« Nous voulons que chaque jeune qui rêve de se lancer dans l'agriculture voie un véritable chemin à suivre, avec moins d'obstacles et un soutien renforcé », a plaidé le commissaire européen à l'agriculture, Christophe Hansen. Il s'agit pour Bruxelles d'un enjeu de souveraineté alimentaire. Sans renouvellement des générations agricoles, l'UE craint de voir le secteur considérablement fragilisé.
Dans cette nouvelle stratégie, la Commission recommande donc aux États membres d'investir au moins 6 % des fonds de la Pac pour soutenir les jeunes agriculteurs de moins de 40 ans, contre environ 3 % jusqu'ici.
Jusqu'à 300 000 € d'aides à l'investissement
L'exécutif européen énumère également une ribambelle de mesures qu'elle recommande aux États membres de prendre pour les jeunes agriculteurs : des dispositifs financiers – abattements fiscaux, aides à l'investissement pour la reprise d'exploitations pouvant aller jusqu'à 300 000 euros –, pour faciliter l'accès à la formation, etc., qui feront partie du "kit installation" intégré à la future politique agricole commune, donc co-financé par celle-ci.
La Commission européenne travaille en collaboration avec la Banque européenne d'investissement pour étudier les systèmes de garantie et de bonifications d'intérêts. Elle entend créer un observatoire foncier européen afin de suivre l'évolution de la disponibilité des terres et de limiter la spéculation.
Des aides directes mieux ciblées
Bruxelles veut par ailleurs favoriser le passage de témoin entre générations. À partir de 2032, les agriculteurs ayant atteint l'âge de la retraite et percevant une pension ne recevront ainsi plus de paiements européens directs afin d'encourager les exploitants les plus âgés à prendre leur retraite. Pour faire le lien entre les cédants et les repreneurs potentiels, la création d'une plateforme de mentorat est envisagée.
La Commission souhaite aussi généraliser les programmes Erasmus pour permettre aux jeunes de découvrir des exploitations à l'étranger ou d'autres pratiques innovantes, comme l'agrotourisme. Enfin, elle propose de cofinancer le salaire d'agents de remplacement pour mieux concilier vie professionnelle et privée.
Enfin, pour que chaque porteur de projet sache davantage à quoi il a droit, elle exhorte chaque État membre à mettre en place un guichet unique centralisant toutes les informations sur l'accompagnement à l'installation. L'ensemble de cette stratégie vise à doubler la part de jeunes agriculteurs dans l'Union européenne pour qu'elle passe de 12 à 24 %.