Pour s’installer et progresser Les coopératives, « une sécurité commerciale, technique, financière »
La semaine de la coopération agricole, début juin, était axée sur l’attractivité des métiers de l’agriculture : l’occasion de rappeler ce que peuvent apporter ces structures aux agriculteurs, au moment de l’installation et après : appui technique et à la commercialisation, soutien financier notamment pour les jeunes installés, partage d’expérience et aide au développement des exploitations.
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Du 3 au 11 juin 2023, soit neuf jours en tout, s’est déroulée la Semaine de la coopération agricole, avec une trentaine de rendez-vous dans toute la France – notamment des portes ouvertes à destination du grand public – pour promouvoir « le rôle essentiel des 2 100 coopératives agricoles françaises dans les territoires et la chaîne alimentaire, de la production à la transformation et la commercialisation ».
Cette année, les jeunes et l’attractivité des métiers dans le secteur agricole ont fait l’objet d’une mise en avant particulière, suite logique de la participation de La Coopération agricole à la grande concertation nationale « À la rencontre des jeunes : pour une nouvelle France alimentaire ». De janvier à mars, l’organisation a effectué un tour de France pour échanger avec eux. Et le 5 juin, un point d’étape du dispositif a eu lieu au CESE. 800 jeunes ont participé activement aux six débats sur la santé et le changement climatique, deux de leurs préoccupations majeures on le sait, ainsi que sur les prix, le partage de la valeur, la concurrence des importations. Leur « questionnement », leur « ouverture » d’esprit et leur envie de faire évoluer les choses ont impressionné l’auditoire.
Plusieurs métiers possibles au sein du réseau – conseiller technique, responsable maintenance, etc. – ont été présentés sur les réseaux sociaux et sur l’application Wilbi, partenaire de l’événement. Une appli qui montre le quotidien de différents professionnels afin de créer des vocations et de faciliter le choix d’orientation. Des jeux-concours ont été aussi organisés sur Twitter et Instagram.
Son objectif est que tout fonctionne pour économiser le plus d'énergie ! Patrick Dos Reis est chargé de maintenance de la sucrerie @Cristal_Union de Pithiviers. Découvrez son portrait dans #1001MetiersdAvenir, aujourd'hui à 14h00, sur @LCPhttps://t.co/I44c5teu1gpic.twitter.com/CAJsWJ3SrE
— La Coopération Agricole (@lacoopagricole) June 2, 2023
🗓 [3 au 11 juin 2023] A l’occasion de la Semaine de la Coopération Agricole, @Coopceresia vous fait découvrir ses métiers !
— Cérèsia (@Coopceresia) June 5, 2023
🤩 Chez @Coopceresia, c’est plus de 120 #métiers différents !
😎 Aujourd’hui, découvrez le métier de Sophie, assistante administrative chez @Coopceresia ! pic.twitter.com/hamgVXQ3aK
Les prix Coop & Com CBNews remis le 7 juin et récompensant les meilleures actions de communication des coopératives, contribuent également à mettre en avant leurs valeurs et la diversité de leurs missions. Un bon moyen de faire connaître ces structures auprès des jeunes, qu’ils envisagent de devenir agriculteurs ou non, pour que les uns aient envie d’être coopérateurs et les autres d’exercer l’une des nombreuses professions qu’elles proposent. Rappelons qu’elles emploient près de 200 000 salariés.
Remise des #PrixCoopCom. L'occasion de valoriser la diversité des actions de com pour promouvoir le modèle coop et travailler l'attractivité de nos métiers. Bravo à l'ensemble des Nominés et Lauréats ��
— Emilie (@Emi_Ghr) June 7, 2023
Et notamment @NatUp_groupe pour le prix relation adhérents !#SemaineLCA2023pic.twitter.com/IfsmpeQ5ZL
L’intérêt d’être #JeunesEnCoop
Dans le cadre de cette semaine spéciale « attractivité de l’agriculture », voici plusieurs portraits de producteurs coopérateurs, installés récemment, de la série #JeunesEnCoop réalisée par La Coopération agricole et diffusée depuis un an sur sa chaîne Youtube.
Un moyen de mettre en avant les avantages des coopératives pour les jeunes agriculteurs :
- Se faire accompagner pour la commercialisation de ses productions
« L’accompagnement de ma coopérative, pour la commercialisation des animaux et la sélection génétique en amont, est essentiel. Cela permet de coller le plus possible aux marchés, à la demande des acheteurs, et d’obtenir une meilleure valorisation », pointe Jean Sorhouet, qui élève depuis 2008 une soixantaine de vaches allaitantes dans les Pyrénées-Atlantiques. De même que Louis Poumier, 23 ans, installé en 2019 en Gaec avec son père (155 mères limousines sur 155 ha + sélection de broutards pour vente de reproducteurs). « On n’a pas besoin de se poser la question "à qui on va vendre" », fait-il remarquer. Pour Jessica Tessier, en Vendée, « la coopérative est le prolongement de nos exploitations et notre outil commun ». « Comme elle gère la commercialisation, nous pouvons nous concentrer sur la production, pour qu’elle soit de la meilleure qualité possible, et devenir des spécialistes ».
- Bénéficier d’un appui technique
Ainsi, Baptiste Lejards, 36 ans, installé depuis 2019 sur la ferme familiale en Eure-et-Loir, sait qu’il peut « compter » sur sa coopérative, maintenant qu’il est « seul à la tête de l’exploitation ». Il appelle régulièrement son conseiller pour « confirmer une décision ou simplement échanger ». « L’esprit coop, c’est la relation avec son technicien, grâce à laquelle on peut avancer sereinement », complètent Bastien Larroque et Jérémy Lauda, installés ensemble depuis 2018 dans les Pyrénées-Atlantiques en élevage allaitant (20 mères Blondes d’Aquitaine sur 45 ha).
- Avoir un coup de pouce financier
Pour Baptiste, il s’est matérialisé, entre autres, par la gratuité du stockage en livraison silo pendant quatre ans et la majoration des prix des grains de 2 €/t. « Un soutien appréciable », reconnaît-il. Kévin Bossard, jeune éleveur laitier en Vendée depuis novembre 2016, a également été aidé financièrement par sa coopérative : pendant deux ans, le prix du lait a été majoré. Angélique Naud, en société avec père depuis 2016, a enchaîné plusieurs années de pertes en raison de gelée et du mildiou. Alors sa coop a créé une cagnotte, lui a versé des avances financières et l’a accompagnée pour les démarches auprès des banques. « Je suis rassurée de la savoir là en cas de difficulté », reconnaît-elle.
- Profiter de la force du collectif : ne pas rester isolé, échanger, mutualiser, progresser, développer son exploitation
« Ne pas se sentir isoler est essentiel », insiste Baptiste. « On sait qu’on a du monde derrière nous pour nous soutenir en cas de coup dur, appuie Kévin. Les techniciens sont facilement joignables par téléphone pour un conseil. » Et en cas de problème, ils se déplacent. « L’esprit coop, c’est aussi tirer les adhérents vers le haut pour faire progresser l’agriculture », ajoute Baptiste. « Je peux m’informer sur les nouvelles pratiques pour m’adapter au contexte, et ainsi regarder vers le futur », poursuit le jeune homme, engagé dans une démarche bas carbone. Sa coop a aussi participé aux changements que Dorian Sagot, installé avec son père dans le Loiret, voulait mettre en œuvre sur son exploitation. « Je voulais remettre le sol au cœur du système, mieux prendre en compte l’environnement et le changement climatique. La coopérative m’a aidé dans le choix des couverts, des variétés, des cultures associés en relay cropping, la fertilisation raisonnée, etc. Jean évoque le partage d’expérience entre les adhérents, qui « ouvre à d’autres productions et visions de l’agriculture ». Les conseillers, eux aussi, amènent « un œil extérieur sur la ferme, le troupeau » et « je peux ainsi m’améliorer techniquement ». Bastien et Jérémy partagent ce point de vue : « Le monde agricole évolue, il faut évoluer avec lui, et la coop nous fait découvrir des pratiques d’autres exploitations de la région ou d’ailleurs ».
« Mon oncle avec qui je suis installée en Gaec et mon père ont toujours été coopérateurs, alors j’ai voulu continuer avec ce partenaire de confiance, proche des agriculteurs », indique Marie-Jeanne, 29 ans, productrice de lait (65 Montbéliardes) en Moselle. La coopérative les a en effet « accompagnés pour faire évoluer les ateliers » : arrêt de l’engraissement, en lien avec les surfaces fourragères, et pour « se concentrer sur le lait ». Jérémy Drapeau, 27 ans, installé en Vendée avec parents et son frère (polyculture-élevage ovin, volaille, lapin) évoque, lui aussi, l’accompagnement pour développer sa production : réalisation des plans des bâtiments et des équipements intérieurs, achat des animaux, sélection génétique et choix des reproducteurs. Ainsi que la « relation de confiance avec les techniciens qui parfois suivent les adhérents dès l’installation et connaissent très bien les exploitations ». « On a vraiment affaire à des personnes compétentes mais à la fin, c’est moi qui tranche », fait-il remarquer.
