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Primaire de la Gauche Arnaud Montebourg propose aux agriculteurs de produire moins pour gagner plus

Le 25 septembre 2016, Arnaud Montebourg visitait l'exploitation de Philippe Collin, ancien porte-parole de la Confédération paysanne, installé à Blacy, dans l'Yonne. (©Montebourg)

[mis à jour] Arnaud Montebourg défend une position singulière pour le secteur agricole. Dénonçant le « dogme ultra-concurrentiel et la production intensive », le candidat à la primaire de la Gauche propose un modèle agricole avec une « productivité moindre » pour des « revenus substantiels ».

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Le 25 septembre 2016, Arnaud Montebourg visitait l'exploitation de Philippe Collin, ancien porte-parole de la Confédération paysanne, installé à Blacy, dans l'Yonne. (©Montebourg)

Il y avait le fameux « travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy. Il pourrait y avoir le « produire moins pour gagner plus » d’Arnaud Montebourg si, évidemment, il remportait la primaire de la Belle alliance populaire à laquelle il participe.

Pour élaborer ses propositions pour le secteur agricole, le frondeur candidat à la Présidentielle 2017 a sollicité un agriculteur bourguignon bien connu : le « responsable thématique » du candidat pour l’agriculture n’est autre que Philippe Collin, ancien porte-parole de la Confédération paysanne de 2009 à 2013.

En cohérence avec les positions défendues par le syndicaliste et la Confédération paysanne, Arnaud Montebourg défend une rupture avec « le dogme ultra-concurrentiel et la production intensive en Europe ». Selon lui, ces derniers ont « laissé nos agriculteurs avec leurs dettes, comme l’a montré la crise laitière ». « Nous devons libérer les nouvelles formes de production, assumer un modèle où la productivité sera moindre mais les revenus substantiels et notre écosystème protégé », affirme le député de Saône-et-Loire.

Avec le concours de Philippe Collin, le candidat du « Made in France » a présenté, à quelques jours du premier tour de la primaire, une « profession de foi » agricole dans laquelle il dénonce une « politique folle de libéralisation des prix comme la suppression des quotas laitiers, d’abandon de l’organisation des marchés. »

Le candidat entend décliner le « Made in France » au secteur agricole par la création d’un signe officiel de qualité appelé « qualité France ». « Ce sera là un outil essentiel pour assurer l’approvisionnement de la restauration collective qui vient d’être voté par l’Assemblée nationale. Il comprendrait par exemple l’interdiction des pesticides les plus problématiques, la limitation des quantités d’engrais sous les seuils communautaires, le respect de pratiques agricoles pertinentes et la prise en compte de la taille des fermes par actif. »

D’un point de vue économique, il souhaite revenir à une « fixation de prix minimum d’achats des denrées agricoles aux producteurs ». « C’était la base de l’Union européenne à 6 lors du Traité de Rome », argumente-t-il. Maintenir des agriculteurs nombreux passerait aussi par « une lutte contre la disparition des terres agricoles, en limitant l’urbanisation massive des meilleures terres et en soutenant l’installation de nouveaux agriculteurs.

Sur la question foncière, Arnaud Montebourg se prononce en faveur d’un « rapprochement, sans même exclure une fusion, des Etablissements publics fonciers régionaux et des Safer », et d’une augmentation de la taxation des changements d’usage des terres agricoles.

« Requalifier pour mieux produire et mieux protéger »

Arnaud Montebourg souhaite revoir la notion de compétitivité, « au profit de l’amélioration de la qualité comme élément de création de la valeur ajoutée ». « La dimension humaine de la compétitivité relative à l’investissement intellectuel dans les domaines de l’enseignement, la recherche et le développement est globalement insuffisante et nécessite un concours public plus important. »

Outre une meilleure protection des marchés agricoles du dumping social, l’élu bourguignon entend « élever les standards de qualité. » « La question n’est pas de savoir s’il faut ou pas des normes, mais de savoir lesquelles. (…) La fixation des normes est un élément d’une demande sociale de plus en plus forte dans les domaines sanitaires, de conditions d’élevage, de transformation des produits ; il faut prendre en compte cette demande pour peu que nous nous donnions les moyens de protéger nos marchés en contrôlant la circulation des produits dans des conditions qui ne respectent pas nos propres normes en prenant en compte les enjeux sociaux, territoriaux et écologiques. » Et le candidat de citer l’exemple des OGM : « Il est inadmissible que nous puissions continuer d’importer et d’alimenter des animaux avec des OGM alors que nous, et c’est heureux, n’en produisons pas pour ne pas tomber dans ce piège que sont les OGM. »

Le développement d’un label « qualité France » passerait aussi par un soutien accru des circuits courts », pour à la fois « développer une activité qui n’est pas délocalisable » et « rendre accessible une alimentation de qualité pour le plus grand nombre ».

A l'instar du salaire minimum, fixer des prix minimum d'achat des produits agricoles

Sur le plan européen, « l’autonomie, la souveraineté et la sécurité alimentaires demeurent fragiles », selon le candidat qui souhaite renégocier un nouveau Traité de Rome et surtout « redonner du sens au budget de la Pac ». « Il est inepte de consacrer une grande partie du budget de la Pac à des protections "d’assurance revenu"  alors qu’une protection efficace du marché communautaire permettrait d’assurer un revenu individuel pour tous. »

La meilleure protection selon Arnaud Montebourg est la « régulation des prix » associée à des dispositifs de protection « qui ne coûteront rien à la collectivité publique ». « Il faut envisager de réformer le droit de la concurrence européen et ainsi fixer des prix minimum d’achat des denrées au producteur comme il existe un salaire minimum ».

Cette refondation du projet européen passerait aussi par « le refus de ratifier les traités de libre échange internationaux » qui, comme le Tafta et le Ceta, ont été négociés « dans le dos des gouvernements ».

En matière de fiscalité, le candidat se prononce pour une baisse de la CSG pour les revenus inférieurs à 1 700 € bruts mensuels, et une réforme de la fiscalité des PME pour « ne pas inciter à la capitalisation » mais pour « développer l’accompagnement des investissements coopératifs, mutualistes et associatifs. »

Sur le plan organisationnel, Arnaud Montebourg considère que le ministère de l’agriculture doit être conforté, mais « avec des compétences partagées avec les ministères de la santé et de l’environnement sur la question de l’alimentation ». Il affiche par ailleurs son souci du respect du pluralisme syndical. « Contrairement à des politiques antérieurement menées par des gouvernements de droite, je considérerai toutes les organisations agricoles comme des partenaires naturels de l’action publique. (…) Il existe nombre de modifications à faire pour que la pluralité syndicale soit effective notamment dans les financements des organisations. »

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