Trois stratégies contre la pyrale Avec ou sans Ogm, un objectif : tuer la chenille avant qu’elle ne démarre
Contre la pyrale du maïs, plusieurs stratégies existent. De la lutte prophylactique, à la lutte en végétation, en mode chimie ou biocontrôle, en passant par les Ogm, un même objectif : tuer les larves avant qu’elles n’atteignent le cœur de la tige.
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« Les pertes de rendement relatives aux foreurs du maïs sont bien souvent sous-estimées par les maïsiculteurs. » Aurélie Morin, chef produit insecticides de DuPont décrit une problématique assez mal connue des maïsiculteurs hormis dans les zones où l’enjeu a été identifié depuis plusieurs années : Sud-Ouest, Alsace, Centre notamment. « Ailleurs, il faudrait vérifier en cas de verse ou de développement de fusariose, la présence ou non de chenille de pyrale. Les maïsiculteurs ne font pas toujours le lien eux-mêmes entre les deux phénomènes. Il s’agit d’une problématique montante et il y a peu de raison pour que la pression ne soit pas plus généralisée que ce que l’on croit. »
dénombrer les papillons, et ainsi de déterminer le
pic des vols et décider de la période optimale
d’intervention. (©DuPont)
« Dans d’autres régions, reprend la chef produit, nous observons d’ailleurs une émergence du ravageur sans savoir s’il apparaît seulement ou s’il n’était simplement pas observé ou reconnu par les agriculteurs. En Pays de la Loire par exemple, nous avons noté une augmentation des dégâts significatifs cette année et c’était également la première année de mise en place du réseau de piégeage dans cette zone. Et le problème concerne tous les maïs. Les conséquences sur la qualité du maïs ensilage, moins connues, sont d’ailleurs en cours d’étude. »
Temps de récolte augmenté
Frédéric Pages, responsable technique et marketing grandes cultures région sud de De Sangosse : « La pyrale est responsable de pertes de rendement estimées, pour une pression d’une larve par pied, à 5-6 q/ha. En grignotant l’intérieur des cannes, la larve affaiblit le maïs qui aura tendance à verser. Le temps de récolte peut en être ainsi augmenté de 20 à 30 %. En deuxième génération, la larve perfore l’épi et les grains laissant le champ libre au développement de mycotoxines. »
Jean-Baptiste Thibord d’Arvalis-Institut du végétal ajoute au tableau « l’affaiblissement physiologique de la plante lié à la présence de ces galeries créées par les larves, qui se traduit par une baisse du poids de mille grains, mais aussi des tiges cassées, voire des chutes d’épis avant récolte ». Dans les situations monovoltines (cf. encadré en bas d'article), les larves causent des dégâts pendant la floraison, période pendant laquelle tout stress est fortement préjudiciable. Les populations bivoltines occasionnent des dégâts avant floraison (1ère génération) puis en cours de remplissage des grains (2ème génération).
Limiter la survie des larves
« La lutte prophylactique, en l’occurrence, le broyage les résidus de maïs, explique Jean-Baptiste Thibord, cherche à limiter le nombre de larves d’une année sur l’autre. » Elle est particulièrement recommandée pour les parcelles présentant de fortes populations à l’automne.
entre verse ou fusariose et pyrales. (©Terre-net Média)
La lutte génétique est autorisée dans certains pays comme l’Espagne (lire le témoignage de José Luis Romeo Martín). Les maïs Bt sont des variétés modifiées génétiquement par l’ajout d’un gène leur conférant une résistance à la pyrale du maïs. Le terme Bt fait référence au Bacillus thuringiensis, bactérie dont est extrait le gène codant la toxine Cry1Ab 1. Tous les tissus végétaux deviennent toxiques pour l’insecte.
Deux stratégies sont envisageables en végétation. L’application de trichogrammes en début de vol des pyrales adultes vise les premières pontes (lire le témoignage de Bernard Pellausy). Les trichogrammes sont des parasitoïdes oophages. La larve du parasite se développe à l’intérieur de l’œuf de l’insecte hôte aux dépens de l’embryon. Les insecticides, à l’action essentiellement larvicide, doivent aussi être positionnés au plus proche du pic de vols (lire l'avis d'Aurélie Morin, DuPont).
« Dans les secteurs à deux générations, la lutte contre la première, réalisée avant le stade limite passage tracteur, sera plus économique, précise Jean-Baptiste Thibord. Elle tend en plus à diminuer la population de deuxième génération, celle occasionnant les plus fortes nuisibilités. Viser la deuxième génération n’est possible qu’en appliquant des produits insecticides à l’aide d’enjambeur, ou des trichogrammes. »
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