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Exportations de céréales Après une campagne 2021-2022 complexe, Nord Céréales investit pour se développer

Avec des exportations réduites d’un tiers en 2021-2022 par rapport à la campagne précédente, des retards de travaux et un contexte géopolitique impactant, Nord Céréales a vécu la « campagne la plus complexe depuis sa création ». Le 3e silo portuaire français poursuit néanmoins ses investissements pour booster sa diversification. Un nouveau silo, d’une capacité initiale de 30 000 t, sera opérationnel en 2024 pour développer les importations – de pellets de bois notamment – sans impacter l’activité céréalière.

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En plein cœur du port maritime de Dunkerque, le silo portuaire de Nord Céréales va accueillir un nouveau silo à la mi-2024 pour faciliter l'importation de pellets de bois. (©Nord Céréales)

2021-2022 aura été « l’une des campagnes les plus complexes à gérer » pour la Sica Nord Céréales. La récolte 2021 très en deçà des attentes, tant en quantité qu’en qualité, ont logiquement plombé le bilan d’activité du troisième silo portuaire français, derrière Rouen et La Pallice. À fin juin 2022, Nord Céréales a exporté 1,56 million de tonnes de céréales, soit 30 % de moins que la campagne précédente, et 43 % de moins que la campagne 2019-2020. C'est aussi bien loin de l'objectif de 2 Mt exportés que la Sica s'était fixé en début de campagne. Pour la troisième année consécutive, la Chine reste la première destination d’export du silo, avec près d’1,2 Mt exportés.

(©Terre-net Média)

Les absences de personnel dues à l’épidémie de Covid-19, tant au sein de la Sica que chez les dockers du port de Dunkerque, et les retards pris dans les travaux de modernisation du silo historique ont aussi perturbé l’activité. Malgré des efforts constants pour réduire les charges, Nord Céréales a enregistré un résultat net de 502 000 € au 30 juin 2022, bien loin des 1,88 M€ de résultat de l’année précédente. Ceci dit, l’équilibre des comptes n’aurait pu être possible sans les dommages et intérêts perçus au dénouement d’un procès suite à un sinistre sur un portique de déchargement.

La campagne 2022-2023 s’annonce tout autre. D’abord parce que la récolte de blé 2022 dans « l’hinterland » - la zone d’influence du silo portuaire – est, malgré la sécheresse, de bien meilleure qualité et supérieure de 15 % à 20 % à la récolte 2021. « Les séchoirs ne vont pas fonctionner du tout cette année », précise Joël Ratel, le directeur du site. Et la Sica va pouvoir profiter des investissements en cours et des améliorations en réflexion : pour améliorer la réception des grains, Nord Céréales a finalisé la modernisation de son silo âgé de 35 ans. Et pour accueillir au mieux jusqu’à 340 camions par jour en période de pointe, des quotas de livraison proportionnels aux quote-parts de copropriété des différents organismes stockeurs ont été mis en place, ainsi que des outils de communication plus réactifs.

Joël Ratel et Laurent Bué, respectivement directeur et président de Nord Céréales, lors de l'assemblée générale de la Sica le 2 décembre 2022. (©Terre-net Média)

Un silo supplémentaire de 30 000 t pour développer la diversification

Début décembre 2022, « 70 % des blés à exporter étaient déjà partis ». Et ce, malgré l’indisponibilité pour travaux d’un des deux portiques de chargement. Ce dernier sera flambant neuf en janvier 2023. Pour cette campagne d’export, la Chine reste une destination privilégiée, et « des parts de marché ont été prises en Égypte et au Pakistan », précise Joël Ratel.

Depuis plusieurs mois, la physionomie du silo portuaire change. Le bassin intérieur a été en partie remblayé pour accueillir, en 2024, un nouveau silo d’une capacité de 8 cellules de 3 700 t − soit près de 30 000 t au total − équipé de sa propre tour de chargement.

Ce dernier doit permettre de booster l’activité d’importation de la Sica, sans impacter l’export de céréales, tant dans la capacité de stockage que dans la capacité logistique. « Ce nouveau silo, qui pourra évoluer jusqu’à 36 cellules pour un total de 115 000 t, permettra de sécuriser nos activités », assure Laurent Bué. Il s’agit de développer les activités de ses deux filiales créées en 2018 : DKIE pour l’import de maïs, de pellets à destination des industriels et collectivités, d’engrais pour les coops et négoces, et BGDK, pour l’import et l’ensachage de pellets de bois pour les centrales d’achat, une filiale partagée avec le groupe Poujoulat, leader des cheminées et spécialiste du bois énergie.

100 000 t de pellets importés d’ici deux ans

À elles deux, ces deux filiales ont généré plus de 3,2 M€ de chiffre d’affaires, pour un volume importé de 232 000 t. Et malgré les effets de la guerre en Ukraine sur le secteur du bois, Nord Céréales espère développer fortement l’import de granulés de bois, à la faveur d’un contexte énergétique plus favorable au bois énergie. « Après le début du conflit, nous avons arrêté les importations de pellets depuis la Russie, le principal pays d’approvisionnement », explique Damien Mathon, secrétaire général du groupe Poujoulat. Avec BGDK, Nord Céréales et le groupe Poujoulat projettent ainsi d’importer « 35 000 à 40 000 t de pellets sur la campagne 2022-2023, 60 000 t l’an prochain, et 100 000 t sous deux ans ».

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