Les "crus bourgeois" du Médoc attendent avec impatience leur classement

Plus de quarante ans après le classement des Graves, un siècle et demi après celui des crus classés, en 1855, "ce sera un événement", surtout dans l'actuel contexte de marasme économique, selon Jean-Louis Viaud, le directeur du Conseil des vins du Médoc, à l'origine du processus de classement.

Cependant, les ultimes procédures administratives supervisées par les ministères de l'Agriculture et du Budget n'étaient pas encore bouclées cette semaine et il reste encore une incertitude sur la date finale de publication.

L'enjeu de ce classement tant attendu est de taille alors que les vins de Bordeaux, comme tous les vins français, souffrent sévèrement de la concurrence mondiale : les propriétaires concernés espèrent que la mention "crus bourgeois" leur permettra de vendre plus et mieux, dès lors qu'elle représentera pour le consommateur une garantie certaine de qualité.

La sélection s'est opérée selon plusieurs critères : la nature du terroir et de l'encépagement, les soins apportés à la culture et à la vinification, la tenue de l'exploitation, les conditions de mise en bouteille, mais aussi la notoriété du cru. Sans oublier la qualité intrinsèque des vins, qui ont chacun fait l'objet d'une dégustation à l'aveugle sur six millésimes (1994-1999).

Seule certitude à ce jour, alors que rien n'a filtré sur le travail des 18 membres du jury, "le classement ne fera pas que des heureux" : tous les candidats n'obtiendront pas le droit de faire figurer sur leurs étiquettes la mention "crus bourgeois", peu pourront se revendiquer comme "crus bourgeois supérieurs", et seule une poignée sera reconnue comme "crus bourgeois exceptionnels", assure-t-on à la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de Bordeaux, en charge du processus, comme en 1855.

"Pour que ce soit un vrai label, il faut au maximum dix crus exceptionnels, une cinquantaine de grand bourgeois, et 250 bourgeois maximum", estime Philippe Theil, heureux propriétaire de "Château Poujeaux", un des vins star du Médoc.

Une fois le nouveau classement publié au Journal Officiel, la mention "crus bourgeois" sera réservée aux seuls châteaux du Médoc sélectionnés par le jury composé d'oenologues, d'universitaires, de négociants ou de courtiers.

Historiquement, les crus bourgeois remontent à la fin de la Guerre de Cent ans, qui vit les bourgeois de Bordeaux obtenir le droit d'acquérir des terres, avantage jusque-là réservé à la noblesse. Les vins de leurs domaines reçurent l'appellation de "crus bourgeois", par opposition aux "crus artisans" et "crus paysans". Depuis, malgré plusieurs tentatives de classification, l'utilisation du terme sur les étiquettes n'obéissait à aucune règle rigoureuse.

Pour le syndicat viticole des crus bourgeois, le but du classement est de "se protéger des faussaires alors que leurs assauts sont multiples". Dernier exemple : une société anglaise vient de déposer à Alicante (Espagne) la marque "Medok"...

Les crus bourgeois représentent actuellement la moitié de la production du Médoc en volume, avec quelque 50 millions de bouteilles et un chiffre d'affaires annuel de 340 millions d'euros.


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