Le jugement a été mis en délibéré au 14 mars. "C'est un réquisitoire modéré, prenant en compte le respect des idéaux des prévenus", ayant valeur "d'avertissement, car ces gens n'ont pas d'antécédents judiciaires", a expliqué Jean-Olivier Viout. "Ne faisons pas des dix de Valence des victimes", a-t-il lancé. "Non, les 10 de Valence ne doivent pas rejoindre dans notre martyrologe national les six bourgeois de Calais ou les quatre sergents de La Rochelle", a ajouté l'avocat général. Les militants anti-OGM, cinq membres de la Confédération paysanne et trois membres de l'association anti-mondialisation Attac, avaient été lourdement condamnés en première instance en correctionnelle à Valence, en février 2002. Quatre avaient écopé de peines allant de 3 à 6 mois de prison ferme. Bernard Moser, 50 ans, secrétaire général de la Confédération paysanne, s'était vu infliger la sanction la plus lourde, six mois de prison ferme et 3.000 euros d'amende. Les six autres prévenus avaient été condamnés à des peines de trois à six mois avec sursis, avec des amendes de 1.500 à 2.000 euros. Selon le parquet, le jugement sera mis en délibéré à une date annoncée, après la fin des plaidoiries, à l'issue des débats. Les "10 de Valence" ont été accompagnés au tribunal par 1.500 sympathisants qui ont traversé la ville silencieusement mais qui se sont vus interdire l'accès au tribunal, transformé en place forte par d'importants cordons de police. Les débats ont très vite opposé deux visions de l'agriculture, l'une partisane du productivisme, pour faire face à une compétition internationale, l'autre favorable à une agriculture douce. "On n'a pas le droit d'imposer une technique qui n'est pas maîtrisée et qui est introduite en douce et en force par les multinationales", a déclaré un des prévenus, Christain Brousse. Jean Beaufort, directeur d'école condamné à 3 mois de prison ferme et qui risque de perdre son emploi, a estimé: "J'ai l'impression d'être considéré comme un bandit alors que le développement des OGM ne correspond pas aux demandes des consommateurs". Bernard Moser a cité les derniers scandales de l'agriculture productiviste: la viande aux hormones, la vache folle, l'utilisation des antibiotiques et déclaré "Ce sont les mêmes qui nous traduisent en justice et qui continuent à nous empoisonner". A l'opposé, les dirigeants de la société Biogemma, un laboratoire de biotechnologie végétale, filiale de Limagrain, qui souhaitait tester son maïs transgénique en plein champ dans la Drôme, a plaidé pour les OGM qui "permettent de limiter l'usage des pesticides et d'économiser l'eau". Le président de Biogemma, Pierre Pagesse, a placé le débat au niveau mondial: "Il ne faut pas que nos agriculteurs soient dépendants d'une technologie venue d'ailleurs". Se félicitant que les rendements en céréales en France soient passés de 28 quintaux par hectare en 1972 à 58 q/h actuellement, il a cité De Gaulle qui disait "il n'y a pas de grand pays sans indépendance alimentaire". Malgré la neige et un froid très vif, les anti-OGM ont réuni environ 5.000 personnes selon la police, dans le centre de Grenoble pour débattre de l'environnement et assister à des concerts. |