Bien implanté aux USA, l'alsacien Kuhn reste serein

"Seuls deux agriculteurs, l'un américain, l'autre britannique, nous ont fait savoir par Internet combien ils regrettaient d'avoir acheté du matériel français. Et puis, c'est tout. Tous les autres clients font la part des choses": Roland Rieger, directeur de l'exportation de Kuhn, reste serein.

Déjà lors du Salon international de la machine agricole, fin février à Paris Kuhn, l'un des leaders mondiaux du machinisme agricole s'était forgé une conviction.

"Je suis davantage préoccupé par la baisse du dollar face à l'euro", souligne M. Rieger. "Restons prudents et n'excluons pas d'autres cas isolés. Mais les contacts quotidiens avec notre filiale américaine ne laissent pas présager un phénomène plus collectif", rassure-t-il. encore.

Le dirigeant de Kuhn se fonde aussi sur une expérience personnelle de vingt ans, durant lesquels il "n'a pas souvenir" que les quelques querelles entre les deux gouvernements aient affecté la marche des affaires.

"Pendant la guerre du Golfe, les affaires étaient bloquées un peu partout dans le monde. Nous ne sommes pas dans cette situation aujourd'hui", juge Roland Rieger.

Le fabricant de matériel agricole reconnaît être moins exposé que les produits de consommation courante, car il n'est pas confronté à des associations de consommateurs et son réseau de vente passe par deux filtres: les distributeurs et un ensemble de 600 concessionnaires qui quadrillent le territoire américain.

Le groupe de 2.250 salariés basé à Saverne (Bas-Rhin) a réalisé un chiffre d'affaires de 52,5 millions d'euros aux Etats-Unis l'an dernier, soit 15% de son activité totale. Ce montant va doubler grâce au rachat du constructeur agricole Knight, bouclé l'automne dernier.

Kuhn, filiale du suisse Bucher Industrie, vend du matériel agricole outre-Atlantique depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Pour Jean-Christophe Haas, responsable de la communication, il n'y a pas de doute: le développement du groupe aux Etats-Unis ne peut pas être remis en cause par "des circonstances que nous percevons comme momentanées".