Une troisième année dans le rouge pour les céréaliers français

Moisson
Malgré un rebond de la production sur un an, les producteurs de blé déplorent une troisième année de revenus négatifs. (©Stéphane Leitenberger/Adobe Stock)

« Cette récolte représente la troisième consécutive où les producteurs de blé enregistrent un revenu négatif. Le revenu courant avant impôts (RCAI) est, en effet, estimé à - 18 100 € par actif non salarié pour les exploitations spécialisées dans la production de céréales et d’oléoprotéagineux (la moyenne étant à 12 500 €/an sur la période 2015/25) », note Eric Thirouin, président de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB) à l’occasion de la conférence de rentrée.

Des cours en baisse depuis trois ans

Si la récolte de blé tendre 2025 enregistre un rebond de production important par rapport à la moisson catastrophique de 2024 (+ 29,8 %, source Agreste, septembre 2025), « la hausse du rendement moyen (74,2 q/ha) reste relative comparée à la moyenne quinquennale : + 6,9 % ».

Et cela ne suffit pas à compenser la baisse des cours du blé tendre depuis trois ans. Aujourd’hui, « le prix payé aux producteurs atteint à peine les 160 €/t. Les agriculteurs subissent un effet ciseaux qui perdure et tend à s’amplifier, l’écart actuel entre les coûts de production (- aides) et le prix payé au producteur de blé tendre est de l’ordre de 70 €/t. »

Le président de l’AGPB estime « un manque à gagner d’environ 50 000 € encore cette année, pour une ferme céréalière moyenne ». Déplorant « une filière au fond du trou » , le syndicat soutient l’appel à manifestation de la FNSEA du 26 septembre prochain, pour « réveiller l’opinion publique et les politiques ».

Réserve de crise, prix d’intervention et stockage stratégique

Dans ce contexte, l’AGPB a demandé l’activation de la réserve de crise européenne . « Cette dernière n’a pas pu l’être l’an dernier, car il s’agissait d’un problème de production et non de marché. Mais on espère que la France va insister auprès de l’Union européenne pour cette récolte 2025 ».

Le syndicat soutient aussi « la revalorisation du prix d’intervention, qui n’a pas évolué depuis 2001 (101 €/t). Il devrait être à 170 €/t aujourd’hui, compte-tenu de l’inflation. Cela fait partie des armes dont on a besoin pour protéger les producteurs et la souveraineté nationale », estime Eric Thirouin.

L’AGPB fait également partie d’un groupe de réflexion sur le stockage stratégique : « il existe pour les carburants, les masques aussi désormais, mais pas pour l’alimentation. Cela nous semble pourtant stratégique ! Ça implique évidemment une réflexion sur tout l’aspect logistique, mais nous sommes convaincus qu’il convient de réinventer la manière de gérer les céréales pour les 30 prochaines années. »

Eric Thirouin et Philippe Heusèle respectivement président et secrétaire général de l'Association générale des producteurs de blé tendre
Eric Thirouin et Philippe Heusèle, respectivement président et secrétaire général de l'Association générale des producteurs de blé tendre. (© Terre-net Média)

Concernant les aides Pac, « la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé un budget en hausse, mais on estime plutôt une baisse prévue de 20 %. Depuis 20 ans, les aides Pac ont été divisées par 2. Nous demandons, à l'inverse, un réel soutien de l’Union européenne pour son agriculture, avec une augmentation du budget de 50 %. C’est un sujet pour lequel nous allons battre toute cette année ».

Des mesures immédiates pour soutenir les producteurs

Outre ces projets, le syndicat a également relayé des demandes sur des mesures immédiates pour soutenir les céréaliers dans ce contexte de crise, avec notamment « un soutien spécifique pour les zones intermédiaires au travers des MAEC, une prise en charge des cotisations sociales MSA, une reconduction des PGE1 contractés l’an dernier et une demande d’activation possible de l’épargne de précaution en cas d’aléas économiques ».

« La hausse de l’aide couplée pour le blé dur a été obtenue cet été pour les zones de production traditionnelles, mais pas pour les autres, et c’est une déception sur ce point. »

L’AGPB a salué la proposition européenne de supprimer les droits de douane sur les importations d’engrais américains, qui y voit « un levier pour éviter une nouvelle flambée des prix du poste de charges le plus important des exploitations céréalières ».

Le syndicat a, cependant, partagé son inquiétude quant au mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), dont l’application est prévue à partir du 1er janvier 2026. « On ne dispose à ce jour d’aucune information (méthodes de calcul, abaques…) sur ce dispositif qui vise à taxer les importations émettrices de gaz à effet de serre, dont les engrais, regrette Eric Thirouin. Nous demandons de repousser la mise en place de cette taxation en attendant de connaître les règles et les possibles conséquences sur la filière ». 

1. PGE : Prêt garanti par l'Etat.

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