L'activiste moustachu, spectaculairement héliporté de sa bergerie de Potensac, sur le plateau du Larzac, vers la prison de Villeneuve-les-Maguelonne (Hérault), cultive un réel mimétisme avec Astérix, l'irréductible héros gaulois aux même attributs pileux, dont il serait le pendant moderne, version terroir, résistant à la mondialisation libérale. José Bové, né Joseph en 1953 à Bordeaux, s'engage sur les sentiers de la contestation dès 1972. Objecteur de conscience, il refuse de faire son service militaire. Deux ans plus tard, il s'installe dans le Larzac pour lutter contre l'extension du camp militaire. Se déclarant "anarcho-syndicaliste", José Bové fonde en 1987 la Confédération paysanne et s'engage contre le "productivisme agricole à outrance" et la "logique libérale" du processus de mondialisation. Le coup d'éclat qui le pousse sur le devant de la scène médiatique date du 12 août 1999: il organise à Millau (Aveyron) le "démontage" du chantier d'un restaurant McDonald's, symbole de la "bouffe industrielle", ou encore "malbouffe", pour protester contre les sanctions douanières imposées par les Etats-Unis contre des produits européens. José Bové devient alors le porte-étendard et très médiatique VRP d'une certaine opposition à la mondialisation sauvage. Il écume les sommets d'institutions internationales, comme l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle en 1999, ou le G8 à Gênes en 2001. Il va également soutenir les zapatistes du Chiapas (Mexique), les paysans palestiniens et participe aux forums sociaux de Porto Alegre (Brésil). Courtisé par une frange du parti des Verts lors des élections présidentielles de 2002, il balaie toute ambition politique en déclarant: "Mon combat n'est pas là. Il est syndical". Il écrit également plusieurs ouvrages comme "Le monde n'est pas une marchandise". Mais son combat ne se déroule pas sans heurts, et son parcours judiciaire est émaillé de plusieurs condamnations. Depuis 1998, il les égrène pour divers motifs: "destruction en réunion" après l'affaire du McDonald's, "violence en réunion" pour avoir brièvement séquestré trois fonctionnaires à la préfecture de Rodez en 1999 lors d'une manifestation. Mais ce sont surtout les destructions de plants transgéniques, contre lesquels il mène une lutte farouche, qui lui valent le plus de condamnations. Ses péripéties judiciaires l'amènent plusieurs fois derrière les barreaux, notamment durant l'été 2002. A cette occasion, il organise un barnum médiatique, se rendant de son repaire du Larzac jusqu'à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault), à une centaine de kilomètres de là, en tête d'une procession pétaradante de tracteurs et de sympathisants. Mais ses quarante-quatre jours de détention ont changé José Bové. L'irréductible éleveur de brebis confie avoir été marqué par les conditions de sa captivité et échaudé par une certaine baisse de sa popularité et quelques égratignures médiatiques. Et lorsque se profile la menace d'un retour en prison, il abandonne l'outrance pour jouer la discrétion. Même s'il a refusé de la demander lui-même, il a espéré jusqu'au dernier moment que la demande de grâce présidentielle déposée par ses amis et soutiens lui éviterait un retour en prison. "Il n'y a jamais eu chez moi de vocation de martyr", déclarait-il à la presse en 2002. A défaut de grâce, José Bové est assuré depuis jeudi d'une remise de peine de quatre mois, deux mois au titre du décret de grâces collectives du 14 juillet auquel le Président de la République a ajouté deux mois à titre individuel. |