Si la gestion de l’eau est et restera très territorialisée, une vision nationale concertée s’avère désormais indispensable, estiment les différentes organisations agricoles qui ont participé aux Rencontres de l’eau, le 11 décembre. Car avec le changement climatique, l’accès à cette ressource conditionne de plus en plus la capacité de production des agriculteurs.
Une nécessité pour produire
L’eau devient par exemple également cruciale pour l’élevage, à la fois pour les fourrages, mais également pour l’abreuvement des animaux et dans certains endroits les projets sont refusés car la ressource en eau du territoire est sous tension, explique Sébastien Windsor, président des Chambres d’agriculture.
Pour Jeunes agriculteurs, l’accès à l’eau reste « la meilleure assurance récolte qu’on ait », rappelle Pierrick Horel, président du syndicat. Pour ce dernier, avoir une garantie d’accès à la ressource permet aussi de donner de la visibilité aux jeunes qui s’installent, alors que le renouvellement des générations en agriculture va devoir s’accélérer.
La nécessité d’irriguer concerne désormais l’ensemble des filières et du territoire français, explique le président d’Irrigants de France, Éric Frétillère. Il s’agit pour lui de répondre à deux problématiques majeures : l’adaptation au changement climatique et la préservation de la souveraineté alimentaire. « On veut inverser la tendance que l’on a à importer de plus en plus », explique-t-il.
L’enjeu est également qualitatif et industriel, souligne Dominique Chargé, président de la Coopération agricole, qui rappelle que l’eau joue un rôle dans la qualité des protéines en céréales, dans le calibre des fruits et légumes, dans la maturité de certaines productions. Et la transformation a besoin d’un accès à l’eau sécurisé pour fonctionner, pour l'hygiène, ou pour le lavage des produits par exemple. Sans compter que l’augmentation de la redevance prévue par la loi de finances 2024 a renforcé la pression économique sur les industriels, entraînant une augmentation de 115 % en moyenne, détaille-t-il.
Reprendre place dans la gouvernance
« Le monde agricole a rarement la représentation à la hauteur des enjeux qui le concernent » dans la gouvernance de l’eau, déplore Sébastien Windsor. Les propositions des organisations doivent permettre de « mieux assurer notre présence », ajoute-t-il, et de « retrouver une place où l’on sera un peu mieux écoutés ».
Ces propositions s’appuieront également sur la science, puisque l’Acta fait partie des discussions. « On est conscients que sur la qualité de la ressource, l’agriculture doit encore progresser », précise le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, mais cela ne pourra se faire « qu’à condition que l’on continue à produire sur tout le territoire, et qu’il n’y ait pas de zone de non production, ce qui est une ligne rouge écarlate pour nous », prévient-il.
Les propositions concertées seront annoncées d’ici fin mars 2026, ajoute-t-il, avec l’objectif d’y sensibiliser ensuite les candidats à l’élection présidentielle.