« La mobilisation doit continuer »
Céréalier est plutôt optimiste. Il pense que « si les agriculteurs bloquent Paris et Rungis pendant 15 jours, ils vont obtenir ce qu’ils réclament ». De toute façon, « dans 15 jours, il faudra effectuer les premiers apports d’azote. Tout le monde à la maison ! », plaisante Momo. Nico suggère, lui, de poursuivre la mobilisation agricole « jusqu’au Salon de l’agriculture ». « Les syndicats seront-ils aussi vindicatifs au Sia », se demande cependant Louma. Pour Paco85 et d’autres lecteurs, les manifestations d’agriculteurs « doivent continuer bien sûr ». « Il n’y a pas que le GNR qui a augmenté en agriculture » !, lance-t-il, faisant référence à l’une des mesures annoncées par le Premier ministre vendredi 26 janvier. Visiblement, il ne juge pas celles-ci suffisantes et attend d’autres annonces.
Battre le fer tant qu’il est chaud…
« Le gouvernement va supprimer la taxe sur le gasoil non routier, mais pourrait créer un malus sur les tracteurs neufs », redoute-t-il encore. « Il faut sauver nos fermes !! L’État doit compenser le manque à gagner des producteurs ! », exhorte Gérard. « Battons le fer quand il est chaud. Pour une fois que tous les syndicats agricoles sont d’accord sur l’essentiel et mobilisés ensemble, profitons de ce rapport de force favorable », enchaîne Ironman. Tracteur4, au contraire, n’a que peu d’espoir sur les résultats de ces actions, « à part des meurettes pour contenter la base et les syndicats ». Même chose pour Maxens : « Tout cela ne débouchera sur rien », juge-t-il.
… Au risque que ça ne débouche sur rien.
« Montrer l’importance de l’agriculture »
À côté des commentaires qui soutiennent les exploitants agricoles mobilisés, certains semblent plus réservés. « Prendre les consommateurs en otage risque de faire monter l’agribashing », met en garde Chantage. Les agriculteurs pourraient « en sortir plus perdants que gagnants », alors que l’opinion publique leur est pour le moment favorable. « Les Français ne veulent plus dépenser d’argent pour se nourrir préférant le garder pour les loisirs ou la technologie », rétorque Nico, espérant que le blocus de Rungisleur fera comprendre que« lorsqu’il n’y aura plus d’agriculture en France, la population sera dépendante des importations, donc en proie aux pénuries et aux brusques hausses de prix ».
Sans faire monter l’agribashing.
Un bon moyen de leur « montrer notre utilité », renchérit Maxens. « Voyons s’ils peuvent se passer de nos productions qu’ils ne veulent pas payer au juste prix ! » Nico n’est pas non plus sûr « qu’ils délaisseront de sitôt les produits importés moins chers même s’ils ne respectent aucun cahier des charges ». Au moins, « en mettant à pied » leurs concitoyens, les exploitants agricoles leur « font économiser du carburant et limitent le réchauffement climatique », conclut Ironman sur le ton de la plaisanterie.
Selon un sondage sur Terre-net au début de la mobilisation, 60 % des répondants comptaient y prendre part (14 % ayant déjà participé à des manifestations) et 40 % ne pensaient pas manifester :
« Solidaires malgré les disparités de situations »
Étincelle estime que ce sont « les moins à plaindre » qui manifestent. Teubé pointe, lui, les « défilés de tracteurs à 200 000 balles » avec des manifestants qui protestent contre « le prix du GNR ». « Est-ce crédible ? », interroge Éleveur. Disparité déplore également de voir davantage « les céréaliers et leaders de la Fédé que ceux qui sont vraiment en difficulté » regrettant, comme l’illustre son pseudo, que la disparité des situations sur le terrain ne soit pas plus mise en avant.
Nous exerçons tous le même métier, mais attention à rester crédibles.
Hervé n’est pas d’accord : « Nous exerçons tous le même métier d’agriculteur, non ? » Alors il faut être solidaires plutôt que de se jalouser, se critiquer : « Petits, moyens, gros, céréaliers, éleveurs, viticulteurs… tout le monde est dans le même bateau et le bateau coule ! », insiste Nan. Merco, fataliste : « Il est déjà au fond de l’eau. » Louma se réjouit aussi que « des non syndiqués, la FNSEA, JA, la CR soient mélangés et que la contestation soit venue de la base », tout en craignant que « le mouvement échappe aux syndicats ». Nico est du même avis : « Bravo les gars, pour une fois que la base bouge sans attendre les ordres des représentants syndicaux ! »
Certains messages et modes d’action ne font pas non plus l’unanimité. Par exemple, les exploitants réclament « moins de restrictions » sur les produits phytos mais Santé est dubitatif sur le soutien des Français à ce sujet. Enfin, par rapport aux dégradations de bâtiments (MSA, Douanes, grandes surfaces…), Paco85 rappelle que « casser ne sert à rien ». De même que « déverser des saletés », des pneus, de la paille, complète Disparité. « Si les manifestations dégénèrent, nous n’aurons pas gain de cause », prévient Paco85, choqué cependant que les forces de police sortent les blindés, comme en temps de « guerre ».
« Cibler les vrais responsables de la crise agricole »
Selon plusieurs lecteurs, d’autres opérations pourraient être menées, vers d’autres cibles. « Plutôt que des blocages d’autoroutes, il faut se rassembler devant les agences d’EELV et L214 ! », propose Perrine. « Ce sont eux les responsables des normes environnementales » toujours plus nombreuses et drastiques. « Les écolos n’ont fait qu’attiser, depuis des années, les braises de cette colère agricole avec leurs critiques permanentes, et en interdisant tout et n’importe quoi », appuie Bruno02. « Et ils disent être de tout cœur avec les agriculteurs, quelle hypocrisie… », souligne Agri. « S’il n’y avait que les écolos… », réplique Paco85, évoquant les politiques, en particulier concernant les accords de libre-échange.
Industriels, GMS, écolos, politiques…
C’est pourquoi Éric17 invite à cibler les bureaucrates qui « imposent toutes ces contraintes » et pas « ceux qui n’y sont pour rien », sinon « le mouvement va devenir impopulaire ». Quant à Achat, il s’étonne que « les marchands de « ferrailles, engrais, etc. » ne soient pas visés vu l’augmentation des prix des machines agricoles et des intrants. Steph72 considère qu’il faudrait s’en prendre aux industriels, « les entreprises privées comme coopératives, gros profiteurs de la crise agricole qui se gavent sur le dos des producteurs ». Et à la grande distribution, où Nico invite à « faire le ménage en retirant des rayons tous les produits d’importation qui ne respectent pas nos cahiers des charges ».
Et moi-même de conclure, en souhaitant que « les revendications, de bon sens, soient entendues, avec un dialogue constructif et pas que des rustines comme d’habitude ». Sinon « la déception sera terrible, dévastatrice ». « Réponse dans les jours qui viennent, poursuit-il. En attendant, tenez bon, il en va de la survie de l’agriculture et de notre pays !! »