"Ce que nous craignons, et qui a déjà un effet direct, c'est un boycott non des consommateurs mais des distributeurs, dans un contexte de concurrence extrêmement vive", a déclaré Louis-Régis Affre, délégué général de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France, à l'occasion de l'Assemblée générale de l'Union des maisons de Bordeaux, l'un des deux syndicats de négociants dans le Bordelais.
Nicolas Gailly, directeur général de "Barton et Guestier", a affirmé que ses ventes avaient diminé, sans pour autant donner de précisions. Numéro 1 des vins français aux Etats-Unis, selon lui, avec quelque 8 millions de bouteilles de vins français vendues dans ce pays, M. Gailly a indiqué que les distributeurs américains avaient notamment "levé le pied sur la promotion" des produits français.
Aux Etas-Unis, "ce n'est pas politiquement correct de mettre en valeur les produits français en général, les vins en particulier", a estimé M. Gailly, qui n'entend pas "céder au pessimisme". La société "Barton et Guestier" réalise un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros, dont 95% à l'export.
Ce constat de "situation délicate" est partagé par la société de négoce Baron Philippe de Rothschild ou par la société Ginestet. "Nos informations font état d'une baisse très claire de la mise en place des vins français en rayons", a assuré Christian Delpeuch, directeur général de Ginestet, qui réalise environ 10 millions d'euros de chiffre d'affaires avec les USA (10% du c.a. total).
Quant à "la restauration, elle boude aussi les vins français", a souligné M. Delpeuch, par ailleurs président de la Fédération des syndicats de négociants, qui s'exprimait en marge de l'Assemblée générale du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB).
Pour M. Delpeuch, ce boycott intervient alors que "tous les indicateurs économiques sont dans le rouge": chute du dollar et du yen par rapport à l'euro, effondrement de la Bourse, guerre en Irak et, dorénavant, pneumonie atypique avec ses incidences commerciales dans la zone asiatique. |
