Sondage et paroles de lecteurs Crise agricole : que pensez-vous des mesures de Gabriel Attal ?
Les annonces du Premier ministre face à la mobilisation des agriculteurs, pendant 15 jours dans toute la France, vont-elles changer quelque chose ou rien du tout ? Votre avis, selon un sondage réalisé sur Terre-net et les réactions des lecteurs dans plusieurs articles publiés ces derniers jours.
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Selon un sondage sur Terre-net (1 392 votants), vous êtes 70 % à penser que les mesures annoncées par le gouvernement pour mettre fin à la colère des agriculteurs ne vont « rien changer », à part quasiment égale entre ceux qui sont persuadés que les manifestants « n’auront rien de plus » (36 %) et ceux qui « auraient préféré poursuivre les blocages » (34 %). Un peu moins, 27 %, estiment que les annonces « répondent aux attentes » tout en « attendant de voir » ce qui sera fait réellement. Seuls 3 % les jugent « à la hauteur » des revendications.
Et les lecteurs de Terre-net ? À en croire leurs commentaires depuis jeudi dernier, c’est bonnet blanc (mais pas jaune) et blanc bonnet.
« Les agris n’ont quasiment rien obtenu »
Levequeph considère que « les agris n’ont quasiment rien obtenu». « Rien de salvateur et plusieurs syndicats agricoles appellent à retourner dans nos fermes ? Comment peuvent-ils se satisfaire de ces mesurettes ?? », s’étonne Gibero. Autrement dit par Maxens : « Zéro changement après ces 15 jours » inédits de manifestations d’agriculteurs partout en France. Faut arrêter de fantasmer sur ces promesses : il n’y a rien de concret ; pour tout, c’est plus tard, à rediscuter, on verra les détails… »
On rentre au bercail les poches vides !
Bouboule partage son opinion : « Tout ça pour ça !! Cela revient à rentrer au bercail les poches vides… » C’est sûr, « on va sauver l’agriculture avec ça ! », appuie Paco85. Et Moi-même de résumer, fataliste : « Les années passent et les problèmes de l’agriculture demeurent, sans aucune solution. »
« Des clopinettes pour l’élevage »
« Ce sont les viticulteurs les mieux servis », met en avant Gibbs, faisant référence au dispositif « conjoncturel et structure », promis par le gouvernement le 31 janvier, composé d’un fonds d’urgence de 80 M€ et de crédits de 150 M€ pour une restructuration différée. Il y a des secteurs plus « stratégiques », donc « prioritaires » que d’autres, fait-il remarquer. « Pour le bio, c’est que dal », enchaîne-t-il, et « l’élevage peu de choses ».
Il y a des secteurs plus stratégiques que d’autres…
« Les 150 M€ d’allègement d’intérêts de crédit ou de charges sociales, ramenés à l’éleveur, sont dérisoires et, en plus, ce n’est pas pour tout de suite, justifie-t-il. Pour ce qui est de la prise en charge de la MHE, ils n’ont pas les fonds pour l’instant. » Blabla détaille, chiffres à l’appui : « En 2020, la France comptait 145 000 fermes d’élevage. Même s’il n’en reste plus que 130 000 en 2024, les 150 M€ ne représentent que 1 100 €/exploitation. » Avant d’arriver à cette conclusion : « Inutile ! L’hémorragie en élevage bovin ne sera pas stoppée !! »
« Nada sur les prix rémunérateurs »…
« Ces mesures feront-elles monter le prix du blé à 250 €/t minimum ?? », questionne Paco85, semblant connaître la réponse. Maxens déplore, plus globalement, que les grandes cultures aient été oubliées.
Le seul credo pour s’en sortir…
Et il aurait vraiment voulu qu’une réflexion soit engagée dans le but de garantir des « prix rémunérateurs » aux producteurs. « Le seul credo pour s’en sortir », insiste-t-il, évoquant aussi « la baisse drastique des charges », « en commençant par celles de l’État », voyant « mal » les constructeurs, concessions, vendeurs d’intrants, etc. « diminuer leurs tarifs ». Il ne comprend pas « l’appel de la FNSEA/JA à lever les blocages agricoles » qui, d’après lui, « signe la mort de nombreux exploitants agricoles ».
Steph72 est du même avis : « Ils n’ont même pas parlé des prix des produits agricoles, insuffisants pour être rémunéré à la hauteur du travail fourni et pour payer nos charges en constante augmentation. Ni sur la répartition de la valeur dans la filière où, sur 100 € de denrées alimentaires, seulement 6,5 € reviennent à l’agriculteur. »
… « ni sur les revenus agricoles, un peu sur Égalim »
Miloute57 n’est « pas sûr que ça va arranger les trésoreries des exploitations agricoles, même à moyen terme ». Maxens acquiesce : « Très peu d’agris ont de meilleures perspectives financières qu’avant. » Quant à Gibbs, il pense que le renforcement de la loi Égalim, et des contrôles dans l’industrie agroalimentaire et la grande distribution, seront « sans effet sur la rémunération des agriculteurs ».
