Multiplication des appels au boycott des vins français

Tripler les taxes sur les vins français ! C'est la proposition de loi que viennent de présenter les représentants républicains à l'assemblée du Texas. Dans cet Etat, ancien fief du président américain et actuellement gouverné par son frère, la coalition conservatrice a proposé une augmentation de la taxe sur les vins qui ne concernerait que les vins français vendus dans les restaurants texans. Une taxe qui grimperait de 14 % à 42 %.

"Par cette loi, nous voulons montrer que les Texans soutiennent leur président et envoyer un message de désapprobation à destination des Français et de la France", a expliqué le républicain Robby Cook. Une initiative qui a toutefois peu de chance d'aboutir explique le consulat de France à Houston, la capitale économique du Texas. Jean-Pierre Cerveau, un responsable économique de la représentation française, rappelle que cette loi serait manifestement illégale et que "cette initiative ne reflète pas le sentiment de la plupart des Texans vis à vis de la France".

Une initiative qui "incitera les texans a goûté nos vins" espère cependant certains producteurs de l'Etat.

Depuis le début du refroidissement des relations entre la France et les Etats-Unis et leur opposition sur le traitement de la question irakienne, les propositions de rétorsions économiques à l'égard des vins français se sont multipliées. Certaines ont été impulsées au plus haut degré de l'Etat. Le président républicain de la chambre des représentants, Dennis Hastert, avait ainsi proposé d'apposer des étiquettes oranges sur les vins clarifiés avec du sang de bœuf. Une mesure qui visait notamment les vins français, même si cette méthode n'a plus court depuis la crise de la vache folle et qu'elle a été interdite par l'Union européenne en 1997.

Depuis différents hommes politiques, principalement conservateurs, ont appelé à boycotter les produits et les vins français. Et plusieurs sites internet relaient dorénavant le nom des marques françaises que l'on peut trouver aux Etats-Unis… et boycotter. Plusieurs marques de champagne et de cognac y figurent notamment.

Si préventivement, l'ambassade de France de Washington a mis en place une cellule chargée de mesurer l'impact de ces appels au boycott, sur le terrain, on ne semble pas encore trop s'inquiéter. "Pendant qu'un petit nombre boycotte, de nouveaux consommateurs en profitent pour acheter des caisses de Bordeaux 2000" ironise même le président d'une chaîne de magasins de vin à Chicago. Un distributeur de vins italiens et français a toutefois constaté des reports d'achat sur les vins français. "Il pourrait y avoir une baisse de 5 %, estime-t-il, mais sur le long terme, je ne suis pas très inquiet". Le président du syndicat des négociants en vin de Bourgogne Louis-Fabrice Latour précise que "certains distributeurs réduisent légèrement leurs achats pour marquer le coup et ne souhaitent pas pour le moment ajouter de nouvelles références."

Et pour ceux qui voudraient intervenir sur le marché américain, Jean-François Berger, le responsable du secteur vins et spiritueux au Centre français du commerce extérieur (CFCE) conseille d'attendre et de "surseoir à toute communication qui pourrait être mal perçue compte tenu de la situation".