Semaine du foncier agricole Jeunes Agriculteurs a voulu, en 2024, #balancer les friches !
Du 18 au 24 mars dernier, c’était la désormais traditionnelle semaine du foncier de Jeunes Agriculteurs sur les réseaux sociaux. Cette année, le syndicat a essayé de sensibiliser au problème des friches agricoles, qui limitent la disponibilité des terres pour l’installation et l’agriculture en général.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Tous les ans depuis plusieurs années, Jeunes Agriculteursorganise la semaine du foncier sur les réseaux sociaux, afin de sensibiliser le grand public à ce sujet crucial pour les producteurs, et notamment le renouvellement des générations en agriculture. À chaque fois, il alerte sur un risque spécifique comme la perte de souveraineté alimentaire, l’artificialisation des terres, la concurrence de l’agrivoltaïsme…
Responsables d’une « déprise agricole »
En 2024, le syndicat a choisi de « mettre en avant les friches, qui limitent le foncier agricole, par bien des aspects ». Sous le #balancetafriche. Car s’ensuit une vraie « déprise agricole », parce que « ces surfaces ne sont plus productives, avec un retour à la nature », insiste-t-il. Elle pénalise l’installation en agriculture et la garantie d’une alimentation, de qualité, en quantité, pour l’ensemble de la population. Et exacerbe la concurrence sur les terres disponibles, tout en faisant grimper le prix du foncier agricole.
Jeunes Agriculteurs commence par définir le phénomène : il s’agit de surfaces agricoles exploitées, en cultures ou prairies, puis abandonnées. Puis explique comment il se forme et évolue au cours du temps (en grandes herbes, buissons, arbres et forêts qui ne permettent plus son entretien). Avant de préciser en quoi il diffère de la jachère, « surface utilisée en agriculture mais laissée en repos quelque temps dans le cadre de pratiques agricoles ou environnementales, et qui sont donc entretenues ».
« 2 fois moins de surfaces artificialisées »
Ses diverses causes sont également évoquées :
- une transmission difficile
Résultat : la ou des parcelles en question n’ont pas été reprises.
- le passage en zone constructible
Un propriétaire privé ou une collectivité peut alors préférer ne pas mettre à bail.
- un enfrichement sauvage
Le but : favoriser les usages de chasse ou loisirs.
Le problème des friches « s’intensifie, malheureusement », déplore Maxime Buizard de JA Centre-Val de Loire. « Dans notre région, on estime perdre deux fois plus de surfaces via la déprise que par l’artificialisation », appuie-t-il. Pour éviter des conséquences néfastes sur l’environnement, Jeunes Agriculteurs appelle les propriétaires et collectivités à entretenir ces terrains. « Des plantes invasives et des animaux nuisibles, potentiellement dangereux, pourraient envahir ces espaces », prévient Pierre Meyer de JA Grand Est. Sans oublier le risque incendies.
Quels recours ?
Des procédures existent pour réduire les friches, soit redonner une valeur agricole aux terres incultes. Elles « datent des années 60 », précise Maxime Buizard. Sont concernés les terrains inutilisés ou sous-exploités pendant au moins trois ans (deux ans dans les zones de montagne).
Ainsi, selon le code rural, toute personne ou société, et donc les agriculteurs, peuvent solliciter l’État, c’est-à-dire le préfet, pour l’exploitation de parcelles qu’ils pensent être en friche. « Cette demande est transmise à la CDAF (commission de définition et d’aménagement du foncier), qui détermine si les terres sont effectivement sous-exploitées et si elles peuvent être mises en valeur », indique Jérémy Lieutier de JA Paca. Le préfet peut ensuite obliger les propriétaires ou l’exploitant à les cultiver et, s’ils ne le font pas, accorder cette autorisation à quiconque la demande. » « Un particulier ou une collectivité peut aussi contacter le maire de sa commune pour qu’il « ordonne la remise en état de la friche au frais du propriétaire ».
Des démarches trop complexes, il faut simplifier !
Par ailleurs, en cas de boisement spontané, le Conseil départemental peut intervenir auprès du propriétaire pour l’obliger à s’en occuper. Des conditions sont toutefois requises : « les arbres doivent porter atteinte aux routes, parcelles agricoles mitoyennes et autres édifices », mentionne Julien Rougier membre du bureau national de Jeunes Agriculteurs. Le délai pour répondre et se conformer à l’injonction des pouvoirs publics locaux est de six mois, « sans quoi ils peuvent agir directement sur la parcelle ». Autant de démarches que le syndicat juge « trop complexes ». C’est pourquoi il appelle à « une simplification ».
Sensibilisation sur le terrain, à vocation caritative
Cette semaine du foncier a aussi été l’occasion de promouvoir plusieurs actions menées au sein du réseau syndical, en accord avec les collectivités locales, première cible de cette campagne de sensibilisation. En 2023, dans le Calvados, des friches des cantons de Tilly et de Falaise ont été emblavées avec du maïs. Les travaux (préparation du sol, semis, récolte, etc. ) ont été réalisés par les adhérents JA, grâce à des partenariats avec des organismes ou entreprises agricoles pour les semences et autres intrants. Sur le territoire falaisien, les bénéfices des ventes de la céréale ont été reversés, soit 2 000 € respectivement, au Secours Populaire et à l’association Les Petits Oursons, qui finance l’achat de jouets et mobilier pour les enfants de l’hôpital de la ville.
Les JA de l’Oise ont, eux aussi, semé, du blé cette fois, qui sera moissonné l’été prochain. Les fonds récoltés seront distribués à Réagir 60, organisation de soutien aux exploitants en difficulté. « Cette remise en culture montre, aux citoyens mais aussi aux collectivités, l’importance de l’agriculture dans le développement et l’économie des territoires », conclut Jeunes Agriculteurs.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :