"Nous devons être très vigilants" face aux accords bilatéraux, estime Supachai Panitchpakdi

"Nous devons être très vigilants face à la montée en puissance des accords bilatéraux. Les plus faibles ont tout à perdre de rapports de force entre deux pays plutôt que de règles internationales", a-t-il souligné.
Supachai Panitchpakdi a relativisé l'échec du sommet ministériel de Cancun (Mexique) de septembre après celui de Seattle en 1999, et souligné que beaucoup de pays souhaitaient revenir à la table des négociations. "Le commerce international, c'est une histoire de cycles. Depuis vingt ans, il y a eu dix cycles de négociation lancés, dont cinq échecs. N'oubliez pas qu'on a eu un bon accord sur l'accès aux médicaments quinze jours avant Cancun", a-t-il souligné.
Selon lui, les pays riches ont peut-être sous-estimé à Cancun "la détermination des pays en développement à ne pas s'engager sur les sujets dits de Singapour (investissements, concurrence, marchés publics et formalités douanières) avant de régler la question de l'agriculture". "Les plus démunis ont le sentiment réel d'avoir beaucoup concédé et de ne pas avoir reçu grand-chose en échange. Et les traitements spéciaux et différenciés dont ils bénéficient désormais ne suffisent pas", a-t-il souligné.
Supachai Panitchpakdi s'est néanmoins élevé contre les allégations de mort de l'OMC suite à l'échec de Cancun : "On parle d'effondrement, de fiasco. C'est trop sévère, même si, c'est vrai, on a échoué, alors qu'on aurait dû progresser", juge-t-il. "On sait désormais qu'on a peu de temps pour réformer l'organisation, qu'il faut aller vite. On sait qu'il y a les acteurs-clé qui fixent l'ordre du jour, mais aussi d'autres comme le G22 (groupe de pays en développement qui avaient fait échouer Cancun, ndlr) ou le G90" (pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique).