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Difficultés économiques Le dispositif de soutien aux agriculteurs en difficulté renforcé

Outre les procédures collectives classiques assez peu utilisées dans le secteur agricole, le dispositif d'aides à la relance des exploitations agricoles a été renforcé en 2019. (©Pixabay)

Ex-Agridiff, le dispositif de soutien en faveur des exploitations agricoles en difficulté a été réformé pour offrir un meilleur suivi et une meilleure prise en charge des agriculteurs.

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Déjà en 2018, le dispositif « Agridiff » avait fait peau neuve, étant ainsi renommé AREA (aides à la relance des exploitations agricoles). Ouvert à un plus grand nombre de bénéficiaires, il a offert une plus grande confidentialité aux exploitants.

En 2019, deux nouveaux textes sont venus renforcer le dispositif pour améliorer le suivi des exploitations en difficulté et leur prise en charge.

Un plan de restructuration de 3 ans minimum

Pour bénéficier des aides aux exploitations en difficulté, l'entreprise doit dorénavant faire l'objet d’un audit, réalisé au cours des douze derniers mois précédant la date de dépôt de la demande d’aides. Cet audit, réalisé par un expert choisi par l’exploitant sur une liste établie par le préfet, doit démontrer une perspective de retour à la viabilité grâce à des engagements pris dans un plan de restructuration. L'exploitation doit également justifier, au vu du dernier exercice comptable clos ou sur la base du dernier arrêté des comptes :

À partir de l'audit, si une restructuration est nécessaire et de nature à permettre le redressement de l'exploitation, le préfet peut arrêter un plan de restructuration en accord avec les principaux créanciers de l'agriculteur, pour une période qui n'excède pas sept ans (elle était de trois à cinq ans précédemment).

Ce plan doit comporter, en plus des justificatifs aujourd’hui demandés, un engagement à ne pas augmenter sa capacité de production au cours du plan, un engagement à maintenir son activité de production agricole jusqu’au terme du plan et une présentation des résultats escomptés. Le suivi technico-économique qui accompagne ce plan de restructuration est au minimum de trois ans (jusqu’ici c’était un maximum).

Un soutien public

Comme dans le dispositif précédent, les agriculteurs en difficulté peuvent prétendre à trois aides financières :

Pour bénéficier de ces aides, l’exploitant doit remplir certains critères liés à l’âge, la capacité professionnelle ou encore sa durée d’activité. Son entreprise doit aussi remplir des conditions liées à sa taille et au nombre de salariés. Elle doit en outre répondre à trois des critères suivants au vu du dernier exercice comptable clos ou sur la base du dernier arrêté des comptes :

Quand les agriculteurs parviennent à ces niveaux de difficultés, leur situation devient très compliquée à redresser. Ils attendent souvent trop longtemps avant de demander de l’aide. Or, il ne faut pas avoir honte, la plupart des difficultés sont directement liées à la conjoncture. Et prises suffisamment tôt, elles permettent de redresser la situation pour repartir sur de bonnes bases.

Pour une exploitation, toutes productions confondues, il faut surveiller quelques ratios au-delà desquels les signaux d’alerte sont au rouge : 

Ratios

Seuils d’alerte rouge

Dettes long et moyen terme / EBE*

> 3 (3 années d’EBE ne suffisent pas à rembourser les dettes LMT)

EBE/Produits d’exploitation

< 30 % (la rentabilité de l’activité est trop faible)

Annuités/EBE

> 60 % (au-delà, trop d’emprunts, annuités trop élevées ou EBE trop faible)

FFCT**/Produits d’exploitation

> 4 % (intérêts d’emprunts court terme trop élevés)

Capitaux Propres/ Total Bilan

< 25 % (indicateur d’autonomie financière en deçà duquel il ne faudrait pas descendre)

*Excédent brut d’exploitation, **Frais financiers court terme

La marge de sécurité de l’entreprise est aussi un indicateur important à contrôler. Le solde de trésorerie final, après déduction des emprunts, des prélèvements privés et de la MSA, doit rester positif.

(1) Ces nouvelles dispositions sont issues d’un décret et d’un arrêté du 4 juin 2019. Elles s’appliquent aux demandes n’ayant pas fait l’objet d’une décision avant le 5 juin 2019.

Auteur : Romain Rabreau, conseiller de gestion au cabinet Fiteco, membre d’AgirAgri.

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