Login

Marchés céréaliers mondiaux : abondance de l’offre et incertitudes géopolitiques

La production mondiale de blé pour 2025/26 avoisinerait 838 Mt, un niveau record.

Les dernières prévisions de l’USDA confirment des bilans mondiaux très fournis en blé, orge et maïs, et la suite de la campagne de commercialisation 2025/26 reste conditionnée par l’évolution des coûts logistiques, du contexte géopolitique et des risques climatiques.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Le 16 décembre, lors d’un point presse du conseil spécialisé « grandes cultures » de FranceAgriMer, Majda En-Nourhi, chargée d’études, a fait le point sur les principaux facteurs qui marquent actuellement les marchés mondiaux des céréales et ceux qui pourraient les influencer dans les semaines à venir.

Premier élément phare : le dernier rapport de l’USDA confirme l’abondance de l’offre mondiale, tirée par des conditions de cultures globalement favorables dans les grands bassins.

La production mondiale de blé pour la campagne de commercialisation 2025/26 a ainsi été fortement révisée à la hausse d’un mois sur l’autre, à presque 838 Mt. Un niveau record qui repose sur des rendements historiquement élevés au Canada et en Argentine et sur de bonnes performances pour l’UE, l’Australie et la Russie. La production mondiale de maïs atteindrait aussi un record cette campagne, à 1 283 Mt ; celle d’orge rebondirait fortement d’une campagne à l’autre, à 153 Mt.

L’USDA table sur une consommation mondiale de blé inédite elle aussi, atteignant 823 Mt, surtout portée par la demande en alimentation animale. Les stocks finaux sont relevés à presque 275 Mt et les échanges atteindraient 219 Mt grâce « à des exportations plus élevées depuis l’Australie, le Canada et l’Argentine ».

Record aussi pour la consommation mondiale de maïs

La consommation mondiale de maïs s’élèverait de son côté à 1 297 Mt pour 2025/26, un niveau historiquement élevé et en légère hausse par rapport à la prévision de novembre, en lien avec des « utilisations soutenues chez les principaux pays consommateurs, notamment la Chine et les États-Unis ».

Les stocks finaux de maïs sont revus en baisse et sous la moyenne quinquennale, « reflétant la contraction des disponibilités en Ukraine et au Canada », tandis que les échanges s’annoncent plus soutenus que prévu, à 205 Mt.

La demande en orge sur la campagne a été relevée « sous l’effet d’une augmentation de la consommation animale » et atteindrait 151 Mt, proche de la moyenne quinquennale. Les échanges sont attendus globalement stables, à 31 Mt, et les stocks mondiaux, à 21 Mt, « reflètent une détente relative du marché ».

Sur le plan macroéconomique, Majda En-Nourhi souligne la légère dépréciation de l’euro face au dollar sur les deux derniers mois, ce qui n’efface pas la tendance annuelle : entre novembre 2024 et novembre 2025, la parité eurodollar a augmenté de 8,8 %, ce qui « continue de dégrader la compétitivité des produits européens ».

Côté logistique, le coût du fret maritime est reparti à la hausse en novembre, « notamment en lien avec la demande saisonnière chinoise en fer ». Le Baltic dry index a progressé de 9,4 % sur un mois et atteint fin novembre son plus haut niveau en deux mois, « tiré par l’indice capesize ».

À l’inverse, « les coûts énergétiques poursuivent leurs tendances baissières », aussi bien sur un mois que sur un an. Le baril de Brent coûtait 61,88 $ le 10 décembre et le gaz Dutch TTF 26,81 €/MWh.

Trafic en repli dans le détroit d’Ormuz

Autre élément de contexte surveillé par FranceAgriMer : le trafic maritime. En novembre, « on était plutôt sur une hausse des volumes sur un mois dans les principaux points de passage, sauf pour le cap de Bonne-Espérance (- 8,1 %) et surtout pour le détroit d’Ormuz ».

Les flux se contractent de plus de 20 % sur un mois dans cette zone située entre la péninsule arabique et l’Iran, dans un contexte géopolitique tendu : les Gardiens de la révolution iraniens y ont saisi un pétrolier début novembre, ce qui a perturbé les passages via ce détroit stratégique pour le transport mondial d’hydrocarbures.

Parmi les facteurs à suivre prochainement sur les marchés céréaliers mondiaux, Majda En-Nourhi pointe notamment le durcissement des sanctions US contre le Venezuela, avec la saisie de pétroliers et le ciblage de sociétés liées au transport de pétrole, ce qui pourrait « affecter indirectement les coûts énergétiques et logistiques mondiaux ».

Autre actualité : la suppression, par la Russie, des droits d’exportation sur le blé, le maïs et l’orge depuis le 10 décembre. L’objectif est de soutenir les agriculteurs russes face à la baisse des prix mondiaux et des revenus d’exportation.

Sur le plan climatique enfin, le phénomène La Niña tend à s’estomper tandis que les experts annoncent un retour probable d’El Niño pour 2026. Cela risque d’accroître les risques de sécheresse dans plusieurs bassins céréaliers majeurs (Australie, Argentine, Asie du Sud-Est), avec des conséquences sur les rendements en blé et en maïs.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement