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Commercialisation des grains A. Pissier : « Modérer ses sentiments face à ce marché très électrique »

L'année 2022 a été marquée par une très forte volatilité des prix des céréales (©BillionPhotos.com, AdobeStock)

Le président de la Fédération du négoce agricole revient en vidéo sur le bilan de l'année 2022 pour le négoce et livre ses conseils de commercialisation. (Article publié initialement le 24 mars 2023 à 14h02)

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Au terme d’une année marquée par des niveaux élevés de prix et une forte volatilité, quels conseils de commercialisation donner aux agriculteurs ? C’est la question que nous avons posée à Antoine Pissier, président de la Fédération du négoce agricole (FNA).

« Le premier des conseils, c’est surtout de modérer ses sentiments par rapports à ce marché devenu très électrique et qui réagit au quart de tour » explique-t-il, évoquant le bond puis la chute du blé à la Toussaint, quand la Russie a décidé de se retirer de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes.

Il souligne aussi l’importance « de raisonner en termes de résultats, de rentabilité, de performance économique des exploitations », de façon à pouvoir « prendre son prix de vente par rapport à son coût de revient et décider très régulièrement si on arrive à un prix d’objectif cohérent par rapport à son objectif de pilotage de l’exploitation ».

Côté achats aussi, « face à la volatilité très importante, notamment des engrais » de ces derniers mois et « aux difficultés d’approvisionnement qui ont existé en engrais et qui existent aussi en semences ou dans la protection des plantes », il insiste sur deux enjeux : « prendre position sur les marchés par rapport à un prix d’achat ou à un prix de vente », mais aussi « prendre position par rapport à une disponibilité de produits ».

En 2022, « un besoin colossal en trésorerie pour les entreprises de négoce »

Antoine Pissier revient aussi sur l’année 2022, « particulièrement rock’n’roll sur les marchés avec la guerre en Ukraine » après « deux années très difficiles qui ont aussi remis en avant le rôle du négoce dans la chaine alimentaire ».

La volatilité et la hausse généralisée des prix ont généré « un besoin colossal en trésorerie pour les entreprises de négoce », notamment « au niveau des dépôts de garantie déposés quand on va se couvrir sur le marché à terme » et aussi parce que « dans un marché qui monte, on a des appels de marge tous les jours pour compenser ces hausses de matières premières ». Face à cette problématique, le négoce a pu compter sur les banques, via des Prêts garantis pat l’État (PGE).

Autre impact : « quand on achète des produits d’appro, il faut forcément les financer avant de les vendre, et un engrais qui vaut 300 €/t est plus facile à financer un engrais qui en vaut 800 ou 1 000 €/t ! ». Côté céréales, « on stocke toute l’année » et « du blé à 150 ou 200 €/t coûte forcément moins cher à financer que du blé à 250 ou 300 €/t voire plus comme on a connu sur une partie de l’année 2022 ».

Il évoque enfin la problématique réglementaire rencontrée par le secteur en 2022 : « La loi Egalim 2 nous a posé des difficultés d’adaptation », résume-t-il, évoquant des dispositions réglementaires qui « ne prennent pas en compte les spécificités de notre métier, notamment sur le marché des céréales ». Si bien que la FNA a dû « batailler dur avec le gouvernement pour pouvoir ou espérer avoir des assouplissements pour reconnaitre vraiment ce qui est fait et qui fonctionne déjà au niveau de la filière ».

 

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