L'actu de Terres Inovia Pois, féverole, lentille et pois chiche : plusieurs virus en France
Lors de la campagne 2019-2020, les pucerons sont arrivés très précocement sur les cultures de pois, féverole et lentille, 2 à 4 semaines d’avance en moyenne par rapport à 2019, donc bien avant la floraison. La pression a été particulièrement forte et parfois difficile à maîtriser dans certains secteurs.
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En plus des dégâts directs qu’ils peuvent occasionner en se nourrissant de la sève des plantes, ces insectes sont vecteurs de virus. Des symptômes de viroses plus ou moins typiques sont rapidement apparus dans de nombreuses parcelles, moins d’un mois après le signalement des premiers insectes : nanisme, jaunissement, mosaïque, crispations, nécroses…
- D’une part, de connaître les virus responsables de ces symptômes pour chaque espèce et dans les différentes régions concernées ;
- Et d’autre part, d’acquérir des connaissances sur l’épidémiologie des maladies virales (mode de transmission des virus, vecteurs, gamme d’hôte...).
Cette étude a concerné le pois, la féverole, la lentille et dans une moindre mesure le pois chiche. Pour cette dernière espèce, qui n’a pas subi les attaques de pucerons, seules quelques parcelles ont été suivies afin de vérifier l’absence de virus. Au total, 85 parcelles dont 37 de pois, 16 de féverole, 27 de lentille et 5 de pois chiche ont été suivies. Deux échantillons de plantes, l’un avec symptômes et l’autre apparemment sans symptômes, ont été prélevés dans chaque parcelle. Les symptômes ont été précisément décrits et des analyses sérologiques (plus de 200) ont été réalisées afin d’identifier les virus présents.
Neuf virus ont été recherchés : le Pea Enation Mosaic Virus (PEMV), le Bean Leaf Roll Virus (BLRV), le Pea Seed-borne Mosaic Virus (PSbMV), le Beet Western Yellow Virus (BWYV), l’Alfalfa Mosaic Virus (AMV), le Cucumber Mosaic Virus CMV, le Bean Yellow Mosaic Virus (BYMV), le Clover Yellow Vein Virus (CIYVV) et le Pea Streak Virus (PeSV).
Ces virus ont été choisis sur la base des résultats obtenus lors des derniers observatoires sur les viroses en France, qui remontent aux années 90, et des données disponibles dans la littérature. Un questionnaire a également permis de recueillir des informations sur chaque parcelle, notamment sur l’itinéraire technique. Enfin, une étude bibliographique sur les maladies virales du pois, de la féverole, de la lentille et du pois chiche a été réalisée.
Une transmission principalement à la parcelle par les pucerons
La base de données obtenue est actuellement en cours d’analyse. Les premiers résultats montrent que les neuf virus recherchés sont bien présents en France sur pois, féverole, lentille et/ou pois chiche. Certains sont toutefois beaucoup plus fréquents que d’autres, avec une fréquence pouvant varier en fonction des espèces végétales. Le nombre moyen de virus détectés par parcelle varie de 2 à 5 en fonction des espèces. Les virus concernés sont tous principalement transmis à la parcelle par les pucerons, à l’exception du Pea Seed borne Mosaic Virus (PSbMV), dont le principal mode de transmission primaire est la semence (ce virus étant ensuite inoculé aux plantes saines par les pucerons).
L’impact de ces maladies virales sur les rendements obtenus cette année, ainsi que leur part par rapport aux autres stress subis ce printemps (semis tardifs suivis d’une période très sèche, forte pression de sitones, températures élevées en fin de cycle…) est certainement très variable pour les différentes espèces en fonction notamment du ou des virus en cause, du stade et de l’état physiologique des plantes au moment de l’infection et donc de la gravité des symptômes occasionnés. Dans ce contexte particulier de maladies virales, il convient d’être prudents quant à l’utilisation de la récolte. Si le PSbMV est présent dans une parcelle, un risque est pris en semant les graines issues de la récolte. Ce risque dépend de plusieurs facteurs et seule une analyse d’un échantillon de la récolte permet de s’assurer que le virus ne sera pas transmis à la culture suivante.
Toutefois, l’absence de contamination du lot de semences ne garantit pas l’absence de viroses dans les cultures car une contamination en culture par des pucerons vecteurs sera toujours possible. À l’inverse, l’utilisation de semences contaminées ne conduit pas nécessairement à un développement important des viroses, qui va dépendre du contexte agro-climatique de la parcelle. La Fnams s’intéresse actuellement à la présence de ce virus dans les récoltes de certaines des parcelles suivies par Terres Inovia. Leurs travaux sont en cours. Enfin, il peut y avoir d’autres risques liés au fait que la présence des virus peut avoir impacté la qualité des graines, avec des conséquences possibles sur la qualité germinative, aspect également pris en compte dans les travaux de la Fnams. Les résultats de ces travaux seront communiqués prochainement.
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