Incendie de l’usine Lubrizol à Rouen Le ministre annonce des « avances » d’indemnisation « dès la semaine prochaine »
L'incendie, qui s'est déclaré dans l'usine Lubrizol classée Seveso le 26 septembre, a engendré l’instauration d’un périmètre s’étendant sur plus de 200 communes de Seine-Maritime, de l’Oise, de la Somme, de l’Aisne, du Nord et du Pas-de-Calais. Les agriculteurs de cette zone s’inquiètent de plus en plus des conséquences des restrictions mises en place, avec une question essentielle : qui va payer ? Le ministre de l’agriculture annonce que les exploitants victimes seront « indemnisés » pour les pertes, avec « des avances versées dès la semaine prochaine ».
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Cinq jours après l’incendie de l’usine Lubrizol, les agriculteurs, dont l’exploitation se situe sous le long panache de fumée noire qui s’est dégagé, restent inquiets. Le jour même pour les communes concernées de Seine-Maritime et les suivants pour les départements voisins, les préfectures ont pris des arrêtés de restrictions d’activités agricoles au nom du principe de précaution.
« Les productions végétales non récoltées ne doivent pas l’être », détaille la préfecture de Seine-Maritime. Autrement dit, les chantiers d’ensilage sont interdits. « Pour les productions végétales récoltées avant le 26 septembre et susceptibles d’avoir été exposées à la contamination : le lait collecté issu de fermes dont les vaches étaient au pâturage depuis le 26 septembre, les oeufs des élevages de plein air, le miel et les poissons d’élevage sont consignés sous la responsabilité de l’exploitant jusqu’à l’obtention de garanties sanitaires sur les productions, sur la base de contrôles officiels et d’une évaluation du risque sanitaire. »
« Le principe de précaution ne doit être supporté financièrement par les agriculteurs »
En Seine-Maritime, 112 communes sont concernées par un l’arrêté préfectoral. Mais avec un panache de fumée qui s’est étiré vers le nord-est jusque dans les Hauts-de-France, 40 communes de l’Oise, 39 de la Somme, 14 de l'Aisne et 5 du Nord et du Pas-de-Calais sont également visées par des restrictions similaires.
La FNSEA et Jeunes agriculteurs ont réagi, lundi 30 septembre, aux conséquences de l’incident industriel. « Nous demandons à l'État d'apporter le plus rapidement possible des réponses adaptées : les annonces des ministres de l'agriculture et de l'économie concernant l'indemnisation des agriculteurs vont dans le bon sens. Dans un contexte économique et climatique déjà tendu, nous resterons très attentifs à ce qu'aucun agriculteur ne soit lésé. » Avant d’ajouter : « En aucun cas, l'impératif de protection du consommateur et le principe de précaution, si légitimes soient-ils, ne doivent être supportés financièrement par les agriculteurs ! »
« L’État doit aussi prendre en charge immédiatement les conséquences de cet incendie sur les productions et ne pas abandonner les paysans et paysannes », estime aussi la Confédération paysanne.
« Dès la semaine prochaine, des avances seront faites »
Didier Guillaume s’est rendu, lundi 30 septembre, sur une exploitation de Bois-Guillaume, en périphérie de Rouen, une commune touchée par les restrictions d’activités agricoles. Le ministre de l'agriculture a promis « une indemnisation totale aux agriculteurs affectés ».
#Lubrizol « les agriculteurs touchés par cette pollution sont des victimes et vous serez indemnisés comme des victimes; les coupables seront condamnés et l’Etat vous accompagnera !» @Prefet76 @damienadam76 @annevidal_ pic.twitter.com/02ltwC11XY
— Didier GUILLAUME (@dguillaume26) September 30, 2019
Visite d’une des 280 exploitations laitières concernées par la pollution, le Gaec du Chapon de la famille Dutot. « Il faut que les collecteurs continuent à récupérer votre lait en attente des résultats d’analyse ». @Prefet76 #boisguillaume #lubrisol pic.twitter.com/YsFJrmc1lD
— Didier GUILLAUME (@dguillaume26) September 30, 2019
Sur l’antenne de RMC et BFMTV mardi 1 octobre, le ministre de l’agriculture a insisté : « Ce n’est pas aux éleveurs de jeter leur lait. C’est aux entreprises de venir le collecter et le consigner. (…) Les agriculteurs concernés seront indemnisés. Ce sont des victimes. Dès la semaine prochaine, des avances seront faites. »
« + de 500 fermes ont été touchées par l’incendie de #Lubrizol. Les #agriculteurs comptent parmi les victimes de cette pollution et ne peuvent supporter financièrement les pertes générées. Ns demandons une indemnisation pr l’ens des dommages subis » @ChLambert_FNSEA @franceinfo pic.twitter.com/8irb6cgs3G
— La FNSEA (@FNSEA) October 1, 2019
Chantiers d’ensilage suspendus et lait jeté
Sur le terrain, les agriculteurs s’inquiètent des conséquences financières de l’incendie sur leur exploitation. De nombreux éleveurs ont dû jeter leur lait, faute de collecte. Selon Sébastien Windsor, président de la chambre d’agriculture de Seine-Maritime, dans les communes concernées par l’arrêté, il reste 50 % des maïs à ensiler.
Reste que les résultats d’analyses, qui conditionneront la levée des restrictions s’ils s’avèrent satisfaisants, ne seront pas connus avant plusieurs jours. Dans l’Oise, les services vétérinaires, de la protection des populations et de la direction régionale de l'agriculture se sont rendus « dans une quarantaine de communes pour prélever des échantillons de matière végétale ou de produits laitiers qui seront orientés vers un laboratoire ». « Il peut y avoir des métaux lourds, des dioxydes, du plomb donc le principe de précaution s'applique pleinement », a déclaré le préfet de l’Oise à l'issue d'une réunion de deux heures à Beauvais avec des représentants du monde agricole lundi 30 septembre. Les premiers résultats sont attendus dans environ une semaine ».
La liste des communes concernées
112 communes sont concernées par les restrictions dans le département de la Seine-Maritime :
Les 39 communes concernées dans la Somme : Agenville, Ailly-le-Haut-Clocher, Airaines, Autheux, Bellancourt, Bertangles, Boufflers, Bus-les-Artois, Conteville, Courcelles-au-Bois, Domesmont, Domléger-Longvillers, Epecamps, Famechon, Frise, Gueschart, Hervilly, Hescamps, Hiermont, Le Mesge, Louvencourt, Mailly-Maillet, Maison-Ponthieu, Marlers, Meigneux, Montonvillers, Neuilly-le-Dien, Offignies, Oneux, Péronne, Picquigny, Pozières, Saint-Acheul, Saint-Ségrée, Soues, Surcamps, Vauchelles-lès-Domart, Vauchelles-lès-Quesnoy, Vitz-sur-Authie.
Dans l’Oise, 39 communes aussi sont concernées : Abancourt, Blargies, Broquiers, Bouvresse, Campeaux, Canny-sur-Thérain, Escles-Saint-Pierre, Formerie, Fouilloy, Gourchelles, Héricourt-sur-Thérain, Lannoy-Cuillère, Moliens, Monceaux-l’Abbaye, Mureaumont, Omécourt, Quicampoix-Fleuzy, Romescamps, Saint-Arnoult, Villers-Vermont, Beaudéduit, Briot, Brombos, Cempuis, Daméraucourt, Dargies, Elencourt, Feuquières, Grandvilliers, Grez, Halloy, Le Hamel, Hautbos, Offroy, Saint-Maur, Saint-Thibault, Sarnois, Sommereux et Thieuloy-Saint-Antoine.
Dans l’Aisne aussi, la préfecture a soumis 14 communes à des restrictions agricoles : Saint-Quentin, d’Omissy, de Sissy, Thenelles, Le Nouvion-en-Thiérache, Buironfosse, La Capelle, Hirson, Hannapes, Bohain-en-Vermandois, Brancourt-le-Grand, Beaurevoir, Grougis et Vervins.
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