La crise du marché du machinisme enraye la hausse des prix du matériel
Le début de l’année confirme la mauvaise passe traversée par les constructeurs. Le tarif à l’achat stagne enfin. Et si les commandes reprennent doucement, une récolte satisfaisante s’annonce cruciale pour relancer les usines.
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Des facturations qui dévissent de 29 % et des immatriculations, pourtant boostées par la nouvelle réglementation sur le freinage, qui chutent de 15,2 % (- 30,5 % sur les tracteurs ou – 53,4 % sur les moissonneuses-batteuses !). Dans la lignée d’une année 2024 très difficile, le machinisme hexagonal tire encore la langue en ces premiers mois de 2025.
« On paye encore le trou d’air des commandes en automne. Les chiffres ne sont pas surprenants mais restent douloureux », décrypte le directeur des affaires économiques d’Axema, David Targy, qui a présenté ce mardi 13 mai le rapport annuel du syndicat des constructeurs.
Des carnets de commandes qui frémissent
Dans ce marasme, une lueur d’espoir vacille : les commandes, qui ont fait cruellement défaut ces trois dernières années (- 11 % en 2022, — 14 % en 2023 et — 13 % en 2024), reprennent doucement depuis décembre 2024, une tendance qui se confirme en avril. Sur le premier trimestre de l’année, elles progressent de 18,4 % par rapport à 2024.
« En termes de volumes, cela reste toujours 20 % inférieur par rapport à une année normale », tempère David Targy. Reste également à savoir quand ces commandes vont se traduire concrètement.
Les usines tournent au ralenti
Pour certains constructeurs, il y a urgence. Pour d’autres, c’est déjà trop tard. Le syndicat recense 15 procédures collectives enclenchées en 2024, à l’image du spécialiste du travail du sol Carré. « Il y a même eu quelques liquidations. Depuis que je suis chez Axema, c’est la première fois que je constate ça », souligne le directeur des affaires économiques.
Les entreprises restent prudentes. La production, en baisse de 16 % en 2024, est au plus bas depuis 2010. « Les usines françaises ont tourné au ralenti. Il a aussi fallu purger les stocks », explique David Targy.
Les exportations à la peine
« Nous sommes un peu dans l’expectative. La reprise est encore très timide. Le contexte géopolitique joue aussi, il crée de l’incertitude. Les niveaux de production sont en baisse depuis deux ans », confie Olivier Le Flohic, directeur commercial France New Holland et vice-président d’Axema.
D’autant que les exportations patinent, en recul de 20 %. « Avant le Covid, il y avait toujours un marché qui compensait. Depuis, ce n’est plus le cas, tous les pays se sont réalignés », avance Jean-Christophe Régnier, trésorier d’Axema et directeur de Lemken France. La France affiche au final une balance commerciale négative de 2 milliards d’euros (dont 1,8 milliard uniquement avec l’Allemagne).
Le matériel 60 % plus cher qu’il y a 20 ans
Conséquence, la flambée des prix se calme. Le prix d’acquisition du matériel agricole par les agriculteurs, net des remises et des reprises, stagne, en légère augmentation de 0,1 % en 2024, après avoir bondi de 7,4 % en 2022 et de 7,3 % en 2023. Cette accalmie devrait se poursuivre avec des prévisions à la hausse de 0,5 % en 2025 et 1,5 % en 2026. « Le prix des matériaux baisse mais reste 50 % plus élevé qu’il y a 5 ans », ajoute Damien Dubrulle, président d’Axema et directeur général de Dubrulle-Downs.
Sur le plus long terme, les chiffres restent éloquents : depuis 2005, la hausse du tarif à l’achat des machines approche les 60 %.
La filière bovins lait investit fort
Après 7 trimestres consécutifs de baisse, le marché, porté par la filière bovins lait (qui représentait 20 % des investissements de matériel en 2023), pourrait enfin retrouver la croissance cet été. Le frémissement des commandes doit absolument être complété par une récolte au minimum satisfaisante.
Axema table au final sur une année 2025 de transition avec un marché en recul de 3 % et une année 2026 de redémarrage en progression de 7 %. « Rien de fou, précise David Targy. Même si on remonte, on reste dans un cycle bas ».
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