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Marché des céréales L’USDA plombe les cours des grains américains, le corridor ukrainien pèse peu

Le blé américain a perdu 4,34 %, tandis que le maïs a abandonné 3,84 % et le soja 2,10 % sur les principales échéances.

Les cours du blé, du maïs et du soja ont chuté mercredi après la publication d'un rapport américain, dont les estimations de rendement sont ressorties au-dessus des attentes du marché, peu préoccupé par l'incertitude concernant les exportations ukrainiennes.

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Le rapport Wasde du ministère américain de l'Agriculture (USDA) est très suivi par les opérateurs car il donne des prévisions américaines et mondiales de production et d'échanges des principales matières premières agricoles. « Les marchés américains baissent parce (que l'USDA) a augmenté (l'estimation de) production américaine de maïs et de blé », a commenté Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage.

Dans l'édition de juillet de son rapport Wasde, l'USDA table en effet sur un rendement du blé américain en hausse de près de 3 % par rapport à l'estimation de juin. Cette réévaluation a surpris dans la mesure où plusieurs régions clés de culture de la céréale reine ont vécu, ces derniers mois, d'importants épisodes de sécheresse.

Quant au maïs, le gouvernement américain a relevé de 1,4 million de tonnes sa projection de production sur la campagne en cours, selon le document publié mercredi, principalement du fait d'un accroissement des surfaces dédiées au grain jaune. « Les fonds (d'investissement qui sont engagés dans les matières premières) avaient lourdement acheté ces derniers temps » et « sont en train de revendre parce qu'au niveau américain, on a des stocks (de fin de période) un peu plus lourds que prévu », a décrit Damien Vercambre.

Au niveau mondial, la production de blé a néanmoins été revue en baisse, avec des contractions au Canada, en Argentine et en Union européenne qui font plus que compenser la hausse américaine. « C'est un bilan qu'il faut exclusivement lire au niveau américain pour expliquer » le décrochage des cours à la Bourse de Chicago, a prévenu Damien Vercambre.

Le blé américain est tombé mercredi à son plus bas niveau depuis près d'un mois, perdant 4,34 %. Le maïs a abandonné 3,84 % et le soja 2,10 % sur les principales échéances. Le marché européen avait clôturé avant la publication du rapport.

En attendant la Russie

Pour Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting, l'effet des chiffres publiés mercredi a été renforcé par les conditions météorologiques actuelles, favorables aux cultures aux États-Unis. « La pluie tombe drue dans les régions les plus sèches de l'Iowa et il semble qu'elle va se déplacer vers l'Illinois », détaille l'analyste, au sujet des deux plus gros États producteurs de maïs qui assurent, au total, près d'un tiers de la récolte américaine.

Le marché fait peu de cas de l'approche de l'échéance de l'accord sur le transport des céréales ukrainiennes par la mer Noire, le 17 juillet. Les négociations « se poursuivent » sur le dossier, a assuré mercredi le président turc Recep Tayyip Erdogan. La Russie avait indiqué, le 4 juillet, ne voir « aucune raison de poursuivre » cet accord.

« Nous pensons que le dispositif va être prolongé parce que c'est dans l'intérêt de la Russie », a fait valoir Jake Hanley de Teucrium Trading. « Cela leur laisse un atout pour négocier » sur d'autres sujets, selon l'analyste. L'accord stabilise la situation en mer Noire, ce qui bénéficie à l'Ukraine mais aussi à la Russie, « qui a des masses d'engrais et de pétrole » à exporter, notamment pas cette voie maritime, ajoute M. Hanley.

Mercredi, le marché a aussi été surpris par le maintien, par l'USDA, de l'estimation de rendement du soja américain, « alors qu'on s'attendait à ce qu'elle soit abaissée », a souligné Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Autre élément négatif pour les cours de l'oléagineuse, « les exportations (américaines) ont chuté », a relevé Jake Hanley avec 3,4 millions de tonnes en moins par rapport à la précédente estimation. Le soja américain a souffert, ces derniers mois, du dollar fort ainsi que de la montée en puissance du Brésil, dont la production est prisée de la Chine, de loin le premier importateur mondial de cette plante légumineuse.

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