Trouver le bon créneau de semis pour les céréales, pas une mince affaire

Semis de céréales d'hiver
Quelle est votre stratégie pour les semis de céréales d'hiver ? N'hésitez pas à partager votre expérience dans les commentaires. (©Stéphane Leitenberger/Adobe Stock)

Dans le Perche, au nord-ouest de l’Eure-et-Loir, Luc Lorin est actuellement en train de labourer pour les semis de blé tendre. Ceux d’orge d’hiver sont terminés. « Les chantiers se déroulent toujours à peu près dans cette période. Dans le secteur, passé le 20 octobre, on peut y laisser des plumes : entre un semis du 1er et un autre au 30 octobre, c’est 10 q/ha en moins », estime l’agriculteur. « C’est sûr, une parcelle infestée peut aussi faire perdre 15 q/ha, mais on maîtrise encore le peuplement des adventices sur nos parcelles ».

Passionné de météo, l’agriculteur relève des données depuis 35 ans. Il établit sa stratégie en fonction de plusieurs modèles météo qu’il étudie et selon son contexte pédo-climatique. « Ça donne une tendance, même à 60-65 % de probabilité, je préfère m’y fier que d’y aller au pifomètre. »

Dans le nord-est de la Meuse, Adrien Tabary a aussi avancé ses semis d’orge d’hiver. Situées à 330 m d’altitude, ses parcelles ont tendance à « moins bien ressuyer. Pour les blés, les champs sont plus bas en altitude, on pense démarrer plutôt en fin de semaine ou la semaine prochaine, selon les conditions météo. On a eu de la pluie ce week-end (20 mm), précise le producteur. Beaucoup de voisins ont entamé voire fini leurs emblavements d’orge d’hiver et démarré aussi pour les blés. Ce sont des dates habituelles dans le secteur. On a déjà emblavé des blés au mois de novembre après maïs, mais s’il se met à pleuvoir, cela peut être compliqué dans les terres argileuses ».

Plus de souplesse grâce aux couverts

L’agriculteur meusien a démarré le semis direct sous couvert il y a une dizaine d’années (avec un semoir à disques). « J’avais tendance à attaquer les semis de céréales d’hiver 10 jours avant les autres, mais plus maintenant. La minéralisation se fait bien et on a une bonne fertilité des sols. » Adrien Tabary surveille de près les pucerons, et intervient quand c’est nécessaire. « L’année dernière, on n’a pas eu besoin. Les autres années, j’utilisais des variétés d’orge tolérantes à la JNO, mais très peu sont adaptées au débouché brassicole. »

Pour la gestion des adventices, il mise avant tout sur les couverts et une rotation longue : « ça fonctionne bien ! » « L’autre avantage des couverts, c’est qu’ils permettent de revenir dans les champs plus rapidement et offrent ainsi plus de souplesse pour les chantiers de semis », observe Adrien Tabary. « On a 60 ha de blé tendre environ, cela peut être fait en 3 jours. On prend soin de passer le rouleau après le semis, pour aplatir aussi le couvert. »

À l’inverse, Cédric Gillet, installé dans le sud-ouest de la Sarthe, vise un début des semis fin octobre/début novembre. « Personne ne démarre tôt dans le coin, on a un climat assez doux, propice aux pucerons et surtout des terres qui ressuient vite. L’an dernier, on a pu semer dans de bonnes conditions début novembre et les rendements étaient très bons. On n’applique jamais plus d’un insecticide, et les semis tardifs permettent d’avoir plus de temps pour placer les herbicides racinaires », explique l’agriculteur.

« Ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier »

Après la très mauvaise récolte de 2024, Sébastien Guérinot opte, lui, sur une période de semis très étalée. « Au fil du temps, on apprend à s’adapter, note le producteur, basé au sud de Provins en Seine-et-Marne. « C’est tentant d’avancer rapidement quand les conditions le permettent, mais il faut aussi faire attention. » 

Sébastien Guérinot ne veut pas « mettre tous ses œufs dans le même panier. C’est la même chose pour le choix variétal : on est passé à 5-6 variétés de blé tendre, au lieu de 2-3 auparavant », ajoute-t-il. On démarre toujours les semis de blé début octobre et on sème une trentaine d’hectares chaque semaine, pendant 7 semaines (environ 200 ha), en adaptant les variétés et la densité de semis. Cela permet d’étaler le travail et le suivi des parcelles, notamment vis-à-vis des pucerons. On couvre les premiers semis entre 1 et 3 feuilles, et on n’a généralement pas besoin de traiter les derniers. On essaye de semer tôt dans les argiles ou les limons battants, et on attend plus longtemps pour les sols filtrants. »

Dans le cas de parcelles sales, l’agriculteur indique « changer son fusil d’épaule et s’orienter alors vers une culture de printemps, comme le tournesol. Cela représente un bon levier pour gérer les graminées et c’est un bon précédent au niveau de la structure du sol ».  « Je privilégie aussi les faux-semis avec un déchaumeur lourd dans de bonnes conditions pour la gestion des adventices, les terres ne sont pas usantes, ni trop sujettes à l’érosion. Cela permet aussi de faire de la prévention contre les limaces et de gérer les résidus de paille. »

Autre élément à prendre en compte : les sangliers, très présents sur une partie de l'exploitation. Pour s'en prémunir, Sébastien Guérinot estime que « la meilleure solution, c'est d'utiliser une variété de blé barbu, Prestance notamment, mais il faut bien attendre le 20-25 octobre pour l'implanter dans notre secteur ».

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