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Semis 2025 : « après deux automnes pluvieux, on retrouve un peu d’espoir »

Trois agriculteurs font part de conditions de semis globalement bonnes pour les céréales à paille 2025/26.

Petit tour de plaine automnal pour faire le point sur les semis de céréales à paille, qui se sont déroulés dans de bonnes conditions. Aujourd’hui, « les inquiétudes semblent plus de l’ordre économique qu’agronomique » pour les agriculteurs.

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Au 17 novembre, 98 % des surfaces d’orge d’hiver et de blé tendre sont dans un état bon à très bon, contre 84 % et 88 % l’an dernier à la même date, peut-on lire dans le dernier rapport Céré’Obs.

Et ce constat semble se vérifier sur le terrain : « tout est bien levé aujourd’hui » chez Alexis Leherle. L’agriculteur marnais a pu semer la majeure partie de ses céréales à paille entre le 5 et le 20 octobre. Il note toutefois que « certaines parcelles ont eu un peu de mal à décoller » et souligne « la présence de pucerons pendant une longue période avec des températures douces. Maintenant, il reste les derniers blés de betteraves à semer. Les arrachages terminés mardi se sont déroulés dans de bonnes conditions, c’est une bonne chose », ajoute-t-il.

95 % des surfaces de blé tendre semées au 17 novembre

En Indre-et-Loire, David Forge dit retrouver de l’espoir après deux années de semis d’automne perturbés : « on n’est pas arrivé au bout de la campagne, mais ça démarre bien et ça fait plaisir ! On a préféré attaquer les semis début octobre, un peu plus tôt que d’habitude, de peur de subir une nouvelle année pluvieuse et même si on s’expose plus aux risques pucerons et adventices. J’ai pris soin de désherber les parcelles les plus sales tout juste après le semis », note le producteur. Il a aussi choisi un mélange de 4 variétés de blé tendre tolérantes à la mosaïque, car « le virus responsable est bien installé » dans ses sols limoneux

L’observatoire Céré’Obs de FranceAgriMer estime à 95 % les surfaces de blé tendre semées au 17 novembre, 79 % sont levés et 18 % au stade tallage. En orge d’hiver, 98 % de la sole est emblavée, 89 % levée et 25 % au stade tallage. Les semis de blé dur et d’orge de printemps à l’automne avancent aussi, respectivement 66 % et 14 % des surfaces semées (contre 50 % et 4 % l’an dernier à la même date).

Agriculteur près de Auch dans le Gers, Jean-Claude Pujos fait part de « semis d’automne plutôt sportifs. La pluie n’est revenue que fin septembre (60 mm). Les premiers colzas sont réussis, les derniers une catastrophe ! On n’a pas eu beaucoup d’eau pour faire germer. 15 ha ont dû être resemés en blé tendre fin octobre. Comme ils n’ont pas été désherbés, un seul travail du sol a suffi. Les parcelles sont aujourd’hui dans un bon état végétatif et devraient bien passer l’hiver », note l’agriculteur.

Si le froid arrête leur déplacement, la vigilance reste de mise vis-à-vis des pucerons, comme le précisent les bulletins de santé du végétal des régions Auvergne Rhône-Alpes et Hauts-de-France. L’activité des pucerons peut reprendre en cas de redoux, il est recommandé de surveiller les parcelles jusqu’au stade « début tallage ».

« Mieux vaut intervenir plus tard que trop tôt pour les pucerons »

Pour les semis avant le 20 octobre, « la pression très importante des ravageurs exercée dès la levée a généralement conduit à une intervention et parfois son renouvellement. S’il n’a pas été fait, attendre les conditions plus douces prévues la semaine prochaine pour observer et décider sa pertinence », notent les équipes Arvalis du Poitou-Charentes. Elles rappellent : « le seuil d’intervention face aux pucerons d’automne est atteint quand 10 % de plantes portent au moins un puceron, ou quand leur présence se prolonge sur la culture au-delà de 10 jours. »

En ce qui concerne les semis plus tardifs, « les parcelles les plus avancées de cette période ont atteint ou dépassé le stade 2 feuilles avec une première intervention la semaine dernière en région Poitou-Charentes ; le reste est à 1 feuille ou moins, compte tenu des températures actuelles. À ce stade, il est trop tôt pour intervenir. Attendre les conditions plus douces prévues semaine prochaine pour observer et intervenir si nécessaire. Si une première intervention est cependant déjà réalisée, son efficacité risque d’être limitée par le faible développement de la culture ; il sera peut-être nécessaire de la renouveler après observation quand les conditions seront de nouveau favorables. »

« Ne pas systématiser l’association d’herbicide et d’insecticide : vaut mieux traiter plus tard que trop tôt pour les pucerons, c’est le contraire pour le ray-grass ». Des dégâts de limaces sont également signalés dans plusieurs régions, mais les températures basses limitent leur activité.

« Des inquiétudes économiques »

« À ce stade de la campagne, les inquiétudes sont plus économiques qu’agronomiques, confie Alexis Leherle, entre les prix des céréales et ceux des engrais. »

« Le marché de l’azote s’inscrit, en effet, dans une dynamique particulièrement agitée alors que la fin d’année approche. Les producteurs avancent leurs approvisionnements pour sécuriser des volumes avant l’entrée en vigueur de taxes encore mal définies mais dont l’application paraît quasi certaine. Cette opacité réglementaire entretient l’inquiétude, tandis que la logistique ajoute une couche supplémentaire de tension, explique l’analyste Nicolas Pinchon sur Terre-net. Le manque de transporteurs disponibles limite les capacités de livraison et contribue directement à la hausse des prix, notamment sur les produits les plus sensibles. »

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