« Les jeunes talents de l'agriculture » Édouard : « Diversifier cultures et débouchés pour pérenniser la ferme »
Dès son installation, Édouard est face à un défi de taille : rendre l'exploitation familiale rentable. Diversification et valorisation des cultures, augmentation des surfaces : il mise sur tous ces leviers pour y parvenir. Un bon choix ? Vous le saurez en lisant ce 25e de la série, qui présente les spécificités des parcours et projets des jeunes agriculteurs ayant inspiré le livre de Christophe Dequidt et son épouse Sylvie : "Le tour de France des jeunes talents de l’agriculture".
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Son diplôme de l'Ihedrea en poche, Édouard revient en Camargue s'installer sur la ferme familiale de 40 ha (35 ha de blé dur et tournesol, 5 ha d'asperge) que son frère n'a pas souhaité reprendre. Son père étant décédé depuis plusieurs années, le travail y est fait à façon et par un salarié à mi-temps. Le jeune homme doit tout de suite relever un énorme défi : pérenniser une structure pas assez rentable pour une famille avec quatre enfants et où les charges salariales sont élevées. D'autant que l'ensemble du foncier est en location auprès du GFA (groupement foncier agricole) familial constitué au moment de l'installation. « J'ai réfléchi autour de trois axes : remplacer les cultures de l'exploitation par d'autres dégageant davantage de chiffre d'affaires, trouver un mode de commercialisation rémunérateur et non spéculatif, et augmenter la surface. » Édouard choisit d'abord le premier et s'oriente vers une production emblématique de la région, le riz. Une décision qui exige un investissement important, en temps comme financier.
« Il a fallu niveler toutes les terres ! Cela m'a pris cinq ans car une crue du Rhône a envahi les parcelles et j'ai dû tout recommencer », se souvient-il. Puis, le jeune agriculteur doit chercher des débouchés, notamment parce que les cours varient beaucoup depuis le découplage des aides Pac pour cette culture, qui a d'ailleurs fait fortement baisser le nombre de riziculteurs camarguais (ils ne sont plus que 150 sur 15 000 ha). Il se tourne donc vers « des niches au revenu stable et performant » : le riz naturellement parfumé dont le cours, fixe, vaut le double des variétés classiques, le riz risotto, un peu moins productif mais qui se valorise très bien, et le riz Arelate, local et dont la commercialisation l'est tout autant. Les mois passent mais la charge de travail ne diminue pas, Édouard devant surveiller quotidiennement le niveau d'eau dans les rizières pendant la moitié de l'année. En plus, il se lance dans l'expérimentation et la multiplication de semences de colza, sorgho, pois chiche et tournesol.
Une diversification certes intéressante financièrement mais qui nécessite de se former en permanence. Parallèlement, il agrandit la surface de l'exploitation, qui passe progressivement à 125 ha (1/3 de riz, 1/3 de semences, 1/3 de blé dur), presque d'un seul tenant, « une chance pour l'organisation » des chantiers. Il mise sur la contractualisation pour limiter les risques (100 % en semences, 80 % pour le riz et 50 % pour le blé dur). En 2015, il a également planté 3 ha de vigne qui donneront bientôt leurs premiers raisins. Vendus au départ à une entreprise du coin, le jeune producteur espère à terme les vinifier en "vin de sable", une spécialité régionale. Et pour occuper encore plus ses journées bien chargées, il a ouvert un gîte et s'implique dans sa coopérative. « J'étais frustré de confier mes céréales sans savoir ce qu'elles devenaient », explique celui qui prend plaisir à « être le porte-parole, le référent et le défenseur » des autres adhérents. Nouvelles cultures, débouchés rémunérateurs, hausse des surfaces : Édouard, qui hésitait entre ses trois voies pour rentabiliser sa ferme, a joué sur tous les tableaux !
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