Pour le troisième vignoble français, ce fut une divine surprise: le pessimisme règnait à la fin d'un été à la météo capricieuse, mais un temps sec en septembre et pendant la première quinzaine d'octobre, avec un bon vent d'est, ont changé la donne. Seul problème: les quantités seront très réduites. "Il ne faudrait pas deux années consécutives avec une production aussi basse", commente Claire Duchêne, directrice marketing d'Interloire, l'organisme fédérateur du vignoble, qui évoque une récolte inférieure de 20 à 30% sur 2001. Le pays nantais (blancs de muscadet, gros plant...) qui représente presque le tiers de la production totale des vins de Loire, est le seul à bénéficier de volumes importants, qui lui avaient fait défaut l'an dernier. De l'aval vers l'amont, du muscadet au sancerre en passant par les vins d'Anjou et de Touraine les commentaires sont à l'unisson et mettent en avant des degrés élevés, un bon équilibre entre sucre et acidité, de belles couleurs. "Je m'attends à une bonne année", dit modestement Nicolas Joly, le viticulteur vedette d'Anjou, dont le blanc sec Savennières-Coulée de Serrant est généralement considéré comme un des meilleurs vins blancs de France. "Je suis en moyenne au dessus de 15 degrés, avec quelques pointes à 19", ajoute le chantre de la biodynamie, ravi de démontrer que le traitement naturel de la vigne donne des résultats d'autant plus spectaculaires que l'année est favorable. En Touraine où les blancs les plus prestigieux sont des moelleux (cépage chenin), certains sont satisfaits, comme Laurent Chatenay, viticulteur de Montlouis, sélectionné parmi les "révélations" du guide de référence Bettane et Desseauve 2003. "L'état sanitaire est bon et nous allons faire des vins de garde qui seront les meilleurs depuis 1997", estime ce nouveau venu dans la cour des grands, qui se console de n'obtenir que des rendements de l'ordre de 25 hectolitres par hectare contre 35 hl/ha l'an dernier. Dans le prestigieux domaine du Clos Naudin de Vouvray, où les vendanges sont les plus tardives, on s'inquiète toutefois des pluies de la deuxième quinzaine d'octobre qui pourraient, pour les blancs moelleux de la propriété, mettre en question cette année la réserve, ce nectar à base de "raisins de corinthe" aux rendements très faibles (15 hl/ha) que la propriété aime à fournir à ses clients gastronomes. Tout à l'est du vignoble, à Sancerre, le moral est au beau fixe. "Grande année", se réjouit Alphonse Mellot, viticulteur bio (dont 8 ha en biodynamie)" réputé autant pour ses blancs (cépage sauvignon) que pour ses rouges (pinot noir). Les producteurs des grands vins rouges de Loire, à Chinon et à Bourgueil en Touraine, ne sont pas en reste d'enthousiasme. "On frôle les 13 degrés, on a beaucoup de corps, d'élégance, de finesse, à nous de l'amener jusqu'au bout", s'enflamme Jacques Couly-Dutheil, gros producteur du Chinonais. "C'est l'année de la Loire" proclame Yannick Amirault, un des grands de Bourgueil. Pour les rosés, surtout produits en Anjou, Interloire évoque une "année assez exceptionnelle", complétant ainsi un tableau plutôt flatteur, que les professionnels de la dégustation confirmeront ou infirmeront dans les prochains mois. |