Témoignages d'agriculteurs 40, 50 ou 60 cm : ils ont opté pour un écartement réduit en maïs
Installés dans le Loiret, les Hautes-Pyrénées et les Landes, Alexis Drouin, Jérôme Sainte-Marie et Laurent Duclavé ont fait le choix de l'écartement réduit pour les semis de maïs. Ils nous font part de leurs retours d'expériences.
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« Pas d’impact sur le rendement du maïs semé à 50 cm, mais moins de salissement »
Agriculteur double-actif à Girolles (Loiret), Alexis Drouin cultive 200 ha, dont 60 de maïs grain, ainsi que du blé, de l’orge, du colza, de la betterave sucrière et des plantes aromatiques. Il témoigne : « en 2023, un groupe de huit agriculteurs de la Cuma de Girolles a investi 90 000 € dans un semoir monograine Horsch Maestro large de 6 m dans le but de réaliser des semis avec un écartement des rangs de 50 cm. Nous l’employons en duo avec un strip-till Focus devant (100 000 €). C’est un outil polyvalent que nous prévoyons d’utiliser sur 350 à 400 ha de maïs, sorgho, mais aussi pour les betteraves et le colza. Il peut également convenir aux céréales grâce à une rampe de semis spécifique. Étant donné les coûts, l’investissement en Cuma est très utile ».
« En maïs, il n’y a pas eu d’impact sur le rendement cette année, note l'agriculteur. En revanche, j’ai constaté une meilleure couverture du sol et moins de salissement. J’ai utilisé un seul herbicide pour cette première année, mais c’est un peu juste. Je ferai à nouveau deux passages en 2024. Peut-être qu’avec la réduction du salissement sur plusieurs années, un seul herbicide sera possible parfois. Pour ma récolte et celle de deux voisins, j’ai investi 75 000 € dans une barre de 10 becs cueilleurs à écartement 50 cm. »
« Cette année, j’ai également semé mon colza en monograine avec un écartement de 50 cm. Grâce à la précision de la profondeur de semis et au rappui de la graine au top, les levées sont nettement meilleures, c’est clair. Un agriculteur voisin semant beaucoup de colza va nous rejoindre dans le groupe de la Cuma : les semis 2023 l’ont convaincu. Pour la betterave, je suis pour le moment engagé sur un autre semoir, mais à terme, l’écartement en 50 cm représentera un gain de temps, car auparavant, je devais changer l’empattement des roues entre les semis de maïs et ceux de betteraves. »
« J’ai réduit la pression des adventices et l’IFT herbicide avec un écartement à 40 cm »
Installé à Lubert-Saint-Luc (Hautes-Pyrénées), Jérôme Sainte-Marie a d'abord mis en place le semis direct pour les céréales à paille, le soja et les couverts végétaux. « Je me suis rendu compte que le sol se couvrait rapidement et que j’avais peu de problèmes d’adventices. En maïs, j’avais plus de difficultés à garder les parcelles propres », indique l'agriculteur. En 2016, il décide donc de « resserrer les rangs dans l’objectif de refermer plus rapidement le sillon ».
« J’utilise un semoir monograine Solà avec un écartement de 40 cm entre les rangs et de 25 cm entre les plantes sur le rang. Je suis passé d’une densité de 85 000 grains à 100 000 grains par hectare, en adaptant le choix variétal à cette densité. J’ai ainsi réduit la pression des adventices et l’IFT herbicide. L’implantation se fait en direct dans un couvert vivant de féverole et phacélie. L’objectif est que le maïs se développe le plus rapidement possible pour couvrir le sol et empêcher le développement des adventices, en particulier le datura. La récolte se fait avec des cueilleurs à maïs standard, mais deux rangs à la fois, ce qui implique de réduire la vitesse d’avancement. Du point de vue économique, le coût de mise en œuvre a augmenté, mais les charges de mécanisation ont baissé et ma marge nette a progressé. »
« Un seul semoir et une bineuse réglée à 60 cm pour mes maïs conventionnel et bio »
Dans les Landes, Laurent Duclavé gère deux exploitations : l’une conventionnelle avec des bovins sur 220 ha dont 120 ha de prairies, l’autre en bio sur 80 ha. Sur ces deux structures, il produit du maïs semence. L'écartement de 60 cm lui a été imposé pour le maïs semence conventionnel produit pour Bayer, car « les variétés y sont adaptées ». « J’ai investi il y a trois ans dans un outil Väderstad électrique à écartement modulable et je cultive tout mon maïs avec le même écartement de 60 cm, explique le producteur. La récolte est faite par une ETA équipée de becs cueilleurs à 60 cm. »
« Outre ma volonté d’optimiser mon matériel de semis, l’écartement à 60 cm concurrence davantage les adventices et limite le salissement. De plus, l’augmentation de densité permise par la réduction d’écartement améliore les rendements. En bio, excepté le sarrasin, toutes mes cultures sont semées à 60 cm (maïs, tournesol, soja, colza) afin de conserver le même réglage pour ma bineuse. En maïs, je fais quatre à cinq passages à la herse étrille ou la houe rotative avant le stade 5 feuilles ; puis trois à quatre binages jusqu’au stade 8-10 feuilles. Avec un écartement à 40 cm, le binage est possible, mais il faudrait arrêter à 6-7 feuilles. De plus, la limite du désherbage mécanique se situe davantage sur le rang que dans l’inter-rangs, or on augmente le nombre de rangs avec un écartement à 40 cm. »
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