Taxe carbone aux frontières: des pays de l'UE craignent pour le prix des engrais

En pratique, les engrais azotés importés notamment depuis de grands pays gaziers comme la Russie seront taxés s'ils ne respectent pas les standards européens en matière de prix du carbone.
En pratique, les engrais azotés importés notamment depuis de grands pays gaziers comme la Russie seront taxés s'ils ne respectent pas les standards européens en matière de prix du carbone. (©kyrychukvitaliy , AdobeStock)

« Les céréaliers français sont extrêmement inquiets », a déclaré la ministre française de l'agriculture, Annie Genevard, lors d'une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles.

« Le mécanisme carbone appliqué aux engrais va renchérir énormément les coûts de production » agricole, a-t-elle fait valoir, parlant d'une « situation alarmante ». Elle a appelé à « neutraliser ce surcoût ». Une poignée de pays européens sont allés dans le même sens, selon des sources diplomatiques au sein des 27.

Pour verdir ses importations, l'UE a lancé en 2023 le « mécanisme d'ajustement carbone » aux frontières (MACF, ou CBAM en anglais), en phase de test avant de devenir pleinement opérationnel à partir de 2026.

Cette « taxe carbone » s'applique à l'acier, l'aluminium, le ciment, les engrais, l'électricité et l'hydrogène, des secteurs extrêmement polluants et exposés à une forte concurrence internationale.

« Torpillage économique »

Elle vise à imposer aux importations un prix du carbone similaire à celui en vigueur en Europe, où les entreprises payent pour polluer. L'Europe met en avant un mécanisme vertueux, qui incite le reste du monde à être plus exigeant en matière environnementale.

En pratique, les engrais azotés importés notamment depuis de grands pays gaziers comme la Russie seront taxés s'ils ne respectent pas les standards européens en matière de prix du carbone. Il y a un mois, les représentants des céréaliers français avaient dénoncé une potentielle explosion des prix des fertilisants, un « torpillage économique ».

Interrogée par l'AFP, la Commission européenne est « consciente des préoccupations du secteur agricole », selon une source interne, qui souligne également que les engrais à base d'azote sont « particulièrement » émetteurs de carbone.

L'objectif de la taxe carbone aux frontières est « de soutenir la décarbonation de la production d'engrais, tant dans l'UE qu'à l'étranger, en faisant en sorte que les produits importés paient un prix du carbone similaire à celui dont s'acquittent déjà les producteurs européens », a rappelé cette source.

« La Commission surveillera l'impact du mécanisme sur le prix de ces engrais, notamment via l'Observatoire du marché des engrais, et se tient prête à examiner des mesures d'accompagnement si nécessaire », a-t-elle conclu.

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