Jean-François, un ancien éleveur qui s’épanouit au milieu des machines
Fils d’agriculteurs, Jean-François Braud est aujourd’hui monteur chez Actisol. Dans le cadre de nos portraits consacrés aux acteurs du machinisme made in France, il nous raconte son riche parcours.
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On peut passer toute son existence au même endroit et avoir le goût de l’aventure et de l’inconnu. À 60 ans, Jean-François Braud vit toujours dans la ferme familiale où il a grandi, nichée au cœur de la campagne du Maine-et-Loire. Cet enracinement ne l’a pas empêché de connaître plusieurs vies. Tour à tour éleveur, conducteur, responsable de fabrique, il œuvre aujourd’hui comme ouvrier chez le constructeur Actisol, à Cholet. Ses moteurs ? Le rejet de la routine et une peur, « celle qui fait avancer, pas celle qui tétanise », apprivoisée.
C’est donc à Cholet que Jean-François voit le jour. Il est le fils de Paul et Juliette, à la tête d’une petite exploitation, 40 hectares de terres, 40 vaches et des canards en hors-sol. Une enfance au grand air, entouré de ses quatre sœurs, et les premières chevauchées sur le tracteur paternel, un Renault D22. « Tout me plaisait », sourit-il.
L’agricole, une voie toute tracée
La tête plus aux champs qu’au tableau noir, il trouve sa voie en classe de 5e, quand il rentre en Maison familiale, avec l’obtention finale de son BEPA à 18 ans. « L’école, ce n’était pas mon dada. Dès que j’ai été orienté vers ce que j’aimais, cela allait mieux. Un peu comme tout le monde en fait, j’imagine… » Le destin s’accélère : il décroche son diplôme en juillet, son père Paul est terrassé par une lourde hernie discale en août qui l’empêchera définitivement de travailler.
Les responsabilités tombent sur les épaules du jeune homme à peine majeur. Pas de quoi le faire cogiter : « Je ne me posais pas de questions. Il fallait y aller et faire tourner la ferme ». Il s’occupe de l’alimentation et des champs, Juliette des veaux, de la traite et des papiers. C’est un quotidien « la tête dans le guidon », sans vacances, à peine quelques week-ends. Son père le conseille. « Il était fier ».
Au début des années 1990, Juliette part à la retraite. Jean-François s’allie avec ses voisins, Guy et Maryse, eux aussi « dans le lait et les canards ». « Pour moi, c’était hors de question d’être seul », assène-t-il. Prévoyant, il passe aussi son permis poids lourd car « on ne sait jamais ce qui peut arriver ». Cette étape dure jusqu’en 2003. Après un an de réflexion, il cède ses parts à ses associés. Il ne ressent aucune peine, plutôt « un grand soulagement ».
L’envie de « voir autre chose », la lassitude face aux contraintes administratives – « c’était le début des plans d’épandage » — et le désir ne plus être célibataire l’emportent. « Je ne voulais pas embarquer une femme dans quelque chose que je n’aimais plus », confie-t-il.
Un mariage et trois filles
Côté pro, tout va très vite. Jean-François passe la Fimo (Formation initiale minimum obligatoire) et embauche chez un grainetier. Il y restera 20 ans, passant de conducteur à responsable d’une fabrique d’aliments. Côté cœur, il tombe amoureux de Sonia lors d’un séjour au ski, sa grande passion. « Ses parents habitaient à 10 km de chez moi et on s’est rencontré aux Deux-Alpes, c’est fou ! » Le couple met au monde trois filles : Zoé, l’aînée, et dans la foulée des jumelles, Charline et Clémence.
Ce bonheur bien rodé vole en éclats quand son entreprise change de main. Les relations avec la nouvelle direction ne lui conviennent plus. Alors, à 57 ans, Jean-François prend les devants et décide de partir : « J’avais encore le temps pour une découverte ! » Par une connaissance, il entend parler d’un recrutement chez Actisol. Fidèle à ses envies, il refuse un poste de démonstrateur car « c’est trop de déplacements », puis embauche au montage des outils.
« Je me méfie des recettes miracles »
Ce grand bricoleur, qui a monté lui-même ses bâtiments à la ferme, n’en mène pourtant pas large pour son premier jour. « Ce n’est jamais évident. Et j’étais le plus vieux des nouveaux ! sourit-il. Après, c’est de la mécanique simple. Et le reste, je l’ai appris, tout simplement ».
Chez un constructeur atypique, dont la philosophie est de prendre soin du sol, il garde son franc-parler. « Actisol, je ne connaissais pas. À mon époque, c’était le labour, le labour, le labour… Pour moi, tout a sa place, la charrue comme le reste. C’est une question de juste milieu. Je me méfie des recettes miracles ».
Du professionnalisme et du bon sens
Freddy Socheleau, son patron, se réjouit chaque jour de lui avoir donné sa chance, à un âge proche de la retraite qui rebute bon nombre de chefs d’entreprise sur un CV. Il salue « le professionnalisme et le bon sens » de Jean-François. « Cette débrouillardise, cela vient de l’agricole. Je trouve toujours une solution. Ce n’est peut-être pas toujours la meilleure. Mais c’est la mienne et on avance ».
De cette vie qu’il s’est bâtie, Jean-François tire une grande humilité : « J’ai pris des risques et cela m’a réussi. J’ai eu de la chance ». L’heure de la retraite sonnera en janvier 2027. Il n’a pas encore prévu grand-chose, il souhaite simplement « visiter les jolis petits coins partout en France ». « Il y a tout à construire », reconnaît-il. Ce sera l’occasion d’une nouvelle aventure. Même pas peur !
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