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Revenus agricoles Mieux payés demain ? (2ème partie)

Dans sa boule de cristal, la Commission européenne prédit des années heureuses pour les agriculteurs. Revenus en hausse et marchés porteurs, tout va bien se passer. Mais en est-on bien sûr ?

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Le revenu des agriculteurs européens augmentera au rythme de + 1,8 % par an au cours de la prochaine décennie. (©Fotolia)

La baisse crée la hausse !

« En 2023, le revenu réel par agriculteur sera supérieur de 46,8 % à la moyenne de la période de référence 2003-2007 », prévoit la Commission européenne. Youpi ! Mais comme souvent, il convient de regarder les chiffres de plus près. 

C’est d’ailleurs ce que fait la Commission. Premièrement : en ramenant le chiffre à l’année, le revenu des agriculteurs européens augmentera au rythme de + 1,8 % par an au cours de la prochaine décennie. Ce n’est qu’une moyenne. Et ce n’est pas beaucoup, vu les revenus actuels dans certaines productions et dans certains pays d’Europe de l’Est. 

Deuxièmement : cette progression a pour origine la réduction continuelle du nombre d’agriculteurs. Ceux qui resteront au bord de la route permettront aux autres de s’en sortir. On ne peut pas vraiment s’en réjouir. Le revenu global réel de l’agriculture européenne baissera de 15,1 %, soulignent ces projections à moyen terme.

Marchés favorables

(©Fotolia)
Selon les prévisions de la Commission européenne, les cours des principales productions agricoles de l’UE doivent se maintenir à des niveaux élevés durant les 10 ans à venir, surtout en raison de la demande alimentaire mondiale. Les cultures devraient bénéficier des besoins pour la fabrication de biocarburants. Les prix des céréales « devraient rester au-dessus de leurs moyennes historiques », avec un « resserrement du marché » et de faibles stocks. 

Le marché européen de la viande doit aussi profiter d’une reprise de la demande intérieure, avec le retour attendu de la croissance économique dans l’UE. La Commission table pour 2023 sur une consommation de 66,1 kg par personne, au niveau de 2011, après le "bas historique" de 2013 (64,7 kg). Au profit des volailles et dans une moindre mesure du porc. 

La consommation de viande bovine et ovine devrait reculer. Le fromage sera l’un des produits phares en Europe, absorbant l’essentiel de l’accroissement de la production prévue dans le secteur laitier.

Les prévisions n’engagent que ceux qui y croient

 (©Fotolia)
Ces projections sont dangereuses à plusieurs titres. La Commission européenne elle-même reconnaît qu’elles sont incertaines, car les risques climatiques ou la volatilité des marchés peuvent tout chambouler. Espérons que la nouvelle Pac ne soit pas basée sur ce seul espoir de marchés potentiellement porteurs. Ensuite, l’augmentation moyenne de revenu espérée cache de fortes disparités (cf. plus haut). 

Enfin, je crains une certaine fatalité. Voire une capitulation de l’Europe. Tant pis si les agriculteurs ne vivent pas du prix de leurs produits ? Exit le partage de la valeur ajoutée ? L’Union européenne a-t-elle pour seule perspective agricole des prix incertains, une perte de valeur ajoutée (1) et surtout une baisse du nombre d’agriculteurs ? 

La Commission ne devra pas s’étonner de s’entendre rétorquer qu’il n’y a qu’à faire pour les fonctionnaires européens comme ce qu’elle annonce pour les agriculteurs : réduire leur effectif pour pouvoir maintenir le salaire de ceux qui resteront. C’est lamentable. Et surtout inquiétant.

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