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« Silo 9 », nouvel outil stratégique de Nord Céréales sur le port de Dunkerque

Le nouvel outil de Nord Céréales est dimensionné pour pouvoir traiter, à terme, jusque 105 000 tonnes de céréales.

Nord Céréales vient d’inaugurer un nouveau silo sur le port maritime de Dunkerque. D’une capacité de 30 000 t, il renforce la capacité de stockage et le potentiel logistique de la Sica, tout en accompagnant sa stratégie de diversification face à des marchés internationaux incertains.

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On en parlait depuis quelques années, il est opérationnel depuis avril : la Sica Nord Céréales, société d’intérêt collectif agricole détenue par les coopératives, négociants et exportateurs des Hauts-de-France, dispose d’un nouveau silo sur son terminal céréalier du port de Dunkerque.

Fruit d’un investissement de 22,5 millions d’euros, ce « silo 9 » compte huit cellules offrant en tout 30 000 tonnes de capacité de stockage et portant à 330 000 tonnes la capacité totale du site de Nord Céréales. Sa tour de chargement pourrait traiter à terme jusqu’à 105 000 tonnes.

Cette tour est pour l’heure « un peu surdimensionnée par rapport aux cellules actuelles : dès que nous pourrons réinvestir, nous ajouterons de nouvelles cellules pour atteindre ces 105 000 tonnes », précise Joël Ratel, directeur de Nord Céréales.

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Implantée au plus près de la voie d’eau, « ce qui optimise le transport de matières premières pour la rendre moins énergivore », l’infrastructure intègre plusieurs innovations techniques, notamment en termes d’automatisation des chargements, de captation des poussières et de nettoyage des grains.

Autre atout : la possibilité de charger des conteneurs, dont certains pays d’Afrique de l’Ouest s’annoncent de plus en plus demandeurs. « Dans les cinq ans, nous voudrions atteindre 100 000 tonnes de blé et d’orge » expédiés en conteneurs depuis Dunkerque, anticipe Joël Ratel.

Vendredi 26 septembre, lors d’une journée dédiée à l’inauguration officielle du silo et aux quarante ans de la Sica, il a souligné : « Ce bâtiment n'est pas simplement une prouesse technique, il est le symbole d'une vision et d'un investissement dans l'avenir ».

De fait, ce nouvel outil vise à sécuriser les activités de Nord Céréales : stimuler ses importations sans impacter ses exportations, aussi bien en termes de capacité de stockage que de capacité logistique.

Stratégie de diversification

Depuis 2018, la structure s’est engagée dans une stratégie de diversification afin de ne plus dépendre exclusivement de l’export. Un virage « mis en place pour combler les années difficiles », précise Laurent Bué, président de la Sica, et dont le déclencheur a été « la récolte catastrophique de 2016 ».

Via ses filiales, la société fait désormais transiter via Dunkerque environ 200 000 tonnes de maïs importé, principalement destinées à l’entreprise Roquette. À ces flux devraient à l’avenir s’ajouter d’autres produits pour l’alimentation animale : « On a fait un test avec un bateau de tourteau de soja en 2024, le but est d’en faire d’autres, de même pour le tourteau de tournesol », évoque Laurent Bué.

Autre diversification : les granulés de bois. Grâce à sa filiale BGDK, détenue avec le groupe Poujoulat, Nord Céréales importe en moyenne 55 000 tonnes de pellets par an, distribués auprès de la grande distribution et de revendeurs spécialisés. Face à une demande en plein essor, l’objectif est d’atteindre rapidement 70 000 à 100 000 tonnes par an.

Si les importations montent en puissance, la Sica n’entend pas délaisser le grand export. En moyenne, 2 Mt de céréales (blé et orge) quittent chaque année le terminal dunkerquois, surtout en direction de l’Afrique du Nord et de l’Asie.

« Notre mission, c’est de valoriser les productions locales à l’international, a déclaré Laurent Bué lors de l’inauguration. Ce que nous célébrons aujourd’hui, ce n’est pas seulement une infrastructure, c’est un outil stratégique au service de notre souveraineté alimentaire et de notre responsabilité internationale. Le grand export reste notre raison d’être. »

La perte du marché algérien « est très dommageable »

Mais la conjoncture géopolitique complique la donne. L’Algérie, qui représentait historiquement autour de 5 Mt d’importations pour la France, n’achète plus de blé français depuis deux campagnes en raison de tensions diplomatiques.

« On a fait un bateau au début de la campagne 2024/25 » vers l’Algérie, reprend Joël Ratel, puis plus rien. « Le fait de perdre ce marché fait beaucoup de mal à la filière, regrette-t-il. Il représentait 300 000 t pour Nord Céréales, c’est très dommageable ».

Même constat du côté de la Chine : « Les Chinois ne sont pas à l’achat de blé pour le moment, et l’hémisphère Sud va arriver avec de bonnes récoltes, observe Laurent Bué. Ce sont les prix qui feront les achats, et il est trop tôt pour dire si la France exportera vers la Chine ».

Malgré ces difficultés, il se veut confiant sur la campagne d’exportations 2025/26 : « On est taillés pour faire de gros bateaux, grâce au bassin en eaux profondes. On en a récemment fait un vers l’Égypte et un vers la Thaïlande. On a une récolte normale, je pense que les volumes sortiront à un moment donné, avec en début d’année 2026 une sortie plus importante ».

Mais, interroge-t-il, « est-ce que ce sera à un prix raisonnable ? ». De fait, les prix ne suivent pas, l’agriculteur ne sait plus où il va et n’est pas nécessairement vendeur quand il faut vendre », explique Joël Ratel, soulignant la forte rétention des producteurs qui attendent des prix plus rémunérateurs.

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