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Pomme de terre : des disparitions de substances à anticiper

[Contenu proposé par La Pomme de terre française] Alain Dequeker, président du Comité technique pomme de terre du Nord-Pas-de-Calais, pointe « le mur des disparitions des produits phytosanitaires qui arrive trop vite sans que les solutions alternatives ne soient identifiées ».

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Sophie Szilvasi, expert référent national pomme de terre à la Direction générale de l’alimentation (DGAL), a apporté d’intéressants éclairages sur les évolutions réglementaires phytosanitaires, lors de la journée organisée par le Comité technique pomme de terre du Nord-Pas-de-Calais le 19 décembre 2024 à Arras (62).

« Le processus de réapprobation des matières actives se poursuit au sein de l’Union européenne, souligne-t-elle. Sur l’ensemble de celles recensées par mes services, 424, soit 28 % d’entre elles, restaient approuvées en novembre 2024. Elles étaient 448 un an plus tôt. Les deux tiers, en revanche, soit 982, ont été éliminés. »

Les dates d’expiration s’égrènent petit à petit et certaines échéances auraient déjà pu arriver à terme. Mais l’Union européenne a toutefois revu le calendrier afin de lisser la charge de travail de ses services. « Cela devrait donner davantage de temps pour identifier des alternatives », remarque Sophie Szilvasi.

27 matières actives en suspens

Comme, au sein de l’UE, les productions agricoles sont diversifiées, chaque pays choisit d’autoriser telle ou telle substance. Les demandes sont pilotées par les firmes en fonction de leurs marchés. La France, l’un des États membres en comptant le plus, accepte 274 matières actives parmi lesquelles 61 concernent les pommes de terre. Sur ces dernières, 9 présentent à moyen terme un risque fort de non-renouvellement ou de restrictions d’utilisation.

Les autorités sanitaires traquent en effet celles présentant des critères de perturbateurs endocriniens ou affichant des risques CMR (cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction). Le fludioxonil et le flutolanil voient leurs dates d’approbation arriver à échéance en juin 2025. Le flurochloridone, le fluaziname et le pirimicarbe suivront en 2026. La pendiméthaline, le fosthiazate et le prosulfocarbe pourront attendre jusqu’en 2027. Pour 27 autres, le risque de non-renouvellement est qualifié de moyen par Sophie Szilvasi.

Depuis décembre 2023, plusieurs évolutions se sont produites. La métribuzine n’a pas été renouvelée en herbicide, tout comme le métirame et le diméthomorphe en fongicide. L'interdiction du flufénacet, associé à la métribuzine dans l’herbicide Baptiste, a également été adoptée le 12 mars dernier. Le flutolanil et le fludioxonil sont en discussion. Le dernier serait classé comme perturbateur endocrinien. Enfin, l’esfenvalérate (insecticide) et le Pythium oligandrum (fongicide) ont été retirés avec leur produit respectif, Sumi Alpha et Polygandron.

Deux AMM attendues pour des insecticides

Dans ce contexte de disparition de matières actives, le ministère de l’Agriculture a mis en place en mars 2024 le Comité des solutions. Cette instance a été chargée de recenser les écarts d’autorisation par rapport aux autres États membres de l’UE et d’analyser s’ils pouvaient aboutir à des impasses techniques. Des leviers d’actions ou des solutions applicables rapidement pourraient alors être identifiés.

Les substances éventuellement retenues ne devraient toutefois pas présenter des critères de perturbateurs endocriniens ou afficher des risques CMR, ni avoir déjà été retirées. Leurs intérêts techniques, jugés en collaboration avec les filières, devraient être considérés comme moyens ou forts.

Toutes filières végétales confondues, un total de 778 solutions ont été proposées, 400 ont été retenues par le Comité des solutions, 101 dossiers ont déjà été déposés à l’Anses et 87 ont fait l’objet d’un dépôt d’AMM. Sur trois demandes relatives à des insecticides en pomme de terre, deux décisions d’AMM sont attendues à court et moyen terme.

Sur 61 matières actives concernent les pommes de terre, 8 présentent à moyen terme un risque fort de non-renouvellement ou de restrictions d’utilisation.

*Mise à jour : les Etats membres de l'Union européenne ont définitivement adopté l'interdiction du flufenacet le 12 mars 2025.

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