Semis 2023 Faut-il décaler la date de semis des céréales à paille d’hiver ?
Les semis de céréales à paille 2023 sont lancés ! Et avec eux, reprend le débat sur le choix du bon créneau de semis. Si les conditions météo actuelles sont propices au démarrage des chantiers, agriculteurs et experts ont bien en tête les inconvénients que peuvent engendrer des implantations précoces…
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La campagne 2023-2024 débute pour les céréales à paille, comme le confirme le dernier rapport hebdomadaire Céré’Obs de FranceAgriMer. Il comptabilise 5 % des surfaces d’orge d’hiver semées au 2 octobre, contre 8 % l’an dernier à la même date et 7 % sur la moyenne 2018-2022. En région, cela se traduit précisément par 26 % des surfaces emblavées dans le Grand-Est, 3 % en Bourgogne-Franche-Comté et 1 % en Centre-Val de Loire.
Pour le blé tendre, les semis ont également commencé pour 2 % des surfaces nationales selon l’observatoire (2 % en 2022 et 4 % sur la moyenne quinquennale). La région la plus avancée est le Grand-Est avec 11 % des surfaces emblavées, suivies de la Bourgogne-Franche-Comté, de la Normandie et des Hauts-de-France (toutes les trois à 1 %).
Début semis de blé!!! pic.twitter.com/rFcYB2Y1HY
— lirochon (@benlirochon) October 5, 2023
Dans les Hauts-de-France justement, les équipes régionales d’Arvalis appellent cependant à la patience, « au vu des inconvénients que peuvent engendrer des implantations précoces. En effet, en semant tôt avec ces conditions climatiques presque estivales, le risque est de taille ». « Les levées vont être rapides, les plantes vite installées et toutes disposées à accueillir les pucerons friands de ces conditions météo », soulignant un fort risque virose. « De plus, la campagne 2022-2023 nous l’a encore montré, la satisfaction sur le désherbage des graminées n’est pas bonne. Or, semer tôt, c’est prendre le risque d’une pression adventices encore plus élevée, d’autant plus que les levées vont être très rapides, rendant difficile le positionnement des désherbages de prélevée ».
Décaler la date de semis de 15 à 20 jours pour les parcelles les plus infestées ?
« Des essais réalisés depuis de nombreuses années ne cessent de démontrer l’intérêt de retarder la date de semis du blé ou de l’orge pour limiter la levée des graminées adventices. Un décalage de 15 à 20 jours par rapport à un semis le 1er octobre réduit la population de vulpins d’environ 50 % », notent les équipes Arvalis de Bourgogne-Franche-Comté, avec les partenaires de « Objectif cultures propres ».
« De plus, les essais plus récents ont permis de relativiser la possible perte de rendement liée à cette pratique. En effet, les automnes doux favorables au développement et les variétés plus souples en termes de dates de semis permettent de limiter ces potentielles pertes. »
Pas simple toutefois de résoudre l’équation pour les agriculteurs, commente Aurélien Chaine sur X (anciennement Twitter) : « il faut retarder les semis, or la tendance est à l’augmentation des surfaces traitées par machine et par UTH. Sans compter que 80 % des semoirs qui font plus de 50 ha par jour craignent les conditions humides ». « L’idée n’est pas forcément de décaler sur toute l’exploitation, complètent les équipes Arvalis, mais de se focaliser sur les parcelles les plus infestées. »
Je m’arrête voir un client d’@OlivierCOSTE2 en plein semis de blé 🌾.
— Emmanuel BONNIN (@BONNIN1402) October 5, 2023
Fera-t-il une BDD?
Laissera-t-il 3ha pour semer #Prestance à la bonne date ?
4 barbus pour le renouvellement : mais quels sont les 2 autres ?
Un vieux @GroupeFDesprez
Un autre #Secobra préféré de @pons_sylvainpic.twitter.com/MELAOEsyu7
Plusieurs leviers agronomiques mobilisables
D’autres leviers agronomiques entrent également en jeu, précise Philippe Pluquet, responsable techniques productions végétales de la coopérative Noriap, comme « l’allongement de la rotation, en rompant le cycle habituel des cultures sur l’exploitation, avec par exemple une culture d’hiver qui sera suivie de deux cultures de printemps, puis retour à une culture d’hiver. Cela permet à la fois de perturber le cycle des adventices et d’utiliser des herbicides de familles chimiques différentes ».
L’expert met également en avant le travail du sol avec le labour. « Efficace après un premier échec de désherbage sur une parcelle, il n’est cependant pas à systématiser. Si on cumule plusieurs échecs et que l’horizon superficiel des graines d’adventices, il devient moins efficace. À noter que lors d’un premier échec de désherbage contre le ray-grass, un passage d’écimeuse courant ou fin mai, puis un labour pour la culture suivante peut être une bonne option. »
Les experts s’accordent aussi sur l’intérêt de réaliser des faux-semis. « Cela demande une préparation fine, superficielle et retassée en surface, avec un matériel adapté, pour établir un bon contact sol-graine et pour garder l’humidité du sol. Il ne doit pas être confondu avec une action de préparation de sol ou de destruction des adventices levées. Il faut a minima une dizaine de jours entre la réalisation du faux-semis et le semis. »
Les outils de désherbage mécanique peuvent également être des compléments intéressants dans ce contexte, ajoute le responsable de la coopérative, qui travaille le sujet depuis trois ans dans ses essais. « La herse étrille utilisée quelques jours après le semis montre une bonne efficacité contre les graminées, et notamment le vulpin en phase de levée. Elle a aussi son intérêt fin février/début mars, en reprise de végétation. À une seule condition toutefois : avoir un sol ressuyé, suivi de 4 à 5 jours sans pluie pour que les adventices puissent être détruites. Dans nos essais au global, nous avons pu noter jusqu’à 30-40 % d’efficacité supplémentaire amenée par cette pratique. Nous travaillons également le binage des céréales à l’automne et en sortie d’hiver, avec des pistes très prometteuses. »
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