Mildiou de la pomme de terre : Combiner variétal et protection réduite
[Contenu proposé par La Pomme de terre française] L’étude du comportement des variétés face au mildiou du feuillage sous protection réduite est menée par Arvalis sur une quarantaine de variétés depuis sept ans, au sein du projet Varmil. Sur la dernière campagne, onze d’entre elles n’ont pas du tout été touchées.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
L’année 2024, avec sa forte pression mildiou, permet de tirer des conclusions sur les comportements des variétés de pommes de terre, accompagnées ou non d’une protection réduite, comme le démontre l'essai Varmil, mené par Arvalis depuis 2017.
Au Catalogue français, les variétés proposées à l’inscription par le CTPS (Comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées) sont classées de 1 (très sensible) à 9 (très peu sensible). Ces notes sont attribuées par l’Inrae de Ploudaniel (Finistère), puis validées par la commission d’experts Vate (valeur agronomique, technologique et environnementale) du CTPS après deux années de mesures du pourcentage de feuillage détruit. La sensibilité au mildiou est ainsi évaluée par le pourcentage de feuillage détruit sur la variété.
Cette même technique a été utilisée pour évaluer le comportement des variétés sur l'essai Varmil. Dans cet article, les variétés sont ainsi mentionnées avec leur note de sensibilité au mildiou du feuillage (par exemple, Bintje : 3).
Une protection réduite
En 2024, 40 variétés ont été choisies pour brosser toute la gamme de sensibilité de 2 à 9 et disposées dans deux modalités, à Audeville (Loiret). La première modalité a bénéficié d’une contamination naturelle par rang contaminateur (Bintje : 3) et non traité (NT). La seconde a été contaminée par rang contaminateur (Bintje : 3), avec une protection réduite qui consiste en l’application de trois traitements avec Pygmalion, produit de biocontrôle à base de phosphonates (3 fois 2 l, soit 0 IFT), suivi d’une application tous les 5 à 7 jours de fongicides à un tiers de la dose maximum homologuée (T). Cette protection fongique allégée est volontaire afin de ne pas masquer l’effet de la variété et d’évaluer l’intérêt de la combinaison de la résistance variétale et d’une protection fongique allégée.
Parmi les 40 variétés testées, des cinétiques de destruction du feuillage très différentes sont observées en condition non traitée (graphique ci-dessous). Sur la base de la ressemblance de la courbe de destruction, quatre groupes ont été établis.
Le levier variétal
Un fort impact du levier variétal est noté. L’utilisation de variétés (modalité non traitée) ayant pour sensibilité au mildiou du feuillage une note 2-3 (groupe 1) se traduit par 50 % de destruction du feuillage dès le 30 juin. Une note 4-5 (groupe 2) permet de retarder ces 50 % de destruction jusqu’au 16 juillet. Une note 6-7 (groupe 3) retarde 30 % de destruction jusqu’au 5 août. Enfin, une note entre 7 et 9 (groupe 4) n’offre aucune destruction significative du feuillage : < 6 % de destruction pour les variétés LD17 (5), Eris (6) et Alix (8). Une protection réduite (phosphonates puis un tiers de dose de fongicide) a permis pour les variétés du groupe 1 (note 2-3) de décaler de 15 jours les 30 % de destruction (graphe ci-dessous).
Pour celles du groupe 2 (note 4-5) de décaler de 20 à 25 jours les 30 % de destruction (voir ci-dessous). Pour les groupes 1 et 2, la protection réduite est insuffisante. 30 % de destruction et plus sont atteints rapidement.
Pour les variétés du groupe 3 (note 6-7), la protection réduite a permis de les protéger complétement (sans dépasser 10 % de destruction) jusqu’au 10 août (graphique ci-dessous).
Celles du groupe 4 (note 7-9) ont été protégées complétement jusqu’à mi-août. Pour les groupes 3 et 4, la protection réduite a suffi à protéger complétement la culture.
Onze variétés n’ont pas du tout été touchées par le mildiou du feuillage : Selena (6) ; Athena (8) ; Aubaine (7) ; Ysalis (7) ; Alouette (8) ; Cephora (8) ; Chipsy (8) ; Germi 300 (8) ; Kelly (8) ; Levante (8) ; Naturea (8).
Le levier variétal est donc un allié indispensable de la protection contre le mildiou. L’effort de sélection a conduit à doter le Catalogue français de variétés performantes répondant aux enjeux de demain et aux attentes des producteurs. Malheureusement, et cela est consternant, 85 % des surfaces de pommes de terre en France sont encore emblavées avec des variétés en moyenne assez sensible (4) au mildiou, ne comportant donc peu voire aucune résistance à ce pathogène (données Agreste, SSP2021). Cette homogénéité génétique vis-à-vis de la sensibilité au mildiou est un élément favorable à la propagation du mildiou de façon précoce et rapide, et demande une protection fongicide importante.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :