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57e Congrès JA Qui sera agriculteur demain ? Jeunes Agriculteurs débat des "grands principes"

Qu'est ce qu'un agriculteur actif ? Les congressistes JA ont débattu de cette question mercredi 5 juin.

Ne pas installer « n'importe qui », éviter la mainmise des investisseurs... Des centaines de membres du syndicat Jeunes Agriculteurs ont débattu plusieurs heures mercredi de la définition même d'un chef d'exploitation agricole, le statut permettant de prétendre aux subventions publiques.

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Peut-on devenir agriculteur sans diplôme spécialisé ? Avoir dépassé l'âge de départ à la retraite et recevoir encore les aides de la politique agricole commune (Pac), ou encore toucher des subventions alors qu'on tire la majeure partie de ses revenus d'activités annexes ? Ces questions agitent le palais des congrès du Futuroscope (Vienne), théâtre jusqu'à jeudi du 57e congrès national du syndicat Jeunes agriculteurs (JA).

Les débats sur le rapport d'orientation, donc les « grands principes », de l'organisation n'ont pas lieu à huis clos, contrairement à ce qui est pratiqué par le syndicat allié FNSEA.

Axé prioritairement sur les enjeux liés à l'installation et à la transmission, JA (né en 1957 sous le sigle CNJA) défend l'urgence de favoriser la relève dans un monde agricole vieillissant et de plus et plus dépeuplé.

Toutefois, « ce n'est pas parce qu'on doit installer des gens qu'on doit installer tout ce qu'on a sous la main », souligne le président sortant, Arnaud Gaillot.

Sur la scène, il est entouré d'une quinzaine de membres de l'équipe nationale, quasiment que des hommes. A sa droite, le secrétaire général Pierrick Horel, éleveur bio des Alpes-de-Haute-Provence de 33 ans, est le seul candidat déclaré à sa succession. L'élection aura lieu jeudi matin.

Définition de l'agriculteur actif

Les discussions s'éternisent autour de la définition de l'« agriculteur actif », une question loin d'être uniquement sémantique dans la mesure où elle conditionne le versement des aides, convoitées aussi par des investisseurs éloignés du monde agricole.

Pour être reconnu comme tel, un chef d'exploitation doit « participer aux travaux » de la ferme, à un « acte de production agricole », souligne l'un des rapporteurs, Maxime Buizard, céréalier dans le Loiret.

Dans la salle, les adhérents ne veulent pas voir les aides de la Pac profiter à une personne détenant « trois ânes » ni être accaparées par des investisseurs ne mettant jamais un pied sur la ferme.

L'idée de permettre à des chefs de culture salariés d'accéder au statut d'agriculteur actif est vite remisée. « Le sujet n'est pas mûr », observe le bureau du syndicat.

JA se veut « exigeant » en matière de qualification des futurs chefs d'exploitation pour qu'ils soient mieux armés, notamment face au changement climatique.

« Avec un bac agricole, tu n'as pas le bagage pour être chef d'entreprise, tu n'as pas le recul nécessaire pour gérer une exploitation. (...) Ce qui était suffisant il y a 30 ans ne l'est plus aujourd'hui », soutient Maxime Buizard.

« Il faut se donner le temps et la maturité pour s'installer. (...) Le but n'est pas forcément d'installer n'importe qui, n'importe comment », ajoute Pierre Meyer, producteur de grandes cultures du Haut-Rhin, également rapporteur.

T-shirts « On lâche rien! » ou « Les Normands débarquent » sur le dos, des représentants de régions se succèdent au micro pour défendre leurs amendements, rehausser les exigences sur le niveau de formation ou à l'inverse les abaisser pour ne pas décourager les bonnes volontés. Un compromis est trouvé, proche de la proposition initiale. Certains s'éclipsent vers la tireuse à bière.

En fin de journée, un sujet fait moins de remous en interne : limiter le cumul de « casquettes » chez les responsables syndicaux. « Avoir plusieurs organismes sous sa tutelle dessert souvent la cause », explique Pierre Meyer, plaidant pour que les organisations « qui nous entourent » fassent preuve de la même « exigence ».

Cela impliquerait qu'un élu syndical - président départemental, régional ou national - ne puisse pas présider en même temps une chambre d'agriculture, une caisse de crédit agricole ou une grande structure économique.

JA se garde de citer l'exemple du patron de la FNSEA Arnaud Rousseau, aussi président non exécutif du géant des huiles Avril.

Sur une liste commune aux élections professionnelles, FNSEA et JA manifestent ensemble et négocient en duo avec l'exécutif.

JA, dont les élus doivent avoir moins de 38 ans, refuse l'étiquette de branche jeunesse de la FNSEA, même si l'organisation joue souvent le rôle d'antichambre de formation des responsables de « la grande maison ».

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