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Empreinte carbone, biodiversité, santé du sol : la plateforme Openfield d’Invivo livre ses premiers résultats

Une centaine de participants, dont des acteurs de l’agroalimentaire, ont participé à Openfield 2025.

La plateforme pluriannuelle d’Openfield, station d’expérimentation du groupe InVivo, a été lancée en 2022 pour une durée de cinq ans. Le 12 juin, partenaires et industriels de l’agroalimentaire avaient été invités à venir découvrir les premiers résultats sur des pratiques bas carbone, en faveur de la biodiversité et de la santé des sols.

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C’est sous un soleil de plomb, à quelques pas de Milly-la-Forêt dans l’Essonne (91), que Agrosolutions et Ferme Leaders organisaient le 12 juin Openfield, plateforme expérimentale bisannuelle. Si d’ordinaire, les participants sont plutôt des techniciens et des agriculteurs, l’événement s’était ouvert aux industriels de l’agroalimentaire. À l’heure de la mise en œuvre de la directive européenne CSRD sur la publication d’informations par les entreprises en matière de durabilité, ces derniers cherchent à rendre leurs approvisionnements plus durables.

Les premiers résultats de la plateforme pluriannuelle, lancée en 2022 pour cinq ans, étaient présentés à la centaine de participants : quatre systèmes de culture (bas carbone, réduction IFT/gain CEPP, agriculture de conservation des sols, conventionnel), sur cinq rotations, soit 14 cultures. Grâce à 18 indicateurs de durabilité, et à de nombreux capteurs, plus de 1 000 données sont collectées chaque mois.

L’atelier carbone présentait les leviers visant à réduire l’empreinte carbone des grandes cultures. « Nous avons réduit la dose d’engrais de 10 à 15 % en moyenne, en suivant les reliquats azotés, en utilisant des inhibiteurs d’uréase et de nitrification, des biostimulants et en implantant des légumineuses telles que la vesce et la phacélie en couverts », explique Célia Ruau, experte bas carbone pour Agrosolution. L’expérimentation a également réduit le labour pour favoriser des techniques culturales simplifiées, afin de limiter les émissions de CO2 liées au fioul.

Baisse moyenne de 10 % des émissions de CO2

Sur une rotation classique soja, blé tendre, colza et orge d’hiver, cette stratégie permet une baisse de 11 % des émissions pour le blé, de 33 % pour le colza et de 3 % pour l’orge. Cependant, les rendements du soja et du blé baissent respectivement de 4 et 6 %. Sur une rotation industrielle betterave sucrière, blé tendre, pomme de terre, lin oléagineux et orge de printemps, les émissions de CO2 baissent de 31 % pour la betterave, de 9 % pour le blé et de 18 % pour la pomme de terre, mais toutes les cultures subissent une chute des rendements, de 5 % pour le blé et la pomme de terre à 40 % pour l’orge de printemps.

Enfin, la rotation dite « sud » – maïs grain, blé tendre hiver, tournesol et blé dur – voit ses rendements stabilisés, et ses émissions baissées, notamment de 26 % pour le blé tendre. En moyenne, les émissions de CO2 ont baissé de 10 %. La marge semi-nette est très variable, à — 9 % pour la rotation industrielle et environ 10 % pour les rotations sud et classique. « Mais si ces marges tiennent compte des économies d’intrants réalisées, elles sont surtout impactées par les rendements, précise Aline Lapierre, experte filière durable. Nous avons mesuré que les pratiques bas carbone coûtaient 150 € par tonne de carbone économisé. Ces niveaux de coûts restent en deçà du crédit carbone et de la majorité des primes filières. »

L’atelier carbone a permis de rappeler aux participants le poids de l’agriculture dans les émissions françaises. (© Elena Blum)

Des agriculteurs qui peinent à se saisir des analyses de sols

Sur l’atelier santé des sols, Fermes Leader, réseau de coopératives en recherche d’innovation, présente son travail de comparaison des outils d’analyse du sol, afin de proposer aux agriculteurs les offres les mieux adaptées à leurs besoins, en suivant cinq axes : simplicité, opérationnalité, pertinence, utilité et rentabilité. Un sujet qui provoque le débat chez les participants, qui regrettent un manque de lisibilité et de possibilité d’appropriation dans les résultats communiqués par les laboratoires d’analyse.

« Le problème c’est que nous ne savons pas toujours à quoi cela correspond, et comment nous pouvons agir dessus, pointe Arnaud Sainsard, exploitant en Seine-et-Marne. Bien souvent, en dehors des choses simples comme le non-labour ou l’utilisation de couverts haut de gamme, nous n’avons pas de leviers pour faire des améliorations si les résultats reviennent mauvais, ou pour maintenir de bons résultats. »

Un outil simple pour évaluer la biodiversité d’une exploitation

Enfin, l’atelier biodiversité a permis à la coopérative Scara de présenter le projet Apprivoise, piloté en partenariat avec Arvalis, Agrosolutions, l’Acta, Smag et de nombreux acteurs des filières amont, aval et recherche. « Il s’agit d’un outil numérique pour estimer la biodiversité à l’échelle d’une exploitation agricole, explique Philippe Michonneau, responsable agronomie et innovation de la coopérative. Il sera utilisable par les TC ou les agriculteurs, et pourra être calculé rapidement grâce à un ensemble de données type traçabilité ou cartographie. » Pour l’heure, les partenaires ont identifié 14 indicateurs, mais ne garderont que sept principaux d’ici la fin du mois. Les adhérents de la Scara ont contribué à la sélection des critères les plus pertinents, et sept exploitations, entre 100 et 150 ha, participent déjà aux expérimentations.

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