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Face aux réponses politiques insuffisantes, la FNSEA s’impatiente

Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a interpelé la ministre de l'agriculture sur les nombreuses attentes du monde agricole, le 27 mars à Grenoble.

Le congrès de la FNSEA, qui s’est achevé le 27 mars, a donné l’occasion à son président d’interpeller la ministre de l’agriculture sur les attentes toujours fortes du monde agricole, et de rappeler l’urgence de mettre en œuvre les mesures promises à des agriculteurs d’autant plus inquiets que le contexte politique et géopolitique joue contre eux.

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Pour la FNSEA, l’année écoulée s’est révélée particulièrement diffile sur plusieurs points. Les aléas climatiques ont notamment renforcé les difficultés agricoles et, du côté syndical, les derniers mois se sont conclus par une campagne électorale éprouvante, sur fond de manifestations, avec une percée inédite de la Coordination rurale aux élections des chambres d'agriculture.

Si le duo FNSEA-JA conserve la majorité et 84 chambres sur 102, le syndicat historique ne minimise pas une « poussée du vote contestataire », qui traduit « une situation économique délicate pour des collègues qui ne savent pas comment ils vont finir l’année, un climat dur, des délais de réponses effroyablement longs des pouvoirs publics à la colère », a résumé Arnaud Rousseau lors de la séance de clôture du congrès de son syndicat, le 27 mars, à Grenoble.

« Nous entendons les alertes qui nous sont adressées », ajoute le président de la FNSEA qui « tire les conséquences » de ce recul. La première action en ce sens, actée par le congrès, sera d’accélérer le plan de transformation du syndicat « pour être en phase avec les besoins et les attentes des agriculteurs », explique Arnaud Rousseau qui souhaite qu'il soit plus lisible, plus efficace dans la défense de tous et de toutes les filières, et plus combattif face aux défis, notamment le renouvellement des générations.

Un « changement de logiciel » politique demandé

Néanmoins, la FNSEA pointe également la responsabilité des pouvoirs publics face aux difficultés rencontrées par l’agriculture, dans un contexte rendu d’autant plus incertain par des tensions géopolitiques ravivées.

« Nous perdons notre potentiel de production, il sera bientôt trop tard, c’est maintenant qu’il faut engager le changement », insiste Arnaud Rousseau devant la ministre de l’agriculture à qui il a adressé toute une liste d’injonctions : agir sur la capacité d’investissement des exploitations agricoles « en respectant les engagements budgétaires », simplifier l’accès aux moyens de production, reprendre la main sur une administration « qui défie l’autorité des ministres »...

Parmi les principaux sujets de mécontentement figure notamment la proposition de loi Duplomb-Menonville, dont la date d’examen devant l’Assemblée nationale n’est toujours pas connue, malgré des annonces au salon de l’agriculture. Si Annie Genevard met en avant « l’encombrement législatif », le président de la FNSEA voit dans ces multiples reports un signe que « des gens n’en veulent pas ». « Oui, la date est un sujet », explique-t-il, rappelant que la LOA, qui va entrer en vigueur prochainement, avait été promise il y a déjà trois ans. « Nous perdons du temps alors que nous sommes face à une urgence climatique, sanitaire et économique », insiste-t-il. Pour lui, un « changement de logiciel » est nécessaire, au niveau français comme au niveau européen.

Annie Genevard « de bonne volonté »

De son côté, la ministre a défendu les résultats obtenus depuis son arrivée en septembre dernier : allègements de charge malgré un contexte budgétaire difficile, plan d’urgence sur la viticulture, soutien aux trésoreries avec les prêts bonifiés et les prêts de consolidation...

Un bilan complété par quelques annonces, comme l’assurance que l’abattement fiscal de 75 % applicable à la transmission du foncier sous bail à long terme s’appliquera immédiatement. Interpellée sur les épizooties, Annie Genevard a également précisé que la perte des veaux morts nés sera indemnisée. De même, « l’État examinera favorablement les demandes que lui soumettra le FMSE » concernant les pertes indirectes. Et des commandes de vaccins sont d’ores et déjà prévues pour cette année, concernant la FCO8 et la FCO1, indique-t-elle.

La ministre est également revenue sur les avancées permises par la LOA, qui « n’a pas été détricotée » par le Conseil constitutionnel. « Plus de 40 articles ont été validés, avec des avancées majeures que vous attendiez », affirme-t-elle devant les congressistes. C’est le cas de la reconnaissance de l'agriculture comme « d'intérêt général majeur », qui devrait peser dans les contentieux juridiques, du principe de « pas d’interdiction sans solution », de la dépénalisation des atteintes involontaires à l’environnement, de la simplification du régime des haies... Et les mesures censurées ne l’ont été que pour « de purs motifs de forme », ce qui n'implique pas leur abandon, précise Annie Genevard.

Pour autant, la ministre reste consciente que « beaucoup reste à faire », alors que les tensions géopolitiques imposent, plus que jamais, à la France d’assurer sa souveraineté alimentaire. « Il faut produire plus », rappelle-t-elle, pour importer moins, alors que l’excédent des échanges agroalimentaires français a atteint en 2024 son plus bas niveau depuis 40 ans.

Si Arnaud Rousseau ne met pas en doute la « bonne volonté » de la ministre, il n’attend pas de « réponse de tribune », mais bien des actes concrets dans les prochaines semaines, et de rapidement « voir les lignes bouger » sur les sujets stratégiques. « Ce gouvernement sera-t-il capable de dire, pour notre agriculture, changeons radicalement de perspective et remettons notre outil de production en route ? », demande-t-il, alors que cette bascule a été réalisée sur le nucléaire, ou encore l’armement. La FNSEA attend toujours que le président de la République exprime clairement, comme il l'avait promis il y a un an, sa vision pour le secteur agricole, enterrant au passage le discours – daté – de Rungis.  

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