Login

Meeting à Lamotte-Beuvron FNSEA et JA montrent les muscles face à la crise agricole

A Lamotte-Beuvron, environ 700 agriculteurs de la FNSEA et de JA sont réunis jeudi 1er septembre 2016 pour un meeting syndical. (©Terre-net Média)

Environ 700 agriculteurs de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs étaient réunis en meeting syndical ce jeudi 1er septembre 2016 au centre fédéral équestre de Lamotte-Beuvron, dans le Loir-et-Cher. A quelques kilomètres de Chambord, où se déroule vendredi une réunion des ministres européens de l’agriculture, le syndicalisme majoritaire veut montrer sa force pour « revendiquer, proposer, et trouver des solutions » à la crise agricole.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

A Lamotte-Beuvron, environ 700 agriculteurs de la FNSEA et de JA sont réunis jeudi 1er septembre 2016 pour un meeting syndical. (©Terre-net Média)

« Alors que les ministres mènent la vie de château, nous, on garde les pieds sur terre ! » A Lamotte-Beuvron, les représentants de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs, réunis en meeting syndical jeudi 1er septembre 2016, ont multiplié les critiques acerbes à l’égard de la réunion des ministres européens de l’agriculture, qui se tient vendredi 2 septembre dans le domaine du château de Chambord. Mais dans les manèges du centre équestre fédéral de Lamotte-Beuvron, l’heure est au « syndicalisme complet » : « FNSEA-JA, c’est un syndicalisme de revendications, de propositions et de solutions », a martelé Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA.

Devant environ 700 agriculteurs, tous les leaders FNSEA-JA ont défilé pour rappeler et féliciter la « pugnacité » de ses membres pour « arracher des mesures au prix de hautes luttes ». Mais dans un contexte de crise agricole sans précédent, la résignation pointe parfois le bout de son nez. « Je n’attends plus grand-chose des politiques », lâche ainsi Jérémy Decerle, président de Jeunes agriculteurs.

Et pourtant, un an après la grande mobilisation parisienne du 3 septembre 2015 et l’annonce des mesures d’urgence, les revendications sont encore nombreuses.

« Le gouvernement a-t-il pris la mesure de la situation ? Les ministres européens sauront-ils proposer une autre Pac ? Quelles solutions nous feront les candidats à la présidentielle ? » a questionné Xavier Beulin, clôturant le meeting. Sans attendre les réponses, la FNSEA demande un nouveau plan d’urgence français et européen.

Pour faire face aux besoins de trésorerie, les revendications restent sans nouveautés : exonération totale de la TFNB, prolongation de l’année blanche, prises en charge de la totalité des intérêts des prêts pour les jeunes, ou encore versement anticipé de l’avance de trésorerie des aides Pac 2016 à tous les agriculteurs et option pour l’assiette annuelle des cotisations (n-1) pour 2017.

 Refinancer les exploitations à la carte

Surtout, le couple FNSEA-JA demande des outils pour un « refinancement global des exploitations ». Comme Xavier Beulin l’exprimait au micro de Terre-net.fr dès mardi 30, il s’agirait d’obtenir le concours de la BPI ou de tout financeur public pour servir de garantie ou de réassurance auprès des banques. Car, les deux syndicats le constatent : les banques n’ont pas toutes joué le jeu de l’année blanche auprès de leurs clients.

A lire >> Sortir de la crise #4 - Xavier Beulin : « Il faut des outils de refinancement global des exploitations »

Le « refinancement global personnalisé » proposé recueille l’assentiment des membres du conseil de l’agriculture française, réunissant, aux côtés du syndicalisme majoritaire, l’APCA, la MSA, Groupama, Coop de France et le Crédit agricole. A Lamotte-Beuvron, tous les représentants de ces organisations sont venus exprimer leur soutien. Tous sauf le Crédit agricole, obligeant Xavier Beulin à rassurer les troupes quant à l’engagement de la première banque du secteur agricole à accompagner les producteurs. « Sur cette revendication, nous sommes en phase avec le Crédit agricole. »

A plus long terme, FNSEA et JA maintiennent leur ligne syndicale -  « plus de prix, moins de normes » - accusant au passage Stéphane Le Foll d’avoir « transformé tous les dossiers agricoles en dossiers sociétaux », au sujet notamment des produits phytosanitaires.

Pour pallier l’ampleur des conséquences des aléas climatiques particulièrement nombreux en 2016, FNSEA-JA demande un « accompagnement exceptionnel de l’assurance climatique ». Xavier Beulin voudrait que le seuil de déclenchement de l’assurance de 30 % soit abaissé à 15 ou 20 %.

Et puisque les ministres européens de l’agriculture commencent ce 2 septembre 2016 les échanges sur l’avenir de la Pac, FNSEA-JA rappelle sa ligne plutôt conservatrice : « défendre le budget, construire une Pac capable de faire face à la volatilité des prix, mettre sur pied des outils de gestion des risques efficaces », mais aussi « conserver des aides couplées pour les secteurs fragiles et stratégiques ». Le tout sans apporter plus de précisions. Des revendications encore vagues qui tranchent avec le détail des propositions faites par le think tank Momagri mardi 30 août à la Foire de Châlons.

Quelques jours seulement après l’annonce d’un accord entre Lactalis et ses organisations de producteurs, la question des prix reste aussi une préoccupation. FNSEA-JA veut « inverser la logique de construction du prix », en tenant compte des coûts de production dans les contrats amont et aval. Le sujet a d’ailleurs fait réagir Jean-Pierre Fleury, le président de la FNB, ciblant le groupe Carrefour pour les prix de la viande pratiqués dans les magasins de l’enseigne. « On va s’occuper de Carrefour la semaine prochaine », a-t-il expliqué, laissant entendre des prochaines actions syndicales.

Après un « meeting syndical » à l’ambiance équestre, il reste à défendre la longue liste de revendications – le document du syndicat en compte près de 60. « Dès ce soir, je demande un rendez-vous au Premier ministre, voire au-delà », a expliqué Xavier Beulin à la tribune, illustrant au passage le peu de crédit qu’il porte à l’action du ministre de l’agriculture.


A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement