Marché du blé P. Fargeau, trader : « un avis assez baissier pour la fin de la campagne »
À l'occasion d'une réunion technique hiver organisée par le Groupe Carré le 7 février 2023 à Gouy-sous-Bellonne (Pas-de-Calais), Philippe Fargeau, trader chez Olam Agri, livre son avis sur les tendances de marché du blé pour les mois à venir. (Article publié initialement le 08/02/2023 à 11h45)
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« La France a connu un début de campagne d'exportations très dynamique, entre juillet et décembre. On est à 8 Mt de blé exportées, sur les 10 Mt prévus pour la campagne. Au 1er janvier, l'Hexagone était alors à 75-80 % de ses objectifs, ce qui est assez inhabituel », observe Philippe Fargeau, trader chez Olam Agri (branche dédiée aux grains du groupe Olam*), devant une assemblée d'agriculteurs réunis à la Ferme pilote du Groupe Carré. Parmi les principaux importateurs du pays : l'Égypte, le Maroc et la Chine. »
* Groupe international spécialisé dans le commerce de matière premières agricoles, dont le siège social est situé à Singapour.
Des stocks mondiaux globalement élevés
« Bien que le blé français soit très engagé, il doit toujours rester dans la course pour finaliser les 2 Mt d'export restants. » Pour l'expert, « ce n'est pas si évident que ça. [...] En effet, sa compétitivité est désormais mise à mal, les stocks mondiaux sont globalement élevés et la demande s'essouffle ».
Philippe Fargeau livre alors un « avis plutôt baissier concernant les prix du blé pour la fin de la campagne ». « Ce sont les pays exportateurs qui définissent les prix », rappelle-t-il. L'expert détaille quelques éléments de son analyse. Auparavant « pré carré des blés français », l'Algérie fait défaut sur le banc des importateurs. « Le pays a revu depuis près de 3 ans son cahier des charges et achète désormais du blé de toutes origines. La France entre, par exemple, en concurrence avec la Russie. »
Autre élément à noter : « le Maroc, qui a été jusque-là très actif, achète du prix avant tout et les stocks de blé allemand à 11,5 % de protéines pourraient nous faire de l'ombre ». « Il reste aussi des volumes de blé balte, allemand, bulgare et roumain (12,5 % de protéines) à exporter encore. » De son côté, « la Russie, qui a connu un début de campagne d'exportations assez timide, est désormais en accélération : le pays a notamment réalisé de gros exports en janvier et dispose de moins en moins d'écart de fret avec l'Union européenne (Algérie : 30 € à 15 €). L'Algérie et l'Égypte sont largement ciblés, mais certains importateurs restent réticents ». « Le fait que l'euro soit fort ne nous aide pas non plus, ajoute Philippe Fargeau. Quid de la récente baisse ? »
Plusieurs éléments d'incertitude
D'ici la fin de la campagne, il reste toutefois plusieurs éléments d'incertitude. Parmi eux, « l'extension ou non du corridor céréalier en mer Noire après le 18 mars, et un potentiel regain de tension entre la Russie et l'Ukraine... Les pays souhaitant sécuriser leurs achats se tourneraient alors vers d'autres pays exportateurs. »
Autre point : « l'état des cultures dans le monde. Les États-Unis n'ont pas bénéficié, jusque-là, de conditions favorables. En Russie, plusieurs zones sont restées sans couverture neigeuse, les parcelles pourraient alors pâtir des effets du gel. La situation reste également toujours compliquée en Ukraine et les experts tablent sur une production de 15 Mt cette année, contre 34 Mt il y a 2 ans. »
À la fin de la présentation et au vu de tous ses éléments, Jean Leray, responsable du service céréales pour le Groupe Carré, a repris la parole pour rappeler à ses clients agriculteurs « d'être prudents, notamment vis-à-vis de l'effet ciseau ».
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