LdP. Pensez-vous que la filière pourra obtenir un retour suffisant pour assurer un bon niveau de recherche ?
J-M. T. C'est là tout le problème. L'ITV dépend énormément de cette taxe, et de ce retour filière. Le chiffre d'affaires de notre filière représente pas loin de 16 % de la production agricole. L'ITV doit être doté de moyens correspondants au poids que pèse la viticulture. Les céréaliers ont un chiffre d'affaires similaire mais leur institut a cinq fois plus de moyens. Il faut voir aussi dans quelles conditions sera appréhendé le chiffre d'affaires de la filière viticole. Par ailleurs, on n'est pas sûr d'avoir des représentants au sein du conseil d'administration de l'ADAR, qui choisit la destination des fonds. J'ai été pressenti pour en faire partie, mais on ne sait pas ce qu'il en sera. Or, si on n'est pas présent, le débat se déroulera sans nous, on ne pourra pas y faire part de nos préoccupations, on n'aura pas d'éléments de jugement ni une bonne compréhension du débat.
LdP. Quel est le budget de l'ITV et comment est-il alimenté ?
J-M. T. Le budget de l'ITV, 8, 4 millions d'euros en 2003, était financé à 75 % par l'ANDA. On a reçu en 2002 6 millions d'euros de l'ANDA. Avec l'ADAR, si le chiffre d'affaires de la filière est au niveau 2002, on devrait avoir 1 million et demi en plus. Mais l'ADAR se répartira entre les organisations syndicales générales (15 %) et les instituts comme l'ITV et chambres d'agriculture (85 %). Dans ce débat sur la recherche et le développement agricole, on n'a pas dégagé de stratégies, d'orientations. La réforme a surtout été d'ordre budgétaire.
LdP. Comment la recherche viticole et l'ITV pourraient-ils obtenir un meilleur financement ?
J-M. T. Il faut qu'on finance directement. L'ITV s'occupe de la production et aussi de la transformation. Or le négoce est absent du financement, comme les coopératives. Il faut plus d'équité. Les négociants n'y sont pas défavorables. Pour une prise en charge plus directe, on pourrait imaginer une taxe à l'hectare, modulée selon les territoires, ou une taxe à la bouteille.
LdP. Les missions de l'ITV sont multiples. Pensez-vous que l'institut pourrait encore développer ses activités ?
J-M. T. Il y a beaucoup de projets, qui ne sont pas développés. Nous souhaiterions qu'ils soient plus centralisés, avec des groupes de réflexion nationaux. Sur des problèmes de mortalité du bois, d'environnement, nous n'avons pas de réponses, pas de traitements. Les pistes de recherche peuvent être approfondies pour diminuer les intrants. La typicité, la gestion des productions peuvent être améliorées. Il est également nécessaire de développer des compétences pour une meilleure approche des coûts de production. Dans la filière, nous n'avons pas de stratégie de développement discutée, réfléchie. On parle des aspects réglementaires, de l'organisation du marché, mais pas de stratégie. La filière viticole doit plus se mobiliser pour la recherche, car demain elle sera nécessaire. L'ITV se veut un lieu de réflexion pour dégager des priorités pour la recherche au niveau national.
LdP. Vous souhaitez que l'ITV ait en fait un rôle plus important de coordination en matière de recherche ?
J-M. T. Oui, on ne mobilise pas assez le CNRS, l'INRA, le CEMAGREF. Si l'ITV était renforcé, il serait un interlocuteur plus présent face à ces organismes. Pour cela il faut plus de moyens. Les universités des régions viticoles doivent être aussi mieux intégrées. Si nous n'avons pas de moyens pour le faire, qui d'autre que l'ITV pourrait s'en charger ? Mais si on n'a pas de moyens, ce sera de la déperdition collective.
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