à l’AB, hausse de l’aide de base
Les aides versées au titre du 1er pilier s’élèvent à 6,6 milliards d’euros, celles du second pilier à près de 1,9 milliards d’euros, indique Agreste. Au sein du second pilier, le montant affecté à l’ICHN reste similaire à celui de 2022, avec 1,05 milliard d’euros. L’aide à l’assurance récolte a en revanche augmenté de + 76 %, à 344 M€, avec un nombre de bénéficiaires qui augmente de 28 %.
Le montant versé pour les MAEC reste stable (228 M€), l’aide à la conversion à l’AB est maintenue mais celle au maintien de l’AB disparaît : au total, les aides du 2nd pilier dédiées à l’agriculture biologique ont baissé de 30 M€, à 241 M€ en 2023, souligne le service de statistiques du ministère de l’agriculture.
Au sein du 1er pilier, les aides découplées s’élèvent à 5,6 milliards d’euros, avec une diminution entre le paiement vert (2,0 Md€ en 2022) et l’écorégime qui le remplace en 2023 (1,8 Md€). Le montant de l’aide de base au revenu a progressé, passant de 2,9 milliards d’euros en 2022 à 3,1 milliards d’euros en 2023.
L’aide complémentaire au revenu des jeunes agriculteurs est également plus élevée en 2023 (130 M€, soit près de 50 M€ de plus qu’en 2022).
Le montant de l’aide redistributive est resté stable (670 M€), tout comme les aides couplées (1 milliard d’euros). Au sein de ces aides couplées, les aides animales ont diminué de 5 % et les aides végétales ont progressé de 8 %.
Le critère d’agriculteur actif a entraîné une baisse du nombre de bénéficiaires âgés de 67 ans et plus et donc, au global, une diminution du nombre de bénéficiaires des aides de la Pac (- 31 400 bénéficiaires entre 2022 et 2023).
Effets contrastés de l'écorégime
La transformation du paiement vert en écorégime a modifié le nombre de bénéficiaires (91 % contre 95 % en 2022) et les montants moyens selon les productions, note Agreste.
Ainsi, les bénéficiaires de l’écorégime ont touché en moyenne 6 960 €, « soit pratiquement le même montant en moyenne que les exploitations, plus nombreuses, ayant perçu en 2022 le paiement vert », indique la publication. En revanche, le montant moyen est plus élevé pour les exploitations spécialisées en viticulture (+ 37 %) et en élevage ovin et caprin (+ 26 %), tandis que les exploitations spécialisées en élevage de granivore, en bovin lait, mixte ou polyculture-élevage ont perçu un montant moyen plus faible.
En bovins lait, le montant moyen est passé de 8 775 à 7 952 € (- 9 %) ; en bovins mixtes, de 10 036 à 9 375 € (- 7 %) ; en polyculture-élevage, de 8 834 à 8 470 € (- 4 %). En grandes cultures, à l’inverse, le montant moyen a progressé, passant de 7 661 à 8 031 € (+ 5 %), tout comme en bovins viande, où ce montant évolue de 6 871 à 7 369 € (+ 7 %).
Premier pilier : baisse des aides animales, nouvelles aides végétales
Les aides couplées animales sont en diminution en 2023 par rapport à 2022 (810 M€ contre 853 M€), en raison d’une baisse des aides couplées bovines pour abonder l’enveloppe dédiées aux protéines végétales. Les aides couplées végétales augmentent au global, passant de 160 M€ en 2022 à 189 M€ en 2023, grâce à de nouvelles aides qui augmentent le nombre de bénéficiaires (aide couplée pour les légumes secs, aide au petit maraîchage.
Au global, moins d’aides pour les éleveurs de bovins viande et les céréaliers
Pour les exploitations de moins de 52 ha, les aides du premier pilier sont passées de 5 300 € par exploitation en 2022 à 6 500 € en 2023 (+ 23 %), avec des hausses notables pour le paiement de base (+ 400 €/bénéficiaire) et du paiement redistributif (+ 250 €/bénéficiaire).
Si 40 % des exploitations ont conservé le même montant d’aides entre 2022 et 2023, « les évolutions varient fortement selon les orientations de production », constate Agreste. « Les élevages de bovins viande qui ont bénéficié de la Pac en 2022 et en 2023 ont en moyenne perçu 800 euros d’aides en moins en 2023, du fait de la baisse des aides couplées animales et, dans une moindre mesure, de celle de l’écorégime par rapport au paiement vert. Ces baisses ne sont pas compensées par la hausse d’autres aides », explique le service de statistiques du ministère de l’agriculture.
De même, les exploitations de grandes cultures perdent en moyenne 300 € par rapport à 2022, « en raison du passage du paiement vert à l’écorégime. Cette baisse n’est que partiellement compensée par la hausse des paiements de base, des aides végétales et de l’aide à l’assurance récolte », explique Agreste, qui précise que pour les autres secteurs, le montant des aides est stable ou augmente (+ 200 € pour les élevages porcins, + 1500 € en cultures fruitières, par exemple).
Enfin, concernant les exploitations en bio, le montant est quasiment stable (- 40 € en moyenne), les aides versées au titre de l’écorégime compensant la baisse des aides bio du 2nd pilier. Néanmoins, un quart a vu ses aides baisser avec la Pac 2023, un cinquième a perçu un montant stable, et la moitié des exploitations ont obtenu davantage d’aides.
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