Des millions de trichogrammes lâchés par hélicoptère à l'assaut de la pyrale

Des millions de trichogrammes lâchés par hélicoptère à l'assaut de la pyrale
Bernard Pellausy
Bernard Pellausy, agriculteur à Verdun-sur-Garonne, remarque qu'un maïs assolé diminue la pression pyrale. (©Terre-net Média)

Bernard Pellausy, agriculteur à Verdun-sur-Garonne, traite ses 85 ha de maïs avec Coragen, insecticide de DuPont, à 6-8 feuilles, pour éliminer la première génération de pyrale et gérer les sésamies. Il a ensuite recours aux trichogrammes contre la deuxième génération, sur 40 ha. « Je n’ai de problème de pyrales que depuis quelques années. Comme je préfère éviter la chimie quand d’autres solutions sont possibles, j’ai choisi d’utiliser des trichogrammes, surtout que maintenant je peux gagner du temps sur le chantier de pose… J’ai utilisé des plaquettes pendant six ans. Depuis deux ans, je fais épandre des capsules par hélicoptère. C’est un peu plus cher mais quelle économie de main-d’œuvre ! Les plaquettes, c’était une autre histoire. Devoir aller dans les maïs quand ils dépassent une hauteur d’homme pour disposer les plaquettes une par une… »

L’investissement s’élève à 55 €/ha pour l’achat de capsules et la prestation d’application, et à 46 €/ha pour les plaquettes. « Quelle que soit l’option choisie, le coût est justifié puisqu’il me permet d’atteindre mon potentiel. Surtout que je n’applique aucun insecticide au semis. Mes semences ne sont pas traitées non plus pour préserver la vie du sol. Je m’assure aussi une récolte facile. Eviter la verse, c’est choisir de passer 40 min plutôt qu’1h30 à l’hectare à la récolte. »

Jusqu’à 20 q/ha de pertes

La pression pyrale varie selon les années chez Bernard Pallausy, mais ses pieds de maïs sont régulièrement atteints. Certains hivers, en l’absence de températures suffisamment froides pour tuer les larves, sans traitement, la perte de rendement peut aller jusqu’à 20 q/ha. « En monoculture, le traitement doit être systématique, surtout que la météo peut perturber les opérations de broyage et de déchaumage après récolte. »

Epandage aérien de trichogrammes.
L'épandage aérien de capsules de trichogrammes libère de la contrainte des dispositions manuelles des plaquettes. (©Terre-net Média)

« Je me soucie aussi de l’opinion publique, très virulente à l’égard des producteurs de maïs. La culture est associée à la consommation d’eau, aux Ogm… Le biocontrôle peut redorer l’image du métier. Même si le maïs perd de son intérêt à mesure que les coûts de production augmentent. Payer 550 €/ha pour l’eau, sans compter les équipements, pour un potentiel à 120 q/ha donc 1.500 €/ha de produit brut, ce n’est pas rentable. De fait, je réduis progressivement la part de maïs dans mon assolement. »

De Sangosse, depuis deux ans, commercialise en France Trichosafe, solution de lutte biologique à base de trichogrammes produits par Biocare, entreprise allemande, conditionnés en plaquettes ou en capsules. « Les plaquettes se posent à la main, à raison de trente par hectare, sur la première (G1) ou la deuxième génération (G2) de pyrale, explique Frédéric Pages, responsable technique et marketing grandes cultures région sud chez De Sangosse. Mais, dans la pratique, cet usage concerne plutôt le nord de la France pour une lutte en G1. » Dans le sud, les interventions ciblent à la fois pyrale et sésamie en G1. Les producteurs ont pour ce faire recours aux produits phytosanitaires. Par contre, si besoin sur la G2, alors que les maïs ont dépassé le stade limite de passage du tracteur, vu que les traitements phytos aériens sont interdits, la lutte biologique est une option. « En 2014, De Sangosse a protégé 1.500 à 2.000 ha avec des trichogrammes en plaquettes, 5.000 ha en capsules. »

                              Lutte contre la pyraleMoyen de lutte chimiqueLe biocontrôle contre la pyraleMaïs Bt contre pyrale 

Jusqu'à trois semaines de protection

« En l’absence de risque sésamie, l’option biocontrôle peut suffire. Son niveau d’efficacité dépend de son bon positionnement par rapport au moment de ponte des pyrales et de la densité de l’application. Nous conseillons 125.000 femelles par hectare sur la première génération et 185.000 sur la deuxième, ou 100 capsules par hectare en maïs de consommation, 200 en maïs doux, 250 en maïs pop-corn. L’investissement global est identique entre les deux solutions. Un hélicoptère fait le travail de cinq enjambeurs ! »

Capsule de trichogrammes
La lutte contre la pyrale avec les trichogrammes concerne environ
125.000 ha de maïs en France, soit environ le quart des surfaces
protégées contre l’insecte. Un succès ! (©Terre-net Média)

Les capsules sont faites en pâte à papier. Dans chacune sont déposés environ 2.500 œufs de teigne, eux-mêmes hôtes d’œufs de trichogrammes. Le fabricant assure la naissance d’un maximum de femelles, celles qui iront ensuite pondre dans les œufs de pyrale, les parasiter. Quatre jours seulement s’écoulent entre l’encapsulage et l’épandage au champ. C’est cette fraîcheur qui assure 70 % de femelles à l’éclosion. Les œufs sont choisis à des stades plus ou moins avancés, sept différents au sein de chaque capsule. Un trichogramme a une durée de vie de 8 à 10 jours. « Le décalage ainsi programmé des dates d’éclosion permet d’assurer une protection de la parcelle sur trois semaines. »

Sachant que l’efficacité de la méthode dépend du ciblage précis de la période sensible des pyrales, l’observation via les réseaux de piégeage est essentielle pour pouvoir lancer la fabrication des capsules au début des pontes. « Une fois les pyrales visibles dans les pièges, la commande est passée, la production lancée, pour une application la semaine suivante. Par contre, il est nécessaire d’avoir une estimation des hectares dès avril, affinée en juin. »

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