Cible depuis plus d’un an de dégradations et de menaces, l’OFB a reçu fin février la confiance réaffirmée du gouvernement dans un courrier du Premier ministre, qui annonçait notamment la mise en place de 10 mesures de sortie de crise, et un déplacement sur le terrain d’Annie Genevard et d’Agnès Pannier-Runacher.
Ce déplacement s’est concrétisé ce 17 avril sur le site de Saint-Benoît à Auffargis, un site qui illustre la diversité des missions de l’OFB, a expliqué en amont le cabinet d'Agnès Pannier-Runacher. Il s’agissait notamment de présenter les actions en lien avec le monde agricole, comme les expertises sanitaires sur la faune sauvage, l’encouragement des transitions agricoles favorables à la biodiversité, et de constater à travers des mises en situation comment les mesures annoncées peuvent, en pratique, apaiser les relations entre agriculteurs et OFB.
« Nous sommes ici pour montrer que nous sommes en soutien de notre police de l'environnement et dénoncer les attaques dont elle a été victime (...) mais aussi faire en sorte d'améliorer le fonctionnement et la compréhension des contrôles » et « travailler à un partenariat entre le monde agricole et l'OFB », a déclaré à l'issue de la visite à l'AFP la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, accompagnée de son homologue de l'agriculture Annie Genevard. Il s'agit de « trouver les voies de l'apaisement et d'une meilleure compréhension mutuelle », a ajouté Mme Genevard.
10 mesures en cours de déploiement
Communiqué 📢 | Agriculture et biodiversité : 10 mesures pour un dialogue renouvelé entre l’OFB et les acteurs agricoles ⤵https://t.co/7u4HcZD021
— Ministère Agriculture et Souveraineté alimentaire (@Agri_Gouv) April 17, 2025
Ces dix mesures sont déployées à différents niveaux. La première concerne le port d’arme discret pour l’ensemble des contrôles administratifs, déjà introduit par une instruction des ministres en décembre dernier.
La deuxième mesure inscrit dans la loi l’habilitation des inspecteurs de l’environnement à mettre en place le port de la caméra individuelle, dans l’idée d’objectiver les situations et de fluidifier les contrôles.
Troisième mesure, la mise en place d’un guichet (ou d’une adresse électronique) permettant de porter à connaissance les contrôles problématiques. À l’image de l’inspection générale de la police, une inspection générale sera également créée au sein de l’OFB.
Des échanges réguliers seront également formalisés entre le réseau des chambres d’agriculture et l’OFB, aux niveaux national, régional et départemental.
L’OFB et les ministères publieront par ailleurs des fiches pratiques « sur les sujets les plus irritants » en matière de réglementation.
Une formation des différents acteurs à leurs enjeux respectifs sera également généralisée, pour une meilleure connaissance agricole des inspecteurs de l’environnement, et une plus grande appréhension des enjeux de biodiversité, pour les agents de développement des chambres d’agriculture.
Pour davantage de visibilité, une large campagne de communication sera consacrée aux enjeux de la protection de l’environnement.
Côté pédagogie, une journée consacrée à des contrôles à blanc sera organisée chaque année.
En parallèle, une réflexion sur la revue des normes et des échelles des peines est déjà amorcée pour adapter les réponses pénales aux enjeux et améliorer la compréhension des normes.
Enfin, un colloque national sur la police de l’eau et de la nature sera organisé pour expliquer les missions de l’OFB et le travail des agriculteurs, « afin d’améliorer le fonctionnement entre les acteurs », indique le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher.
L'intersyndicale de l'OFB doute de l'efficacité de ces dispositifs
D'après l'AFP, l'intersyndicale de l'administration publique a indiqué dans un communiqué qu'elle ne « croy(ait) pas à l'efficacité » de ces mesures, dont certaines « sont spécialement inappropriées et dangereuses » et annonce « réfléchir à une réactivation du mouvement » de grève nationale, très suivi en janvier.
Deux représentants syndicaux de l'OFB ont par ailleurs annoncé à l'AFP qu'un recours contre la circulaire de décembre avait été déposé début avril devant le Conseil d'État. Témoignant de « sa défiance vis-à-vis du gouvernement', l'intersyndicale a redemandé jeudi la « protection des implantations et des personnels de l'OFB contre toute nouvelle agression ou attaque » et « le maintien des moyens humains et budgétaires de l'OFB en 2025 ».
FDSEA-JA d'Ile-de-France dénoncent « une mise en scène »
Surtout, ce déplacement des deux ministres de tutelle de l'OFB, censé apaiser les relations entre agents de l'OFB et agriculteurs, n'atteindra probablement pas l'intention initiale. Les représentants de la Chambre d'agriculture de région Ile-de-France ont réagi en dénonçant une « mise en scène ministérielle de plus ». « La profession agricole dénonce avec force une visite organisée en catimini, sans même tenter d'asocier ceux qui sont pourtant en première ligne : les agriculteurs », écrit la chambre consulaire dans un communiqué. « Ce déplacement unilatéral sonne comme une provocation de trop. (...) Ce n'est pas ainsi que la ministre apaisera les tensions et incompréhensions. Bien au contraire, elle alimente la défiance et accentue les fractures. »
Les deux ministres ont ainsi été été accueillies par une dizaine d'agriculteurs de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, selon l'AFP, venus avec 5 tracteurs.
Quand la Ministre de l’écologie @AgnesRunacher se déplace sur votre territoire en écartant tous les agriculteurs ! 🤔 Totalement hors-sol !@ChambagriFrance @FNSEA @bayrou @EmmanuelMacron @FrseaIDF @CAIDF https://t.co/rpG0SVWx0D
— Damien GREFFIN (@GreffinDamien) April 16, 2025