De meilleures perspectives financières qu’avant ! ?
À propos de la loi Égalim justement, Gibero s’interroge : « À quand pour les céréales ? Les cours céréaliers actuels ne couvrent plus les coûts de production et on laisse faire… » Laurent suggère de « faire les comptes sur les trois derniers exercices comptables et, en cas de déficit, que l’État prenne à sa charge la totalité des pertes subies par les producteurs ». « Nous naviguons à l’aveugle depuis trois ans », argue-t-il pointant « des causes dont les agriculteurs ne sont pas responsables ».
« Quid des normes, contraintes et libre-échange ? »
Nada sur l’alignement des normes et contraintes à la production et sur les produits importés entre pays, regrette Levequeph. Fabien est dubitatif sur la « fin des surtranspositions françaises ». « Rien de ce côté-là, quelle blague !, reproche-t-il. En clair : on arrête d’enterrer les paysans français, on leur laisse juste la tête hors de terre. » Maxens est désabusé : « Continuons de manger ce qui est importé sans se soucier de la façon dont c’est produit !! Pitoyable… Autres vœux pieux : moins de règlementations et de paperasse. » « Nous voulons juste être mis sur un pied d’égalité avec nos concurrents européens et mondiaux via l’abandon de règles et taxes stupides », rappelle Ironman.
Le Mercosur sera signé !
Concernant le libre-échange, Louma a « bien l’impression que le traité avec le Mercosur sera signé dans quelques mois ». Gibbs est d’accord avec lui : « Si 15 pays sur 27 l’approuvent, il sera ratifié. Même si notre président de la République s’y oppose, il sera obligé de suivre et il le sait. Tout se décide à Bruxelles. L’unique alternative serait de pratiquer la politique de la chaise vide, mais il ne le fera pas, il est pro UE. »
Bouboule va dans le même sens : « Macron, Attal, Fesneau, Rousseau… ne font que de la com' ! La commission européenne a les mains complètement libres pour adopter ces accords, dans le dos des États membres !! » Paco85, lui aimerait bien savoir « comment une Europe à l’origine gérée par ses États membres est devenue une Europe gérant ses États membres. Ces derniers n’ont plus aucun pouvoir et doivent se plier aux décisions prises par une petite clique de technocrates. Là est le fond du problème. »
« Écophyto en pause ?? »
« Je croyais le plan Écophyto en pause, j’ai dû mal comprendre. Une pause de trois semaines ou plutôt une belle « couillonnade » dont il ne ressortira pas grand-chose à part un nouvel indicateur de mesure pour remplacer le Nodu !! », lance Louma. Ironma souhaite mettre les points sur les I : « Nous ne réclamons pas le retrait de ce plan, ni de renoncer aux objectifs de réduction des phytos. Nous en avons simplement assez d’être pris pour des imbéciles et des incultes. »
Juste un nouvel indicateur de mesure.
Il développe : « Exiger une transition agroécologique, chercher à réduire les pesticides, sera vain tant que les revenus des agriculteurs ne leur permettront pas d’investir dans ce domaine. Parler d’investissements est même hors sujet puisque l’arrêt des traitements est l’unique alternative avec, à la clé, des pertes de rendement considérables. Même Pascal Canfin, haut dignitaire de la cause écologique, le dit haut et fort : toute transition, qu’elle soit écologique ou énergétique, sera impossible sans, au préalable, une remise à niveau des revenus des acteurs de cette transition. »
« Déception immense dans quelques mois ? »
Et Titi de conclure : « Toujours pareil avec Emmanuel Macron : « Expliquez-moi ce dont vous avez besoin et je vous expliquerai comment vous en passer" ! » Avant de faire preuve de plus de pessimisme : « De toute manière, l’État a décidé de réduire la production agricole française de 20 à 40 %. Ils vont y arriver !! » « Certains me trouvent pessimiste, je dirais plutôt méfiant, poursuit Gibbs. Je ne sais pas vous mais moi, je suis convaincu que la déception sera immense dans quelques mois. »
Ça risque d’exploser à nouveau…
Alors que la mobilisation des agriculteurs a été « extraordinaire », souligne-t-il avant d’ajouter : « Cela fait longtemps que je n’avais pas vu le monde paysan aussi révolté, et soutenu par leurs concitoyens ! Et on ne le reverra pas de sitôt… » Maxens confirme : « Dans six mois, il n’y aura pas de changement. Mais les agris seront dans leurs champs pour la moisson et les élections européennes seront passées. »
« En tout cas, si dans un an rien n’a bougé, ça risque d’exploser ou d’imploser pour de bon. Affaire à suivre… », prévient Miloute57. Avant ça, le Salon de l'agriculture risque d'être particulièrement mouvementé cette année, alertent de nombreux lecteurs, dont Nico et Steph72 qui prévoit « des explications musclées ». L'occasion de « ne pas laisser les braises s'éteindre », exhorte Bouboule.
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