Cécile Blanpied, en EARL avec son frère dans la Meuse, vante « l’esprit collectif et le dynamisme qu’il impulse » : « travailler en commun de l’amont à l’aval, des techniques de production jusqu’à la commercialisation en passant par les services aux adhérents, et en menant des essais dans les fermes », résume-t-elle. La jeune agricultrice a pu, par exemple, diminuer ses traitements phytosanitaires de 50 % en 10 ans. Jessica rebondit : « La force du collectif est de pouvoir mutualiser ». « La coop est une grande famille où on n’est pas toujours d’accord et où on s’engueule parfois. Mais, au final, on se retrouve toujours et on est très heureux de travailler ensemble », détaille la jeune productrice. Elle rappelle que les coopératives ont intérêt à « favoriser l’installation de jeunes agriculteurs pour garder un nombre d’associés-coopérateurs nécessaire à son fonctionnement ».
« Être coopérateur est un début mais il faut aussi être acteur de sa coopérative, s’investir dans des commissions, notamment celle réservée aux jeunes », estime Angélique. La coopérative permet d’échanger sur son quotidien de jeune installé, ses réussites et les difficultés rencontrées, et de se donner des conseils mutuellement, complète-t-elle.
Et Bastien Julien, 25 ans, de résumer en insistant sur le côté « sécurisant » des coopératives, avec « moins d’investissement grâce à la mutualisation, débouchés assurés, entraide, partage de savoir-faire ». D’ailleurs, il « envisage de s’y investir ».
En savoir plus sur l’installation de ces jeunes
Titulaire d’un BTSA, Baptiste a travaillé une année aux États-Unis, puis 12 ans chez des semenciers. C’est pourquoi il « porte une attention particulière aux choix variétaux », d’autant que « c’est un levier pour limiter les intrants ».
Après être « parti un peu à l’extérieur voir autre chose », Kévin s’est installé sur la ferme où il avait été apprenti. « Le courant passait bien » et la structure, disposant de plusieurs ateliers – 800 000 l de lait, 50 vaches allaitantes avec engraissement des mâles, 430 porcs à l’engrais, 5 ha de pommes de terre –, pouvait accueillir un associé. Kévin s’occupe plus de la production laitière. Ce qui le « motive chaque matin » : « retrouver ses vaches et un quotidien qui change tous les jours. » Et malgré les imprévus, qui peuvent parfois « poser problème », le métier d’éleveur est enrichissant car « on apprend justement à faire face aux aléas et à prendre les devants pour les éviter ». Il met en avant les avantages de s’installer en société : « en plus de se libérer du temps, chacun est dédié à un ou plusieurs ateliers. » Et les investissements sont plus faciles car les banques sont moins frileuses que pour un agri tout seul. Il est, en outre, plus simple de » faire évoluer l’exploitation à deux ».
Marie-Jeanne a attendu que son père parte en retraite pour le remplacer sur la ferme dans la famille depuis quatre générations. « Économiquement, la structure était trop petite pour faire vivre trois personnes », explique-t-elle. Après sa licence en élevage laitier et avant de prendre sa suite, elle a travaillé cinq ans au contrôle laitier. Au contact des éleveurs, elle a « enrichi ses connaissances, acquis de l’expérience et une certaine ouverture d’esprit ». « On ne produit pas pareil partout, même à moins de 100 km ! », lance-t-elle.
Leur vision du métier
Kévin : « Technologique, avec des évolutions favorables aux éleveurs comme aux animaux, souple, dans lequel on se sent bien ».
Jean : « Un engagement, pour un travail bien fait en prenant en compte la santé du consommateur, et le bonheur de voir les animaux en pleine forme, dehors en train de pâturer. »
Marie-Jeanne : « Connecté et ouvert sur les consommateurs, auxquels il faut donner image réelle et positive. »
Bastien et Jérémy : « Passionnant, on apprend tous les jours et pour rien au monde, nous changerions. »
Louis : « La passion des animaux et de la génétique. Travailler avec des bêtes qu’on peut caresser. » Il connaît par cœur toutes ses bêtes et leur ascendance !
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