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Manifestation du 5 novembre La Fnsea mobilise mercredi dans un climat potentiellement explosif

Paris, 3 nov 2014 (AFP) - Les agriculteurs de la Fnsea, avec les Jeunes Agriculteurs et les Chambres d'agriculture, se mobilisent mercredi pour exprimer à nouveau leur lassitude, dans un climat explosif ravivé par le débat autour du barrage de Sivens.

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Des actions sont prévues dans quasiment tous les départements, prenant différentes formes : des centaines de tracteurs sont attendus à Pau, tandis que les agriculteurs franciliens distribueront gratuitement des fruits et légumes place de la République à Paris.

Dès la rentrée, le monde agricole n'a pas caché sa colère. Embargo russe sur les produits alimentaires, effondrement des cours des céréales, revenus en berne et élargissement de la directive nitrates : manque de compétitivité et empilement de contraintes rendent le travail des exploitants « impossible », explique Guy Vasseur, président des Chambres d'agriculture.

L'exaspération est allée jusqu'à l'incendie fin septembre d'un centre des impôts et de la Mutualité agricole à Morlaix, dans le Finistère. Dépassée par sa base, la Fnsea a depuis tenté de reprendre l'initiative, multipliant les rendez-vous jusqu'à Matignon, et portant huit revendications. Depuis, au moins deux d'entre elles sont tombées. Le gouvernement a enterré sine die l'écotaxe et le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a procédé au versement par anticipation de 3,4 milliards d'euros d'aides de la Politique agricole commune (Pac).

Craintes de débordements

Mais il reste au moins deux points de rupture : la Fnsea et son allié Jeunes Agriculteurs ne veulent pas du « zonage directive nitrates tel qu'il est annoncé », et ils demandent par ailleurs aux collectivités et à l'État de montrer l'exemple en confectionnant en restauration collective au moins deux plats sur trois à partir de produits français.

La dernière réglementation sur les nitrates (dérivés des engrais azotés) a fait basculer près de 4.000 communes et 63.000 exploitations dans l'illégalité et leur impose des investissements parfois coûteux pour limiter la pollution des eaux et une éventuellement prolifération d'algues vertes.

Les Chambres d'agriculture se sont, elles, greffées aux actions pour dénoncer la ponction par l'Etat de 60 millions sur leur budget (700 millions). Mercredi, elles seront « portes fermées » et n'assureront que les urgences. « Dans les milieux agricoles tout est explosif. Et là, il y a la dégradation des marchés, les règlements où la France en ajoute par rapport à Bruxelles et la goutte d'eau de l'élargissement de la directive nitrates », explique Guy Vasseur.

Le barrage de Sivens a contribué à raviver l'exaspération : les agriculteurs craignent l'abandon d'un projet destiné à irriguer les exploitations agricoles. Après la mort d'un militant écologiste lors d'une manifestation le président de la Fnsea, Xavier Beulin, n'a pas hésité à traiter de « djihadistes verts » les opposants au projet. « Cette retenue d'eau, il faut la faire » car de nombreux agriculteurs sont confrontés à de véritables difficultés d'irrigation, a surenchéri lundi Dominique Barrau, secrétaire général.

Les milieux agricoles suivront de près les éventuels arbitrages donnés mardi après une réunion des élus locaux et la ministre de l'Écologie, Ségolène Royal. « Il pourrait y avoir des propos qui mettent le feu au poudre », craint Guy Vasseur. Dominique Barrau appelle « au calme » rappelant qu'« une manifestation réussie, c'est une manifestation où la violence ne doit pas prendre le dessus ». Mais le syndicaliste craint « la possibilité de quelques débordements à Toulouse ». Sur place, Stéphane Gieules, président de la Frsea Midi-Pyrénées rappelle que l'action portera surtout sur la directive nitrates et les zones vulnérables et que le barrage de Sivens « n'est pas du tout l'objet du rassemblement ».

De son côté, le syndicat minoritaire de la Coordination rurale avait demandé une manifestation conjointe « afin de s'unir contre la directive nitrates ». Mais ni Fnsea/JA ni l'autre syndicat minoritaire de la Confédération paysanne n'ont répondu favorablement à cette demande. 

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