Ogm contre pyrale du maïs José Luis Romeo Martín, Ilche (Espagne) : « Zéro insecticide depuis dix ans »
En Espagne, la solution Ogm est une possibilité contre la pyrale. José Luis Romeo Martín, dont les cultures sont soumises à une forte pression de l’insecte, choisit des variétés de maïs Bt depuis plus de dix ans.
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José Luis Romeo Martín, agriculteur à Ilche dans la province de Huesca en Aragon, exploite 250 ha en orge, maïs et vigne. « Côté céréales, je fais la moisson des orges début juin. Je sème le maïs en direct juste derrière pour le récolter début novembre. Puis je broie les cannes avant de semer l’orge. Soit deux récoltes par an. » Du maïs fourrage couvre 10 ha pour l’alimentation des mille têtes du troupeau de moutons. Le reste est cultivé en maïs grain vendu à des fabricants d’alimentation du bétail qui nourrissent les 8 millions de porcs que la région produit par an. L’Espagne, quatrième producteur mondial de porcs, consomme la totalité de sa production de maïs et en importe.
Depuis plus de dix ans, cet agriculteur espagnol cultive un mix de 80 % de maïs de variétés génétiquement modifiées et 20 % de conventionnelles, « semées en bordures de parcelles, pour éviter le développement de résistances chez la pyrale ». « Avant l’arrivée de la technologie Ogm, je cassais le cycle de l’insecte en intercalant du ray-grass entre l’orge et le maïs, pour avoir une année complète sans maïs, et j’appliquais deux traitements insecticides en culture. » José Luis Romeo Martín évoque les dégâts que peut causer la pyrale en se nourrissant des grains mais surtout de l’intérieur de la tige, laquelle, affaiblie, va plier sous l’effet du vent. « La pression pyrale est telle que sans protection, je pourrais perdre jusqu’à 40 % de potentiel de rendement. Aujourd’hui, grâce aux variétés Bt, je peux alterner sans cesse orge et maïs. »
qu'un traitement insecticide délicat à positionner. (©Terre-net Média)
Surcoût de 15 % de la semence
Le coût de la semence Bt dépasse de 15 % celui de la semence conventionnelle. « Le surcoût doit être équivalent à un traitement insecticide mais l’Ogm est plus sûr face à la menace pyrale. La lutte chimique nécessite un positionnement très précis du traitement, parfois difficile à mettre en œuvre. Avec Bacillus thuringiensis, toute la plante devient toxique pour la pyrale et uniquement pour elle. L’efficacité est assurée à 100 % sans risque pour la faune auxiliaire. Et comme je sème en juin, j’évite les problèmes de cicadelles, contrairement aux semis d’avril. Finalement, je me passe d’insecticide depuis dix ans. Sauf il y a deux ans pour contrer une attaque de noctuelles. »
Le rendement moyen du maïs de l’exploitation atteint 120 q/ha, contre plutôt 90 q/ha avant, « grâce à l’arrivée des Ogm mais aussi aux progrès de la génétique. J’ai choisi pour cette campagne quatre variétés de maïs dans les gammes de Pioneer et Dekalb. Chaque variété Bt a une version conventionnelle pour nous aider à respecter les 80/20. Vu mon itinéraire technique, je privilégie les maïs tardifs à cycle court. »
« Je rêve d’une résistance au glyphosate »
En Espagne, un tiers des surfaces de maïs est cultivé avec des variétés génétiquement modifiées, soit 130.000 ha. « Les deux tiers restants n’ont pas de problème de pyrale donc pas besoin d’Ogm. » L’Aragon et la Catalogne doivent faire face à une importante pression pyrale. 80 % des maïs y sont Bt.
Contre les adventices, José Luis Romeo Martín fait un traitement de prélevée et un autre au stade 4-5 feuilles. « Je rêve d’un maïs résistant au glyphosate qui nous permettrait de détruire toutes les adventices en un passage après la levée, une fois qu’elles sont toutes sorties de terre. Les chercheurs de l’université de Huesca y sont parvenus mais, comme l’Union européenne n’autorise que le Bt, ils l’ont développé aux Etats-Unis. »
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